Discours de Port-Bouët : Laurent Gbagbo convoque l’histoire et défie ses détracteurs

Laurent Gbagbo à Port-Bouet, le samedi 7 juin 2025
Laurent Gbagbo à Port-Bouet, le samedi 7 juin 2025
Laurent Gbagbo à Port-Bouet, le samedi 7 juin 2025

Discours de Port-Bouët : Laurent Gbagbo convoque l’histoire et défie ses détracteurs

Le 08/06/25 à 09:40
modifié 08/06/25 à 09:45
« Exclusion électorale, défense de l’honneur personnel, appel à la mobilisation réfléchie, attaque contre le 4ᵉ mandat d’Alassane Ouattara, rappel de la crise électorale de 2010, dénonciation de la répression politique, vision d’un autre avenir pour la Côte d’Ivoire ». C’est autour de ces grandes lignes que s’est articulé le discours enflammé tenu le samedi 7 juin 2025, à Abidjan-Port-Bouet de l’ex-Chef de l’Etat Laurent Gbagbo.

Laurent Gbagbo a réagi avec véhémence à l’annonce de sa non-inscription sur la liste électorale provisoire publiée par la Commission électorale indépendante (CEI).

Devant une foule de militants réunis à Port-Bouët, le fondateur du PPA-CI a dénoncé ce qu’il considère comme une « provocation de trop » et une tentative délibérée d’écarter des figures majeures de la scène politique ivoirienne.

« Mon nom n’est pas sur la liste électorale, ni celui de Cheikh Tidjane Thiam, ni celui de Guillaume Soro. Est-ce que vous comprenez ça ? », a lancé Laurent Gbagbo d’un ton ferme. Qualifiant cette exclusion d’« insulte à son honneur et à sa famille », il a affirmé qu’il n’était ni un voleur, ni un homme indigne de briguer la magistrature suprême.

« Je ne suis pas un voleur. Et ceux qui ont fait la liste savent que je ne suis pas un voleur. Mais comme ils veulent qu’on se batte, on va se battre », a-t-il martelé, sous les applaudissements de ses partisans.

Âgé de 80 ans, Gbagbo a rappelé son long parcours militant, depuis l’âge de 18 ans, en insistant sur sa capacité à « recevoir les coups, mais aussi à en donner ». Il a exhorté les jeunes militants à faire preuve de patience et de stratégie : « On ne donne pas les coups n’importe quand, ni n’importe comment. »

Le discours a également pris une tournure historique et personnelle lorsque Gbagbo a évoqué son grand-père mort en résistant aux colons français et son père blessé au combat en Normandie, liant son engagement politique à une lignée familiale de lutte et de sacrifice.

En dénonçant ce qu’il qualifie de « manipulation de la Constitution », Gbagbo s’est attaqué frontalement au président actuel : « Celui qui est candidat pour un quatrième mandat n’est pas éligible. Et nous ferons tout pour qu’il ne soit pas candidat. » Il a remis en question la légitimité des mandats successifs d’Alassane Ouattara et fustigé les contorsions juridiques autour de la nouvelle Constitution.

S’exprimant sur la crise postélectorale de 2010, l’ex-chef d’État a défendu la décision du Conseil constitutionnel qui l’avait déclaré vainqueur, critiquant l’ingérence étrangère, notamment celle de l’ancien président français Nicolas Sarkozy.

Enfin, Gbagbo a condamné les arrestations de ses proches collaborateurs et dénoncé le recul des libertés en Côte d’Ivoire : « Ce n’est pas ce pays-là dont j’ai rêvé. J’ai rêvé d’un pays de liberté, de justice et de dignité. »

Laurent Gbagbo a conclu en appelant à la vigilance, à la mobilisation et à une résistance déterminée mais organisée. Un message clair : le combat ne fait que commencer.



Le 08/06/25 à 09:40
modifié 08/06/25 à 09:45