Maladie mystique : La cellule Roqya propose sa thérapie

Le Cheikh Ben Halima Abderaouf et ses fidèles  en pleine séance de traitement par captage
Le Cheikh Ben Halima Abderaouf et ses fidèles en pleine séance de traitement par captage
Le Cheikh Ben Halima Abderaouf et ses fidu00e8les en pleine su00e9ance de traitement par captage

Maladie mystique : La cellule Roqya propose sa thérapie

Maladie mystique : La cellule Roqya propose sa thérapie

Lorsque nous prenons le pari de nous rendre à la cellule Roqya, centre de prière et de guérison à  travers le Coran, des maladies liées au mysticisme, l'endroit nous fait, sur le champ, tiquer. La cellule est située en face du cimetière municipal de Yopougon, sur la route de Dabou.

L’entrée, au rez de chaussée d’un immeuble, jouxtant celui d’un ex international ivoirien, est cadrée de fleurs. A la véranda jonchent une panoplie de sandales. Parce qu’ici, l’on se déchausse pour y entrer, comme si on franchissait le seuil d’une mosquée.

C’est une trois pièce qui sert de lieu de consultation pour les Rakis (nom donné aux adeptes de la cellule), chapeautés par L’Amir Sana  Sam Hana, représentant en Côte d’ivoire du cheikh Ben Halima Abderaouf (précurseur de ce mouvement). Sur les murs, sont plaqués des écritures arabes. Dans notre curiosité, nous essayons de déchiffrer ces mots transcris en français.

Mais nous sommes freinés dans notre élan par un disciple qui lance une salutation en arabe, «salam» en s’approchant vers nous. Et toutes les personnes dans la salle reprennent en chœur :Waleykoum salam. Dans une chemise défraichie, un pantalon à hauteur de la cheville, il portait un gant et tenait des petits bols. Cet outil sert à une thérapie qu’il surnomme « ventouse ».

L’homme nous demande de le suivre, nous traversons toutes les pièces  pour nous retrouver dans l’arrière cours du cabinet. Là des versets coraniques vrombissent dans le tympan. Les sons proviennent de trois studios, qui servent aussi de lieu de traitement.

Dans ces maisons sont dressés des petits matelas d’une largeur de ½ m et presque 1,90 m de longueur. Des malades sont couchés  dessus.

Aboubacar, chargé du traitement demande à un des malades de mettre en exergue la partie où est  ressentie la douleur. « C’est le dos et les reins » lui répond M.A.K. Les parties désignées par le patient son aseptisées avec de l’alcool par Aboubacar, qui, par la suite, déchire légèrement la zone avec une lame. Il allume une bougie placée près des matelas. De cette incandescence, il allume un bout de papier qu’il introduit dans le bol et le pose sur l’endroit où il y a le mal.

A travers ce même procédé, trois à quatre bols sont enfin placés sur les reins, le dos, la poitrine et le front du patient. Il est ensuite recouvert d’un pagne blanc. Puis on y récite les versets coraniques. Afin d’extraire, par le sang, la maladie mystique qui ronge le malade. 10 minutes ont suffi pour retirer le drap sur M.A.K. « C’est fini pour aujourd’hui, tu peux te rhabiller et rejoindre le secrétariat pour qu’on te fixe la date du prochain rendez-vous » dit le « médecin » à son patient, en le rassurant que le mal va disparaître progressivement.

« Je souffrais énormément. Lorsque  je suis arrivé les premiers jours à la cellule, on m’a donné les versets à réciter avant le sommeil, afin d’identifier les auteurs du mal qui me ronge. J’ai malheureusement vu un membre de ma famille. On m’a donné des recettes pour me défendre, même s’il faille que le bourreau perde la vie. Mais j’ai refusé. Pendant ce temps le mal perdure », rétorque M.AK. Ce qui l’amène à fréquenter régulièrement  les Rakis.

Comme tous les autres centres de santé urbain, la cellule Roqya, a aussi des carnets de consultations, portant le nom, le prénom, la date de naissance, le statut matrimonial, le contact et l’origine du mal de patient. A chaque passage, l’assistante prend le soin de remplir ce document en indiquant le traitement du jour administré.

Dans le carnet, sont contenus des prières d’invocation et de protection. Et à la dernière page est estampillée l’image du précurseur du mouvement.

Il est américano-tunisien, champion olympique en mathématique, ingénieur en statistiques et économie. Il s’est consacré depuis 1995 aux œuvres musulmans, lit-on.

Dans la salle d’accueil, l’assistante expose les médicaments que les patients doivent utiliser pour accompagner le traitement. De l’encens, le beurre de karité, la graine de Nigele, la tizane, la pommade, le savon, qui sont tous façonnés avec des versets coraniques.

Dans l’arrière cours, sont aussi postés une vingtaine de bidon de 20 litres d’eau coranisée. Avec cette eau, le patient devrait  se laver et asperger sa maison.

« Si tu arrives à la maison, prend le  temps de lire soigneusement le carnet pour te soigner » conseille l’assistante à Koné Drissa, un patient. A l’intérieur les différentes prescriptions à observer pendant les 2 semaines de traitement sont énumérés en 8 points, qui expliquent comment se traiter et quels sont les actes de prévention à prendre pour neutraliser les « Djinns » (mot arabe qu’ils utilisent généralement  pour désigner les esprits maléfiques et les génies).

Un tour dans le bureau de  l’Amir Sana  Sam Hana, des documents volumineux répertoriant tous les patients qui ont fait un passage au centre, sont dressés sur sa table. Koné Drissa, Sanogo Aboubacar, Anouma Ambroise,  Kouassi Prospère, koné Aïssata. Ce sont quelques noms pris par grappe dans la liste. Ils ont la plupart vingtaine d’âge. Sur  leur fiche de consultation, une maladie revient de manière récurrente au niveau de ces personnes : Blocage dans la vie. Ayant pu joindre trois des leurs, ces derniers nous ont tous loué les prouesses de la Cellule Roqya qui a pu résoudre leur problème.

KM, après 8 années de maladie liée au rein, sera « délivré » par l’équipe de Sana. « Je n’ai plus des pincements au niveau des reins, j’ai repris mes activités », lance-t-il. A côté de lui est couchée une fille de 8 ans. Dont les membres ne répondent pas. « A l’hôpital les médecins ont trouvé qu’elle ne souffre d’aucun mal, après le scanner. Mais, nous avons permis à ce que ses membres puissent fonctionner de façon convenable », nous explique Sana.

Selon les patient, c’est le système de captage qui a le plus attiré leur attention. Système qui permet de faire parler l’esprit maléfique ou le génie qui envoûte l’humain. « Nous avons fait des séance de captage dans les villes d’Abidjan. En collaboration avec des médecins, nous avons également mené des visites auprès des malades dans certains centres de santé, nous avons apporté notre contribution dans leur guérison», fait remarquer  L’Amir Sana  Sam Hana. Qui précise que ce n’est pas une manière de rivaliser ou de mettre en cause la médecine moderne. Il souligne que la Cellule Roqya  est reconnue par le ministère de la Santé comme un centre de traitement et de guérison  des maladies mystiques par le Coran.

Aujourd'hui présent dans plusieurs villes de la Côte d'Ivoire et dans certains pays, ce centre de guérison défend au malade  tout ce qui est  associationnisme (Le fétichisme). Car, "c'est du satanisme", clame-t-il.

Kamagaté Issouf

Issouf.kamagate@fratmat.info