SARA 2017: 24 milliards de dollars de la BAD pour de vraies économies agricoles

Le président de la Bad,  le Dr Akinwumi Adesina et les ministres africains de l’Agriculture lors du panel au Sara 2017.
Le président de la Bad, le Dr Akinwumi Adesina et les ministres africains de l’Agriculture lors du panel au Sara 2017.
Le pru00e9sident de la Bad, le Dr Akinwumi Adesina et les ministres africains de lu2019Agriculture lors du panel au Sara 2017.

SARA 2017: 24 milliards de dollars de la BAD pour de vraies économies agricoles

Le Dr Akinwumi Adesina, président de la Banque africaine de développement (Bad), conférencier principal du Salon international de l’agriculture et des ressources animales (Sara 2017), a défini dans l’après-midi du vendredi 17 novembre - peu après la cérémonie officielle d’ouverture du salon - les grandes lignes des politiques et dessiné les contours des mécanismes indispensables.

De sorte que les structures des économies agricoles africaines pensées et conçues de façon systémique produisent de la richesse, en s’adaptant mieux aux contrecoups du changement climatique. Avec lui, la Bad dont il préside aux destinées depuis le 1er septembre 2015, a mis l’agriculture au cœur de ses priorités.

Elle fonde, en effet, beaucoup d’espoirs sur ce secteur. Car riche de son expérience de ministre de l’Agriculture, qui a contribué à positionner l’économie nigériane comme une des plus performantes dans le monde et la première en Afrique, le Dr Akinwumi Adesina a fait changer la perception de la Bad vis-à-vis de l’agriculture. Qui, prenant le pari de transformer les zones rurales et pauvres en zones prospères et viables, veut que tous les Africains rêvent de ce que l’agriculture peut être un business, une affaire et une entreprise rentable.

Mécaniser pour faire recettes

Le Dr Adesina a annoncé que son institution va investir sur une période de 10 ans, 24 milliards de dollars (soit 13 200 milliards de FCfa) dans l’agriculture africaine, pour nourrir les Africains et avec ses potentialités mieux exploitées sur ses 65% des terres arables, nourrir d’ici 2050, 9 milliards de personnes dans le monde. Il vit mal les dépenses faramineuses engagées par les États africains pour lutter contre l’insécurité alimentaire, soit 35 milliards de dollars par an et ce montant  pourrait cumuler à 110 milliards de dollars par an en 2030.

Pourtant ce continent dispose de 600 millions ha de savane dont 400 millions de terres arables, qui cultivées seulement à hauteur de 10% permettent de sauver 40 millions d’Africains de la faim et de la malnutrition. Il faut alors démocratiser l’accès à la terre avec une forte percée des femmes, faire cohabiter les titres fonciers qui appauvrissent les populations avec l’agriculture commerciale, donner les mêmes chances aux grands et petits exploitants agricoles.

Mais avec cette exigence pour les gouvernants africains de faire le saut qualitatif de la modernisation en s’engageant dans la mécanisation de leur agriculture.

TIC pour attirer les jeunes

L’utilisation de la technologie et de  la biotechnologie ne doit pas rebuter les Africains, tant il est vrai que les avantages induits sont très substantiels avec notamment une grande productivité et un meilleur rendement à l’hectare. Sous d’autres cieux, en Europe, en Amérique du sud et en Asie du Sud-Est, les gains engrangés par les paysans et producteurs, suite à la transformation de leurs produits, sont considérables.

Ils  sont de 1900 dollars, 6000 dollars et 16000 dollars par personne. Ce qui pousse la Bad à encourager les jeunes à faire carrière dans les métiers de la terre et particulièrement dans l’agriculture. Qui depuis a changé de paradigme, grâce à la forte percée des instruments et moyens des nouvelles  technologies. D’autant qu’avec la robotique, l’agriculture digitale,  intelligente et artificielle a cours. Des robots travaillent la terre désormais quand les tracteurs font la récolte. Cette pratique valorisée est devenue une activité sexy et la fonction agricole une fonction glamour.

La Banque africaine de développement n’a pas résisté aux délices de cette nouvelle vision de l’agriculture et avec sa nouvelle perception, a accepté d’engloutir 800 millions de dollars en 2016 pour l’installation des jeunes. Et elle vise, à terme, à porter cet investissement à 15 000 milliards de dollars. Mais il faudrait que les termes des échanges changent car l’Afrique doit cesser d’être, après plus de 50 ans d’indépendance et d’aide au développement, la pourvoyeuse en matières premières de l’industrie des pays développés.

Du défi du contrôle des prix par la transformation

L’industrie du bois des pays du continent  qui exploitent  les forêts ‘’produit’’ déjà 10 millions de réfugiés climatiques. Alors comment faire pour que le Ghana et la Côte d’Ivoire, qui pèsent à eux deux 75% de l’offre mondiale des fèves de cacao, puissent fixer les prix et retirer des dividendes économiques importants des ventes du cacao transformé en chocolat ? D’autant qu’aujourd’hui, sur 100 milliards de dollars de recettes, seuls 2% vont à l’Afrique et 98% tombent dans la besace des industriels et transformateurs.

Avec les récentes chutes du prix du cacao, la Côte d’Ivoire et le Ghana en ont fait les frais  avec des pertes sèches de 1 milliard de dollars, chacun. Une situation qui a sérieusement affecté l’équilibre de leurs budgets. Le Dr Akinwumi Adesina a donc indiqué que la transformation des produits agricoles est la solution. Et la Côte d’Ivoire et le Ghana ont déjà le soutien de la BAD pour créer une industrie de transformation pour stabiliser les prix et contribuer au développement des PMI du secteur.

Les ministres du Sénégal, du Burkina Faso, du Liberia et de  l’Afrique du sud ont échangé leurs expériences sur les politiques agricoles nationales et les mécanismes de leur financement dans un  contexte de changement climatique.

Avec le Sénégal, on a découvert que ce phénomène n’était pas une fatalité. Le ministre de l’Agriculture et de l’Équipement rural, Pape Abdoulaye, soutient que plus que jamais, depuis l’indépendance du pays, l’agriculture enregistre aujourd’hui, sous le leadership du Président Macky Sall, des productions nationales records de riz et d’arachide. Le représentant de l’Agence française de développement (Afd)  a défini  les principaux axes des activités de son institution en Afrique au sud du Sahara. Celles-ci portent sur l’agriculture, les équilibres territoriaux et le climat.

FRANCK A. ZAGBAYOU