Eléphants: Les inquiétudes de Yéo Martial
Eléphants: Les inquiétudes de Yéo Martial
Le temps où la Côte d’Ivoire dominait les compétitions africaines de football est révolu. Dix mois après la perte de son titre continental dès les poules, à la Can 2017, au Gabon, les Eléphants viennent de toucher le fond au stade Houphouët-Boigny. Ils ont été privés de la Coupe du monde 2018 par le Maroc ((2-0). Suffisant pour que l’ancien sélectionneur et directeur technique national à la retraite, Yéo Martial, sorte de sa retraite pour analyser la situation.
« Il y a beaucoup de choses à revoir. Il faut analyser profondément la situation. C’est vrai qu’il y a un sérieux problème d’encadrement technique, mais les joueurs ont manqué d’engagement et de concentration », confie le premier sélectionneur national qui a remporté le trophée de la Coupe d’Afrique des nations avec les Eléphants, en 1992, au Sénégal.
Revenant sur l’élimination de la Côte d’Ivoire, le directeur technique national (Dtn) à la retraite estime que « dans un tel match, il fallait une défense regroupée et une attaque bien appliquée devant les buts. Nous avons vu le contraire samedi. Les attaquants ont privilégié les raids solitaires, au lieu de chercher à faire des combinaisons pour désarçonner la défense adverse. En plus, à l’approche des buts adverses, ils se précipitaient. L’exemple type est celui de Gervinho. Sur l’action de but franche qu’il a eue, il était déjà dans la surface de réparation des Marocains. Sachant que si on le touche, il y a penalty, il n’avait pas à jeter la balle », note Yéo Martial.
Ancien gardien de but, il n’a pas manqué de porter un jugement de valeur sur Sylvain Gbohouo, le portier malheureux des Eléphants, fautif sur le premier but marocain, ce soir-là. « Gbohouo a un problème sur les balles aériennes. Il n’a pas travaillé cela. Pourtant, je lui avais conseillé de le faire. Et quand j’ai appris qu’il ne jouait pratiquement pas en club avec le Tout puissant Mazembe, en Rd Congo, j’ai compris qu’il avait perdu ses repères ». Pour lui, l’encadrement technique a failli à ce niveau.
A l’instar de bien des observateurs, Yéo Martial ne cache pas son inquiétude face à la situation de la sélection nationale. D’abord, au niveau des ressources de la Fédération ivoirienne de football (Fif) : « Je sens que ça va être difficile dans la mesure où la non-participation à la Coupe du monde va considérablement amenuiser ses ressources ». Ensuite, l’encadrement technique qui, dit-il, ne l’a pas encore convaincu.
« Lorsqu’un entraîneur passe son temps à présenter, à chaque fois, une nouvelle équipe, cela veut dire qu’il y a un problème. On ne peut pas obtenir des résultats tout en donnant l’impression de chercher ses marques. Il faut tabler sur un groupe et essayer de le polir. Autrement dit, au niveau de la qualité des joueurs, il n’y a pas de soucis majeurs. Je crois qu’il faut garder ce groupe, le faire travailler régulièrement pour lui permettre de s’aguerrir et de devenir un véritable bloc », conseille le technicien qui fait figure de légende du football ivoirien.
PAUL BAGNINI