Parc national de la Comoé: Une mine éternelle pour le tourisme d’aventure

Parc national de la Comoé: Une mine éternelle pour le tourisme d’aventure

Parc national de la Comoé: Une mine éternelle pour le tourisme d’aventure

Au sortir d’un Eductour au profit des voyagistes et tour-operators ivoiriens organisés par Côte d’Ivoire Tourisme et l’Oipr, un retour massif des espèces animales et végétales présagent d’une nouvelle offre touristique.

Après des années d’un braconnage excessif et de violation de l’aire protégée au niveau de son massif végétal, ces cinq dernières années corrélativement à la crise post-électorale de 2010 /2011, le Parc national de la Comoé dans le nord-est de la Côte d’Ivoire, renaît de ses cendres. En tout cas, c’est le constat opéré au sortir de l’Eductour, voyage de familiarisation et de rodage d’un circuit de promotion et d'information réalisé par Côte d’Ivoire Tourisme, l’Office national de promotion de la destination ivoirienne, en collaboration avec l’Office ivoirien des parcs et réserves (Oipr) et proposé gratuitement aux agences de voyages et tour-opérateurs ivoiriens.

C’était du 29 novembre au 4 décembre 2016.  Au total, avec les statistiques 2015/2017 fournies par les experts et au grand bonheur des touristes particuliers qui ont effectué ce trip, le tourisme d’aventure et l’écotourisme s’affichent comme une mine à exploiter pour maintenir le cap du rebond observé depuis près de quatre saisons avec, pour le Parc national de la Comoé, plus de 650 espèces végétales, plus d’un millier d’espèces animales dont plus de 500 oiseaux, 150 mammifères, 35 amphibiens, 75 reptiles, 70 poissons et ressources halieutiques. Même si pour l’heure, dans une période transitoire, un recensement exhaustif ne peut être établi.

Bien plus, d’Abidjan au Parc pour découvrir la riche faune et luxuriante flore, du reste patrimoine mondial et réserve de biosphère de la planète depuis 1983, à cheval sur 3 régions (Boukani, Tchologo et Hambol), 6 départements (Bouna, Tehini, Doropo, Nassian, Kong, Dabakala) et 20 sous-préfectures sur une superficie de 1 150 000 hectares soit 11 150 km2, en pleine transition entre savane et forêt, les voyagistes ont pu s’abreuver à la source d’un chapelet de sites et d’activités culturelles sur le parcours, notamment les monts Mafa-Mafa (Bécédi-Brignan, Adzopé); les prêtresses kômian d’Ananssuié et la Cour royale de l’Indénié avec son musée des attributs royaux à Abengourou ; Bondoukou, la ville aux mille mosquées, les silures sacrés de Gbokoré (Tanda), la danse des nobles ou Obidombié à Assuefry ;  le village de Soko où les singes partagent le quotidien des habitants ; la poterie artisanale et les coutumes du peuple dêga dans le village de Motiamo…

Au total, des étapes d’un circuit de rêve, mêlant cultures, cultes et traditions, nature, artisanat et art culinaire avant la grande aventure au parc de la Comoé, avant de boucler la boucle via un tourisme à visage humain dans le Boukani, à Bouna. Où à la faveur du Festival des danses du Boukani (Festibo), le concept d’hébergement chez l’habitant a montré qu’il est opératoire.


Seul le roi-lion manque encore à l’appel des 80 000 vidéos en 2 ans

Pour revenir au Parc, principale attraction de l’Eductour, il faut noter que, fondé en 1953 sous le nom de Réserve de Bouna, il a pris définitivement le nom de « Parc national de la Comoé », du nom du fleuve qui le traverse du nord au sud, en 1968. Dans les années 1970/80, il était très prisé par les touristes du monde entier, pendant la période considérée comme celle de l’âge d’or du tourisme ivoirien. Seulement, depuis la crise militaro-politique déclenchée le 19 septembre 2002, la situation a été chaotique.  Car le parc qui avait été reconnu comme un site du patrimoine mondial en raison de la diversité de son écosystème, fut dès 2003, déclaré site du patrimoine mondial en péril en raison du braconnage, du pâturage exagéré du parc par le bétail, et de l'absence de gestion. Mais, progressivement, avec la paix revenue et les actions pragmatiques de l’Oipr sous la houlette du colonel Adama Tondossama, son directeur général, avec le concours de partenaires internationaux, notamment la Coopération allemande qui y a rénové son Centre de recherche écologique, le Parc renaît de ses cendres.

Ainsi, comme l’affirme le chercheur espagnol du Centre de recherche écologique allemand, Juan Lapuente, « Le pacte de confiance entre hommes et animaux s’est rétabli et les animaux qui, faut-il le noter, ont de la mémoire, notamment les grands mammifères comme les éléphants, commencent à se faire revoir ». Car s’il est établi depuis sa création qu’on y trouve des singes babouins, patas, vervets (ou singes verts), des antilopes bubales, hippotragus, cobes de Buffon, ourébis, des phacochères (et une diversité de porcs sauvages), des buffles, des hippopotames, autant d’espèces, faut-il insister, aperçues au cours d’une randonnée de plus de 120 kilomètres dans la jungle par les participants à l’Eductour,  et des éléphants qui sont badgés pour être facilement localisés, et ce, sans compter avec les différents rongeurs et autres reptiles, ce spécialiste de la préservation des chimpanzés qui a travaillé deux années durant au Parc de Taï, a projeté aux touristes peu ordinaires, un résumé de quelques 80 000 vidéos des caméras cachées dans le parc, montrant l’existence de fortes colonies de chimpanzés. Ce qui est une découverte exceptionnelle !

