Rotonde des Arts : Soro Zana et Daouda Traoré invitent au voyage avec “Là-bas…”

Deux visions, un même élan
« Là-bas..., c’est le voyage, mais aussi l’itinérance intérieure et culturelle », a expliqué le Professeur Konaté lors de son allocution. Le dialogue entre les œuvres des deux artistes — l’un tourné vers l’urbanité contemporaine, l’autre ancré dans le patrimoine culturel — révèle une complémentarité saisissante. « Zana travaille sur la mémoire, le patrimoine, tandis que Daouda interroge l’énergie urbaine et ses contradictions. »
L’exposition met en lumière cette dualité féconde : chez Soro Zana, la culture sénégalaise, les traditions et les objets récupérés deviennent matière de résilience et d’harmonie. Chez Daouda Traoré, les scènes de motos et les matériaux composites parlent d’innovation, de survie économique et de cohésion sociale dans une Afrique urbaine en mutation.
Le voyage comme quête identitaire
Les deux artistes partagent une histoire marquée par le déplacement. Pour le professeur Konaté, cette trajectoire migratoire se traduit dans leur art par une tension féconde entre racines et altérité. Soro Zana, formé à l’École des Beaux-Arts d’Abidjan, vit aujourd’hui au Canada où il enseigne. Ses œuvres sont imprégnées de matériaux hétérogènes — tissu, bois, métal — témoignant de la richesse multiculturelle de son pays d’accueil et de son engagement à traduire visuellement la coexistence des différences.

« L’immigration n’est pas qu’un départ, c’est un projet, un cheminement. Mon travail vise à articuler mes identités d’origine et d’accueil », confie Soro Zana. Il intègre cette pensée dans ses recherches.
De son côté, Daouda Traoré, né en Côte d’Ivoire, revendique une démarche de récupération plastique à forte charge symbolique. « Je donne une seconde vie à des objets jetés, tout comme on ne doit jamais rejeter un être humain. L’harmonie naît de nos différences. » Mêlant art visuel et écriture, ses œuvres sont aussi marquées par sa posture d’enseignant et de musicien traditionnel, où lettres, mots et formes deviennent le langage d’un monde réconcilié.
Une mission de transmission
Au-delà de l’événement artistique, le vernissage s’est voulu un acte de foi dans la jeunesse et la capacité de l’art à rassembler les peuples. « Notre responsabilité, en tant qu’opérateurs culturels, c’est de ne pas désespérer de nos jeunes, et surtout, de ne pas les désespérer », a insisté le professeur Konaté. Il a salué la collaboration entre la Côte d’Ivoire et le Mali à travers les artistes exposés, soulignant la force intégratrice des arts visuels dans un monde en quête de sens.
Cette soirée s’est conclue dans une ambiance conviviale et généreuse, ponctuée d’échanges entre artistes, public et professionnels de l’art.
“ Là-bas...” est une exposition visible à la Rotonde des Arts jusqu’au 16 août 2025. Elle offre une immersion dans deux univers singuliers, réunis par un même désir de comprendre, de transmettre et de créer des ponts entre les cultures et les générations.