« Paris noir » : L’éclat méconnu des artistes afro-descendants au Centre Pompidou

Gerard Sekoto, « Self-portrait », 1947 - The Kilbourn Collection
Gerard Sekoto, « Self-portrait », 1947 - The Kilbourn Collection
Gerard Sekoto, « Self-portrait », 1947 - The Kilbourn Collection

« Paris noir » : L’éclat méconnu des artistes afro-descendants au Centre Pompidou

Le 16/07/25 à 07:28
modifié 16/07/25 à 07:55
Une exposition inédite retrace la présence et l’influence des artistes noirs dans le Paris artistique de 1950 à 2000.

Du 19 mars au 30 juin 2025, le Centre Pompidou a accueilli « Paris noir », une exposition d’envergure consacrée à la présence et à l’influence des artistes noirs en France, de l’après-guerre aux débuts du nouveau millénaire. En rassemblant les œuvres de cent cinquante artistes originaires d’Afrique, des Amériques et de la Caraïbe, cette manifestation exceptionnelle offre un regard renouvelé sur un pan trop souvent négligé de l’histoire de l’art contemporain.

À travers un parcours riche et immersif, « Paris noir » met en lumière les trajectoires, les luttes, les esthétiques et les innovations portées par ces artistes dans un Paris cosmopolite, devenu à la fois terre d’accueil, de résistance et de création. L’exposition débute symboliquement avec la création de la revue Présence Africaine dans les années 1950, puis traverse les décennies jusqu’à la fondation de Revue Noire dans les années 1990, deux plateformes majeures de diffusion de la pensée et de l’art africains et diasporiques.

Dans cette traversée temporelle, les visiteurs découvrent une pluralité de langages plastiques — des abstractions afro-atlantiques au surréalisme, en passant par la figuration libre, témoignant de la vitalité des échanges culturels et de la quête identitaire de ces artistes. L’exposition révèle ainsi comment leur contribution a profondément marqué et redéfini les notions de modernité et de postmodernité en France et au-delà.

Au cœur du dispositif scénographique, une installation centrale en forme de matrice circulaire évoque l’Atlantique noir, concept théorisé par le poète martiniquais Édouard Glissant. Cette œuvre, en tant que métonymie de la Caraïbe et du « Tout-Monde », sert de métaphore à l’espace parisien : un lieu de brassage, de mémoire, et de recomposition des identités.

Quatre installations contemporaines, spécialement conçues pour l’exposition par Valérie John, Nathalie Leroy Fiévee, Jay Ramier et Shuck One, viennent ponctuer le parcours. Elles offrent des regards actuels et introspectifs sur cette histoire artistique et sociale, prolongeant les dialogues entre passé et présent, entre mémoire et création.

« Paris noir » se distingue également par sa volonté de cartographier les circulations, les réseaux de solidarité et les complicités intellectuelles et artistiques ayant tissé le tissu vivant de cette diaspora créative. En cela, l’exposition s’impose comme un événement majeur, autant esthétique que politique, dans le paysage muséal français.

En rendant visibles des œuvres souvent restées dans l’ombre des canons dominants, le Centre Pompidou offre ici un hommage vibrant et nécessaire à une scène artistique afro-descendante longtemps marginalisée. Cette exposition a permis de redécouvrir Paris à travers les regards de celles et ceux qui, depuis les marges, ont contribué à en redessiner le visage culturel.



Le 16/07/25 à 07:28
modifié 16/07/25 à 07:55