Masa 2018 : Les diasporas afro-américaines à chœur J’ouvert !

Masa 2018 : Les diasporas afro-américaines à chœur J’ouvert !

Masa 2018 : Les diasporas afro-américaines à chœur J’ouvert !

A quelques jours de l’ouverture du 10e Marché des arts du spectacle d’Abidjan, le 7 mars, la mobilisation est de mise pour les participants outre-Atlantique. Venant des Amériques (nord, centre, sud, Antilles et Caraïbes), près de 200 artistes, professionnels du spectacle, journalistes et autres tourneurs et chercheurs sont attendus du 7 au 17 mars à la 10e édition du Marché des arts du spectacle d’Abidjan (Masa).

Aux côtés de leurs « frères » du continent, les artistes afro-américains et afro-caribéens entendent donner un air de fraîcheur à la célébration des 25 années d’existence du Marché, notamment par la transposition du fameux carnaval J’ouvert qui fonde l’un des attraits artistiques, patrimoniaux et touristiques d’îles comme Trinidad & Tobago, la Barbade ou encore le mythique quartier de Brooklyn à New-York (Usa). Ainsi, les 12 et 13 février derniers, lors du carnaval éponyme, tel que relaté par moult sites d’informations spécialisés, le groupe Jouvay Fest a indiqué qu’il a à cœur de vibrer en chœur avec les Ivoiriens et tous les hôtes du Masa.

Cette première dans l’histoire du Masa, en 10 éditions, en sera une également pour les membres de Jouvay Fest, mais sur un plan très intime… Eux, les survivants de la traite négrière, fouleront pour la première fois la terre de leurs aïeux. Réalisant ainsi le rêve après lequel ont tant langui leurs pères et qu’exprime avec intensité le J’ouvert. Sera-t-il possible d’imaginer les émotions qui assailliront à ce moment-là ? Ce sera cela aussi le Masa 2018. Souvenir et avenir se conjuguant au présent.

Souvenir et avenir se conjuguent au présent

L’une des grosses attractions sera à n’en point douter, la célébration du J’ouvert, carnaval majeur de la diaspora noire vivant dans les Caraïbes et aux Etats-Unis, sur les bords de la lagune Ebrié. Signifiant aube, jour ouvert ou encore matin, le Jouvay ou J’ouvert a été créé il y a plus de 150 ans à Trinidad où, interdits d’accès au carnaval local organisé par les maîtres blancs, les esclaves noirs décidèrent de créer le leur. En utilisant leurs propres rituels et folklore venus d’Afrique.

Vêtus de costumes bariolés et le visage recouvert de masques caricaturaux pour moquer les maîtres, ils font la fête au son d’instruments de musiques fabriqués à partir de matériaux de récupération. Toute chose qui coïncide avec le mois finissant de février, consacré outre-Atlantique et désormais, de par le monde, « Mois de l’histoire des Noirs », pendant lequel les droits civiques comme l’identité culturelle recouvrés sont célébrés. Le « Mois de l’histoire des Noirs » est également connu sous le nom de Mois de l’histoire des afro-américains aux États-Unis. Il est célébré, notamment, chaque année aux États-Unis, au Canada, au Royaume-Uni et aux Pays-Bas (depuis 2016) où il est connu comme « Black Achievement Month ». Il a commencé comme un moyen de se souvenir des personnes et des événements importants dans l’histoire de la diaspora africaine.

C’est cette tradition représentant l’essence de leur culture africaine que les ressortissants de la diaspora caribéenne vivant aux Etats-Unis (Barbade, Trinidad, Sainte-Lucie, Jamaïque, Haïti, Martinique, Guadeloupe et Dominique) ont décidé de perpétuer. Ainsi depuis cinquante ans, la veille du Labour Day (La Fête du Travail aux Etats-Unis), le groupe Jouvay Fest organise en grande pompe le J’ouvert à New York. Plus d’un million de personnes se pressent chaque année dans les rues de Brooklyn pour prendre part à cette débauche de sons et de couleurs dont les articulations reprennent les thèmes chers à leurs ancêtres originaires du continent noir.

Composé de plusieurs sections, Jouvay Fest est un grand ensemble qui comprend les groupes Pagwah Mas, Something Positive et Steel Band. Dans une ambiance chaude et colorée, ils racontent l’histoire du J’ouvert dans des apparats somptueux et parfois effrayants. La partie musicale et acoustique est quant à elle assurée, comme aux origines, par des casseroles en acier, des percussions et des bidons en fer, sans oublier les indispensables tambours et fanfares. Aux fins d’amplifier l’événement et d’en faire une fête populaire, Jouvay Fest a signé un partenariat avec le célèbre carnaval ivoirien dénommé Popo carnaval de Bonoua (situé à 50 km à l’est d’Abidjan, qui en 2018 en sera à sa 38e édition).

Il était une fois… le conte, le zaouli et le djéguélé !

Dans la myriade de disciplines artistiques et entre spectacles, colloques et expos, le conte et l’exaltation du patrimoine seront au rendez-vous du Masa 10. De quoi en ajouter à l’émerveillement des diasporas africaines des Amériques qui en sont friands.

Pilotée par le célèbre artiste-conteur ivoirien Obin Manféï, la Soirée du Conte et du Patrimoine, le dimanche 11 mars de 21 heures à minuit, rassemblera sur une même scène, des conteurs renommés en provenance du Canada, du Burkina Faso, de l’Algérie, du Maroc, du Togo, de la France et du Tchad. Qui se joindront à leurs homologues ivoiriens pour une soirée de performances et de joutes aux relents de merveilleux et de fantastique.

Trois tableaux composeront cette scène, avec des intermèdes artistiques du patrimoine de la Côte d’Ivoire, pays hôte du Masa. Ce deuxième volet de la soirée braquera les projecteurs sur le patrimoine endogène avec le balafon ou djéguélé, inscrit au Patrimoine culturel immatériel de l’humanité (Unesco) en 2013 et le zaouli qui a reçu la même inscription patrimoniale universelle fin 2017. Plonger au cœur de l’oralité, du merveilleux, du fantastique et des traditions ancestrales. C’est à ce voyage plein de sens qu’avec les membres de sa commission, Obin Manféï, qui organise l’événement en sa qualité de conseiller artistique chargé du conte, vous invite.

REMI COULIBALY