Éléphants: La délicate mission de Marc Wilmots

Marc Wilmots, entraîneur des Eléphants de Côte d'Ivoire.
Marc Wilmots, entraîneur des Eléphants de Côte d'Ivoire.
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Éléphants: La délicate mission de Marc Wilmots

Éléphants: La délicate mission de Marc Wilmots

Le nouvel entraîneur des Éléphants n'a pas droit à l'erreur. Il n'aura pas en effet d'excuses, s'il n'arrive pas à satisfaire les objectifs à lui assignés lors de sa prise de fonction. L'histoire récente des limogeages et démissions de ses prédécesseurs achève de convaincre que rien ne sera pardonné à Marc Wilmots.

François Zahui, malgré ses cinq victoires à la Can 2012, s'est vu déposé seulement quelques semaines après la finale perdue en phase finale de l'épreuve, au Gabon.

Le Franco-tunisien Sabri Lamouchi, lui non plus, n'a pu tenir la pression autour des Éléphants. Après avoir qualifié la Côte d'Ivoire pour le Mondial 2014, au Brésil. Il a vite fait de se raviser juste après la défaite des Éléphants face à la Grèce. Viendra ensuite, Hervé Renard.

L'ancien entraîneur de la Zambie remporte, certes, avec les Éléphants le trophée continental en 2015. Mais, « l'homme à la chemise blanche » ne veut pas continuer l'aventure avec ses champions d'Afrique. Hervé Renard décide d'aller voir ailleurs. Pourtant, il avait reçu des offres intéressantes.

Michel Dussuyer, lui, hérite d'une équipe qui doit défendre son titre de champion d'Afrique. L’ancien sélectionneur de la Guinée aligne les victoires. Il réussit même à réaliser un match nul (0-0) face à la France. On croit que plus rien ne peut résister à la sélection ivoirienne. Mais, la bourrasque Éléphants fait sauter la tête à un entraîneur qui n'avait jusque-là pas concédé de défaite.

À la Can 2017, le palmarès de Michel Dussuyer est entaché par sa seule et unique contre-performance (face au Maroc). La conséquence est lourde. Il devra quitter la direction de la sélection nationale.Ces piqûres de rappel permettent de comprendre que la prise de fonction à la tête de la sélection ivoirienne peut être d'autant plus fragile qu'un décevant résultat peut coûter la place à n'importe quel technicien de renom.


Une équipe à pression

Ce dimanche, Marc Wilmots fera son baptême dans un environnement de pression, de stress. Ancien entraîneur de la Belgique, Marc Wilmots reste un fin connaisseur des équipes à forte pression. Comme celle de la Côte d'Ivoire où le seul baromètre, reste les victoires. Une sélection nationale qui n'a de vraie existence que lorsqu'elle gagne ses matchs. Il ne sera pas question pour le nouveau sélectionneur d'avoir unautre objectif que de gagner tous ses matchs.

À la vérité, ce sera une entreprise difficile à réaliser. Marc Wilmots hérite d'une formation qui n'a plus dans ses rangs, les grosses stars du football ivoirien, voire mondial. Il n'y a plus cette génération de joueurs d'exception (Didier Drogba, Yaya Touré, Zokora Didier, Copa Barry, Kolo Touré...). Des footballeurs qui ont laissé un lourd héritage. Puisqu'en dix années, ils auront glané 3 finales de Can (dont une victoire), 3 participations à la phase finale de Coupe du monde, 6 Ballons d'or africain (2 pour Drogba et 4 pour Yaya Touré) ... Autant de lauriers que la nouvelle équipe des Éléphants devra chercher à cueillir. C'est à ce niveau que se retrouve la délicatesse du boulot de Marc Wilmots.

L'équipe ivoirienne termine une fin d'un cycle qui a duré un peu plus de dix ans. « La fameuse génération des Académiciens associés à Drogba Didier, Cyril Domoraud, Akalé Kangah... et d'autres joueurs ont laissé une belle image de la sélection nationale. Celle qui gagnait ses matchs. Même les plus difficiles. Ce sont de nouvelles têtes qui sont désormais appelées. Il faudra du temps pour que la mayonnaise prenne », affirme, non sans un brin de doute, Roger Boli, ancien international français.

Du temps ! Ce qui devrait en principe, permettre la (re)construction d'un nouveau groupe. Marc Wilmots s'est, en effet, engagé avec le soutien de la fédération ivoirienne de football (Fif) à recruter des binationaux (Joris Gnagnon, Jean-Philippe Gbamin, Jérémie Boga, Maxwell Cornet...). Ce qui signifie implicitement que Marc Wilmots s'inscrit dans la durée. Puisque récompenser une équipe à forte coloration de nouvelles têtes, est un travail qui demande de la patience.

Mais, ce n'est visiblement pas ce que voudra attendre l'exigeant public sportif ivoirien. Voire même la fédération ivoirienne dont la bonne santé se mesure par les victoires de la sélection nationale. « Ce sera un passage obligé. Il faudra du temps, être patient. Si nous ne balisons pas tous ces objectifs, il y aura une pression inutile sur les joueurs et toute l'équipe. Il a été démontré que dès qu'il y a une défaite, on casse tout ce qui a été construit. Et on fait des changements », remarque l'ancien international Didier Otokoré, un des vainqueurs de la Can 1992.

Un sentiment qui est partagé par le héros de la Can 2015. « Une équipe, je dirais un bon groupe a besoin de temps, de travail. L'exemple le plus édifiant est notre génération des Académiciens », reconnaît Copa Barry.

ADAM KHALIL