SIA 2015: Le changement climatique, pas une mission impossible

SIA 2015: Le changement climatique, pas une mission impossible

SIA 2015: Le changement climatique, pas une mission impossible

La grande problématique qu’abordent les travaux scientifiques du Salon international de l’agriculture (Sia) de Paris qui est à sa 52ème édition est l’agriculture face aux changements climatiques. Comment l’agriculture en  mouvement, qui  veut produire la qualité et nourrir les populations tout en innovant, peut-elle juguler les effets des variations climatiques et atteindre une meilleure productivité ? L’agriculture selon une constatation générale est victime de l’augmentation de la température, des sécheresses inattendues et des inondations. Mais l’agriculture elle-même par son mode de fonctionnement est aussi responsable du changement climatique, du fait de la déforestation et de la production de la biomasse. Les changements climatiques sont-ils pour autant une mission impossible ? Existe-t-il des techniques pour limiter les émissions de gaz à effets de serre ?

L’une des solutions se trouve dans les pratiques et méthodes culturales. On peu remplacer la monoculture intensive par l’association d’une céréale et d’une légumineuse, recommande Emmanuel Toquebiau, chargé de mission du changement climatique au centre agronomique pour le développement (Cnrad). Cette approche culturale permet d’augmenter la matière organique qui va dans le sol et produit un engrais naturel, qui favorise une meilleure résistance à la sécheresse et une meilleure croissance des cultures Cela permet tout aussi d’atténuer les émissions car c’est autant de carbone qui ne repart pas dans l’atmosphère. L’agroforesterie semble également une solution appropriée car elle permet de stocker le carbone. Dans une vallée, on peut ainsi associer des cultures variées en formant une mosaîque avec des cultures annuelles, créer une petite forêt protégée et un champ de plantes de couverture par exemple.

Pour Gérard Le Pull, journaliste honoraire et spécialiste des dossiers agricoles, rencontré à son stand du pavillon quatre et auteur  de « Bientôt nous aurons faim ! » et « Produire mieux pour manger d’ici 2050 et après », l’enjeu majeur du  à vingtième siècle sera nourrir une population d’habitants qui va passer de sept à neuf milliards dans un contexte de raréfaction des superficies agricoles disponibles, de réchauffement climatique, d’assèchement de certaines nappes phréatiques, de cherté du pétrole et du gaz dont l’agriculture intensive est une grande consommatrice. Demain il faudra plus en utilisant moins d’engrais, de carburants, d’eau, de pesticides. Toues les terres agricoles devront être utilisées de manière durable  en fonction de leur potentiel agronome.


Les défis pour l’agriculture pour les pays en développement

Les pays de l’Afrique au sud du Sahara devront faire face à la demande  croissante de leurs populations qui va continuer dans les trente années à venir, essentiellement dans les zones rurales. Il devient alors nécessaire d’accompagner cette  transition «  démo-économique » car ni les services, ni l’industrie ne pourront absorber cette main-d’œuvre croissante. Il faut alors repenser la place de l’agriculture. Cela passe par l’aménagement du territoire  dans les villes en donnant de l’attractivité à l’agriculture pour accompagner cette transition, il faut désenclaver les zones rurales et améliorer la santé et l’éducation puis repenser l’agriculture familiale. Car  depuis trente ans l’intérêt manifesté par  la coopération internationale à l’agriculture dans les pays en développement a décliné depuis trente ans.

Dr  Sidibé Clissé, directeur général de l’Anader souligne la menace que fait peser le changement climatique sur les cultures de rente en Côte d’Ivoire. Il identifie deux problèmes majeurs : une meilleure répartition de la pluviométrie et une meilleure maîtrise de l’eau ce d’autant que le cycle des saisons est désormais perturbé en Côte d’Ivoire. On n’a plus les quatre saisons formelles. Cette situation rend complexe la politique agricole. Il se félicite cependant des mesures prises par le gouvernement qui grâce à des accords avec le Maroc et de la Boad et l’assurance agricole en chantier, va doter le secteur agricole de moyens qui vont sécuriser les producteurs et minimiser les risques. L’Anader prend tellement à cœur ce phénomène qu’elle a crée une division de la mécanisation et de la modernisation qui prend en compte les changements climatiques. Elle a pu ainsi, sur rapport de son point focal, édicter une politique pour mieux juguler les effets de ce phénomène dans l’agriculture ivoirienne.

Comment alors relever le défi alimentaire des prochaines années. Gérard Le Pull propose les rotations des cultures, le travail simplifié des sols, l’agroforesterie, les ceintures vertes autour des grandes villes. Il s’agira de produire mieux pour manger tous, de capter du carbone au lieu d’en libérer, de privilégier la souveraineté alimentaire, la règle verte et la planification écologique par des contractualisations souples.


Franck A. Zagbayou
Envoyé spécial Paris