Art visuel/Exposition: Ernest Dükü un "prophète" (enfin) reconnu en ses terres !

Art visuel/Exposition: Ernest Dükü un "prophète" (enfin) reconnu en ses terres !

Art visuel/Exposition: Ernest Dükü un "prophète" (enfin) reconnu en ses terres !

En prélude à l’exposition de l’artiste-plasticien ivoirien, Ernest Dükü, sa première en terre africaine et ivoirienne, du 8 mars au 12 mai, le Vice-Président de la république, SEM. Daniel Kablan Duncan a eu droit à une visite guidée, le mardi 6 mars, à LouiSimone Art Gallery d’Abidjan Cocody-Mermoz.

Aussi, saluant la riche contribution de la maîtresse des lieux, Mme Simone Guirandou, historienne de l’art, galeriste, membre éminente de l’Académie des sciences, des arts, des cultures d’Afrique et des diasporas africaines (Ascad), ainsi que de l’Association internationale des critiques d’art (Aica), au rayonnement des arts et de la culture ivoirienne de par le monde, à l’instar de l’organisation de la première de Dükü dont la renommée est mondiale, le Vice-Président aura des propos fort élogieux à son endroit. Paraphrasant, pour l’occasion, Félix Houphouët-Boigny, il argue que c’est la postérité qui saura rendre au centuple aux créateurs, mécènes et autres promoteurs de l’art. Bien plus, se référant aux grandes civilisations et nations qui ont jalonné l’histoire de l’humanité ou prospèrent actuellement, Daniel Kablan Duncan proclame : « La culture est la base du développement ». À juste titre, il mettra en amont la pertinence thématique de l’expo de Dükü qui résulte de la mise en lumière de « la combinaison de plusieurs cultures du monde, de l’aire akan à l’Asie en passant par l’Egypte antique… ».

Religions en dialogue face  aux extrémismes

En rappelant avec l’intitulé de l’exposition, « MasKArade@Ananze Explorer », qui derrière son éclectisme révèle, à en croire Kablan Duncan, la symbolique de l’espoir par la malice et l’intelligence de l’araignée (Kakou Ananzé) qui arrive à se soustraire des vicissitudes pour un mieux-être, c’est une invite au travail pour accéder au bonheur. Le tout sous le prisme de la religion qui incline à plus d’amour, de partage, d’ouverture. Et le Vice-Président, s’appuyant sur la force des religions trouvera dans le travail de Dükü, la matérialité de ce que les religions doivent être mises en dialogue. D’autant plus que des extrémismes religieux enflamment aujourd’hui le monde et semblent donner raison à André Malraux que citera le Vice-Président et qui prononçait au siècle dernier cette phrase devenue mythique : «Le 21e siècle sera religieux ou ne sera pas ».

Dans le même élan, Franck Ekra, critique d’art ivoirien, membre de l’Aica, soulignera ce dialogue culturel et religieux par la présence permanente des couleurs rouge, noir et blanc qui sont communes aussi bien à la mythologie égyptienne qu’à l’ancestralité akan, avec en point de mire, le jaune qui est tant le soleil déifié qu’astre. Avant de souligner : « S’il m’était donné de ne retenir que deux artistes contemporains ivoiriens qui comptent dans le monde, je citerai avec Ouattara Watt, Dükü. Si on m’en demandait trois, j’y ajouterai Jem’s Kokobi, ou encore Ananias Léki Dago, si c’est le Top 4 qu’on me demandait ».

Un « prophète »  (enfin) reconnu en ses terres ?

Ernest Dükü, pour en revenir à l’artiste, enseignant aux Beaux-Arts d’Abidjan (Insaac), est né en 1958. Il vit et travaille entre Abidjan et Paris. Il commence ses études à l’école des Beaux-Arts d’Abidjan (ex-Ina), quoique ce soit à Paris qu’il poursuit ses études supérieures en 1982. Il obtient plusieurs diplômes dans le domaine de l’art, de la création de mobilier et de l’architecture. « MasKArade @Ananze Explorer », le thème donné à cette première exposition individuelle de l’artiste  sur le continent africain, à Abidjan, sonne, à maints égards, comme la reconnaissance d’un prophète par les siens. Normal que le ministre de la Culture et de la Francophonie y ai dépêché une importante délégation conduite par son directeur de cabinet, Fausseni Dembélé.

Car, s’il n’est pas un inconnu des artistes dont il est un formateur de la nouvelle génération qui lui sert une déférence de tous les instants, des amateurs et autres férus d’art de Côte d’Ivoire, il demeure une énigme pour le grand public endogène. D’autant plus qu’il a gagné sa notoriété à l’étranger. C’est l’un des artistes ivoiriens les plus connus à l’international. Il a présenté près de 50 expositions, collectives comme individuelles à travers le monde, de Paris à New York, de Londres à Dakar, en passant par Casablanca, Lagos, Berlin...

Entre une installation, mi- sculpturale et mi- design, avec une évocation écologique, à des toiles de 250 X 100 cm dont « Spiritus Santchoun » et «Je m’appelle Kakou Ananzé », en passant par d’autres, plus ou minimalistes, mais toutes se vreliant par la noblesse des matières et l’éclectisme technique (collage, calligraphie, dessin), ce sont une centaine d’œuvres en 6 séries qui sont à découvrir chez LouiSimone Art Gallery. Le tout sous la direction artistique du commissaire de l’expo, Sitor Senghor.

REMI COULIBALY