Exposition d’enseignes ‘’Vené Zy Voir la Côte d’Ivoire’’: Kaïdin le Houelleur expose le génie créatif de la rue en Côte d’Ivoire

Une enseigne de coiffeur dans les années 1980
Une enseigne de coiffeur dans les années 1980
Une enseigne de coiffeur dans les annu00e9es 1980

Exposition d’enseignes ‘’Vené Zy Voir la Côte d’Ivoire’’: Kaïdin le Houelleur expose le génie créatif de la rue en Côte d’Ivoire

Les enseignes en Côte d’Ivoire, comme partout dans la plupart des pays d’Afrique, sont aux carrefours des rues, accrochées sur les murs des petites échoppes, les devantures des magasins, des bars jusqu’aux taxis et aux camions. C’est l’ensemble de ces expressions les plus visibles et originales du génie créatif populaire ivoirien que le sculpteur, Kaïdin le Houelleur a compilé dans une exposition dénommé ‘’Vené Zy Voir la Côte d’Ivoire’’, qui, du 14 au 28 février était sur les cimaises à l’Institut Français au Plateau.

C’était aussi l’occasion pour l’artiste de dédicacer le livre, qui porte le même nom que l’exposition et qui présente la même collection d’enseignes à travers de superbes photos que le photographe allemand de renommé mondiale, Uwe Ommer a saisies lors de des recherches de Kaïdin le Houelleur à Abidjan et à l’intérieur du pays.

L’exposition, tout comme le livre d’art de 191 pages, préfacé par le célèbre écrivain ivoirien, Venance Konan, retrace l’histoire des enseignes en Côte d’Ivoire depuis les années 80 à nos jours. « Les messages à caractère publicitaires de l’époque étaient peints sur des  bâches ou contreplaqués, un peu comme des tableaux. Comme toute publicité, elles cherchaient à attirer l’attention des clients et étaient souvent liées aux ‘’petits métiers et aux entreprises spontanées du secteur informel.

Par cette exposition, je veux raconter l’histoire de ce art qu’on peut qualifier de ''Street art’’ et montrer son évolution dans la société ivoirienne », confie Kaïdin. Sur les cimaises, l’exposition laisse découvrir des enseignes de dépannage auto, de réparation de chaussures, de montres, de guérisseurs, de couturiers, coiffeurs, maquis, bars, photographes etc. La particularité de ces enseignes est la dominance du dessin sur l’écriture. Qui s’exprime sans fioriture, avec la bonne formule et le bon mot et une pointe d’humour.

« Au bar la providence, la bière est providentielle », on encore, « les jalouses vont maigrir » pour le tailleur qui vante ses coupes de pagnes. Avec les coiffeurs, ce sont des dessins de coupes accompagnés par le nom des coiffures. « Queue de rat, Mirano, Azazou, Ordinaire, Punk, Loubard, Coq etc. ». On découvre aussi la grande bâche du guérisseur avec ses dessins originaux pour décrire la maladie, sans oublier les fautes d’orthographes qui donnent leur charme humoristique à la réclame. « Vomichemment (Vomissements), pirigemment (purger) etc. ».

Dans son évolution, le génie créateur de la rue a pris des couleurs avec une volonté de créer une œuvre d’art. Les supports ont changé. Sur les ‘’gbaka’’ (cars de transport en commun), les gros camions, les murs, on dessine des personnages connus : stars de musique, de football ou de politiques, sans oublier des femmes dénudées aux courbes voluptueuses pour les façades de bars et maquis.

Dans des styles proches du réalisme ou ‘’manga’’ importé de chine. Autre particularité aujourd’hui, les numéros de téléphones de portables apparaissent sur les enseignent. Aussi, on s’exprime non pas pour attirer une clientèle mais pour exprimer son art : le Street art, qui est la version nouvelle de cet art d’enseignes autrefois utilisé.

Faut-il le rappeler, Kaïdin Monique le Houelleur est un sculpteur née à Hué, au Vietnam. Eurasienne, elle travaille en Côte d’Ivoire où elle a obtenu la nationalité ivoirienne. Directrice de l’espace culturel ‘’La villa Kaïdin’’, crée en 2009, elle est Chevalier de l’ordre du mérite ivoirien.

SERGES N’GUESSANT