Pablo Picasso (célèbre peintre espagnol): Son histoire avec les Senoufo de Fakaha

Pablo Picasso (célèbre peintre espagnol): Son histoire avec les Senoufo de Fakaha

L’histoire, dit-on, est un témoignage. Et c’est ce devoir de mémoire que le Conseil régional du Poro a bien voulu restituer à la faveur du Salon international d’Abidjan, qui s’est déroulé du 28 avril au 1er mai 2019. Présente sur le site du Salon avec un stand qui promeut la culture et les arts du peuple senoufo, l’équipe de Tiemoko Yadé, président du Conseil régional du Poro, a dévoilé, le 29 avril, une toile peinte par Picasso lors de son séjour à Fakaha, un village de la localité de Napié, dans le département de Korhogo, au Nord de la Côte d’Ivoire, ainsi que des instruments de peinture appartenant au célèbre peintre, l’un des plus importants du XXe siècle, tant par ses apports techniques et formels que par ses prises de position politiques.

Il a produit près de 50 000 œuvres : 1 885 tableaux, 1 228 sculptures, 2 880 céramiques, 7 089 dessins, 342 tapisseries, 150 carnets de croquis et 30 000 estampes (gravures, lithographies, etc.). Sekongo Alexis, promoteur de la culture senoufo, a raconté Picasso et son rapport avec le peuple senoufo de Côte d’Ivoire. Selon ses dires, Pablo Picasso a séjourné à Fakaha en 1968. C’est que l’histoire de Picasso avec le peuple senoufo remonte dans les années 1960. En effet, après l’indépendance de la Côte d’Ivoire, feu le président Félix Houphouët-Boigny a institué la célébration tournante des fêtes commémoratives de l’Indépendance. C’est à la faveur de la célébration, en 1965, de la fête de l’Indépendance à Korhogo que Picasso découvre l’art pictural du peuple senoufo.

Invité par le commandant (Préfet de région d’alors), il était présent lors de la grande parade. A son tour de passage avec sa communauté, Donisongui, le chef de village de Fakaha, arborait une superbe tenue traditionnelle dont le tissu était embelli par des motifs dessinés et coloriés avec de la peinture naturelle. « La peinture sur toile, très loin avant 1960, existait à Fakaha mais était peu connue. Ainsi, lors de sa parade, Picasso qui se trouvait dans la foule, a été séduit par la tenue traditionnelle du chef. Poussant sa curiosité plus loin, il a cherché à savoir l’origine du tissu qui portait des motifs dessinés dans un style qu’il ne connaissait pas. Voulant donc découvrir cette forme de peinture sur toile, Picasso est allé à la rencontre des senoufo en 1968 pour apprendre et partager aussi son expérience avec ce peuple », explique Sékongo Alexis. Qui ajoute qu’une fois sur place, les peintres sénoufo (artisans) lui ont montré les plantes qu’ils utilisaient pour fabriquer la peinture et lui ont appris leur style pictural. « Lui aussi à son tour leur a dit que pour garder la justesse de leur ligne et le tracé de leurs modèles, il leur conseillait d’utiliser une brosse, un tube cylindrique pour les cercles, un chiffon pour nettoyer quand la peinture déborde et une boîte en métal pour mieux conserver le liquide. Quand Picasso travaillait, il ne portait pour tout vêtement qu’une culotte et était pieds nus. Aujourd’hui, ce sont tous ses instruments de travail, la toile qu’il a peinte et un mot qu’il a laissé pour marquer son passage que nous vous dévoilons à travers cette diapo. Les originaux sont bien sauvegardés à Fakaha», relate Sekongo. Au-delà du matériel, une preuve vivante de son passage existe également, en la personne du vieux Soro Navaga qui fut désigné comme assistant de Picasso afin de pérenniser sa technique et les connaissances qu’il a transmises aux artisans de Fakaha.

Toute chose qui fait la fierté d’Adama Diawara, directeur général d’administration du Conseil régional du Poro. « Notre devise au Conseil, c’est tradition, travail et progrès. C’est dire toute l’importance que le conseil régional du Poro avec à sa tête le président Tiémoko Yadé accorde à la promotion de la culture senoufo. C’est d’ailleurs dans cette optique qu’il nous a instruits de faire en sorte que le Poro soit présent à tous les grands rendez-vous culturels et de développement. Bientôt, nous inviterons le monde à venir découvrir Fakaha », a-t-il indiqué. Faut-il le noter, Pablo Riz Picasso est né à Malaga (Espagne) le  25 octobre 1881 et est mort en France, à Mougins (Alpes-Maritimes) en 1973.

SERGES N’GUESSANT