D’autant plus qu’à l’instar de leurs « cousins de Taï » qui ont développé la technique de concassage des graines à l’aide de pierres, ceux de la Comoé, ont développé des outils tels que la canne à capture d’insectes, de récipients pour s’abreuver dans les creux d’arbre en saison sèche ou encore de techniques habiles pour la cueillette de fruits.

En outre, des félins comme les panthères et léopards ont été aperçus. Même que, comme dans les années 1960, chaque nuit, on y entendrait selon plusieurs témoignages, rugir le lion, sans qu’aucune des 80 caméras disséminées dans le parc n’ait pu encore en capter l’image d’un seul. Il en est de même pour la girafe dont des signes évidents de présence sont suivis à la loupe par les chercheurs et les agents des Eaux et forêts détachés à l’Oipr. Mais aussi par les populations riveraines du Parc, désormais partie intégrante de la renaissance de ce paradis écologique. Tous voulant proscrire à jamais le braconnage mais aussi et surtout l’orpaillage clandestin, sous le sceau du tourisme inclusif et de l’éco-citoyenneté.


Tourisme inclusif et éco-citoyenneté, alternative durable au braconnage…

« Le tourisme inclusif est une approche du développement du tourisme qui encourage la création de liens et les contacts entre les différents acteurs de l’industrie touristique tout en instaurant des partenariats avec et entre les acteurs privés, en stimulant l’économie locale et en favorisant l’intégration des femmes et la participation des communautés locales afin de mieux comprendre leurs besoins et leurs attentes. Il privilégie la viabilité en tenant compte des facteurs économiques, sociaux et environnementaux ».

Ces mots de Jean-Marie Somet Santiero, directeur général de Côte d’Ivoire Tourisme et définissant la nouvelle donne du tourisme dit inclusif, s’érigent comme la clé de voûte de la lutte contre le braconnage et l’exploitation illicite de la flore, tout en étant un adjuvant à l’activité touristique. Ainsi, pour ce qu’il a été donné de voir au niveau du Parc de la Comoé, les populations sont désormais, grâce à la stratégie mise en place par l’Oipr, dans les activités de préservation. Et ce, moyennant rémunération.

Entre autres activités, elles sont associées à l’entretien des pistes, à la mise à feu contrôlée de la savane pour le renouvellement du couvert végétal nécessaire à l’alimentation des animaux, à la dénonciation des braconniers et/ou à la reconversion de ceux-ci au pistage des espèces au profit de la recherche. Ou encore comme cela a pu être observé à Kakpin et Bérego, à la reforestation. Mieux, les riverains sont mis à contribution en tant que guides au profit des touristes. Ce fut le cas, en l’occurrence d’un ancien chasseur nommé Gondo qui était le guide de l’Eductour aux côtés du capitaine Yann Ogou, chef secteur de l’Oipr de Nassian et de ses éléments, de l’entrée sud-est du Parc à Kotouba à la sortie nord-est à Bania, via une randonnée de plus de 120 km dans la jungle.

Toutefois, ces efforts convergents ne sauraient prospérer au profit du tourisme, si et seulement si, l’activité d’orpaillage illicite qui a cours à l’intérieur du Parc. Car, comme l’affirmait le Dg de l’Oipr à la réunion préparatoire à l’Eductour, « Le rôle des aires protégées dans le maintien de la diversité biologique et des processus écologiques essentiels à la vie est indéniable ».


… L’orpaillage, l’ennemi à abattre !

La pratique artisanale de la recherche d’or et autres métaux et pierres précieuses, en plus d’être illicite, s’avère très dangereuse pour l’homme, les animaux et l’environnement car les orpailleurs qui creusent en abandonnant de gros trous et parfois, font usage de substances chimiques de forte nocivité qui menacent l’équilibre de l’écosystème. Mais, de concert avec les populations lobi, koulango, djimini, sénoufo… de part et d’autre du Parc, mais aussi des ressortissants de pays limitrophes, Burkina Faso et Ghana, notamment, cette activité est devenue la plus grosse menace du site. Et le fait que certains d’entre eux soient armés ainsi que le confirme le sergent Kra Kouadio de l’Oipr, cela est une menace pour le tourisme et les touristes.

Et constitue l’obstacle majeur à la levée de la directive de site en péril, selon Jean-Baptiste Polé en charge de la communication à l’Office des parcs et réserves. Fort heureusement, les moyens sont mutualisés pour abattre l’ennemi commun que constitue l’orpaillage. Ainsi, à la date de septembre 2016, grâce à la coopération de l’Oipr et des populations, la fermeture de 64 sites d'orpaillage clandestin dans le Gontougo et le Boukani ont été opérés et des orpailleurs ont été condamnés à des peines de 5 à 8 mois d’emprisonnement. Toutes choses qui confortent le mariage d’amour et d’intérêts entre Côte d’Ivoire Tourisme et l’Oipr avec comme témoins privilégiés, les agences de voyages, à même de vendre la destination parc national e la Comoé ici comme ailleurs !


REMI COULIBALY
Envoyé spécial