Portrait : Qui est Dr Sidi Ould Tah ?

Sidi Ould Tah, un symbole de la nouvelle Mauritanie, une chance pour l’Afrique
Sidi Ould Tah, un symbole de la nouvelle Mauritanie, une chance pour l’Afrique
Sidi Ould Tah, un symbole de la nouvelle Mauritanie, une chance pour l’Afrique

Portrait : Qui est Dr Sidi Ould Tah ?

Le 29/05/25 à 15:03
modifié 29/05/25 à 17:44
Sidi Ould Tah, un symbole de la nouvelle Mauritanie, une chance pour l'Afrique L'ancien ministre mauritanien de l'Economie, Sidi Ould Tah, a été élu le 29 mai, président de la Banque africaine de développement (BAD) avec 76,18% des voix au troisième tour du scrutin. Il s'est imposé devant le Zambien Samuel Munzele Maimbo qui a recueilli 20,26%, selon les résultats officiels. Portrait d'une pépite mauritanienne au panafricanisme affiché et à l'humanisme vibrant.
Sidi ne parle jamais de lui», explique Serge Ekué, le président de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD). Difficile, en effet, de dresser le portrait du président de la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (BADEA), pour qui la discrétion est une ligne de conduite acquise dès son enfance passée dans la région mauritanienne de Trarza, à la frontière sénégalaise. Il est l’aîné d’une fratrie de trois frères et deux sœurs, commence le magazine Forbes qui dressait un portrait de Sidi Ould Tah, alors candidat à la présidence de la Banque africaine de développement.

C’est une impression juste : le nouveau Président de la Banque africaine de développement parle peu, mais agit beaucoup, le tout avec une bonne dose d’humilité, marque déposée des grands hommes. Il faut dire que Sidi a de qui tenir.

«Sidi Ould Tah est issu d’une famille d’intellectuels. Son oncle, feu Hamden Ould Tah, était un personnage jouissant d’une solide réputation qui dépassait largement les frontières nationales. Il est le digne héritier d’une lignée d’érudits qui a su tisser un réseau relationnel, cimenté par des valeurs communes, au-delà des frontières et des liens de filiation», révèle cependant le Dr Mohamed Lemine Raghani, ancien ministre mauritanien de la Santé et ancien administrateur du Fonds monétaire international (FMI) pour le Groupe Afrique 2, désormais chargé de mission auprès du cabinet du Premier ministre mauritanien.

Le grand-père maternel du Dr Tah, Mohamed Salem Ould Mkhaïrat, un proche du président Moktar Ould Daddah, est considéré comme l’un des bâtisseurs de la Mauritanie moderne. Il fut notamment ministre des Finances, de l’Intérieur et de la Pêche dans le premier gouvernement post-indépendance. C’est ainsi que le petit Sidi fréquenta les couloirs du palais dès sa plus tendre enfance. Comme un clin d’œil à l’histoire familiale, Mohamed Salem Ould Mkhaïrat fut l’un des deux représentants de la délégation mauritanienne lors de la création de la Banque africaine de développement (BAD) en 1963, à Khartoum. Un demi-siècle plus tard, Sidi Ould Tah brigue la présidence de la BAD, et c’est à Khartoum qu’il prit ses fonctions de directeur général de la BADEA en 2015, avant le déménagement du siège à Riyad, suite au déclenchement de la guerre civile soudanaise (2023)...

«Le grand-père maternel du Dr Tah, Mohamed Salem Ould Mkhaïrat, un proche du président Moktar Ould Daddah, est considéré comme l’un des bâtisseurs de la Mauritanie moderne»

Au magazine Forbes, il ajoute encore : «Dans ma culture, nous devons observer une certaine humilité», Ould Tah, dont l’apparente timidité cache en réalité une discipline de tous les instants. Le banquier, à tout juste 60 ans, avoue s’être inspiré, dans ses jeunes années, de «professeurs et d’hommes de savoir» qui l’ont «marqué pour leurs qualités intrinsèques et leur engagement social en faveur des plus pauvres».

Sidi Mohamed Ould Tah, 61 ans, écrit notre confrère Financial Afrik, n’est pas un inconnu dans le cercle du développement en Afrique. C’est un pur produit de la technocratie mauritanienne, avec une riche carrière à cheval entre Nouakchott et les institutions internationales, poursuit le confrère. « Né en 1964 à Mederdra, dans le sud-ouest de la Mauritanie, Sidi Mohamed Ould Tah appartient à cette génération de hauts fonctionnaires façonnés dans les règles de l’art : formation académique solide – doctorat en sciences économiques à Nice, DEA à Paris VII –, complétée par des programmes exécutifs à Harvard, à la London Business School ou encore au Swiss Finance Institute. La langue n’a jamais été une barrière : il parle couramment l’arabe, le français et l’anglais, et possède des notions de portugais et d’espagnol, des des atouts linguistiques pour évoluer avec aisance dans les milieux diplomatiques et financiers. »

Son immersion dans les sphères économiques commence tôt. « Il va occuper des postes de jeune expert en Mauritanie : d’abord à la Banque Mauritanienne pour le Développement et le Commerce (BMDC) en 1984-1986, puis comme analyste financier à la Commission de sécurité alimentaire . Rapidement, il gravit les échelons de l’administration : à 23 ans, il devient directeur administratif et financier de la mairie de Nouakchott (1987), avant de passer près de huit ans au port autonome de Nouakchott (Port de l’Amitié) comme conseiller du directeur général puis directeur de l’audit interne ».

À partir de 1996, la carrière de Sidi Ould Tah prend une dimension internationale, écrit encore le confrère. « Il rejoint cette année-là l’Autorité Arabe pour l’Investissement et le Développement Agricole (AAAID) basée à Khartoum, où il officie comme analyste financier jusqu’en 1999. Repéré pour ses compétences, il intègre ensuite la Banque Islamique de Développement (BID) à Jeddah – institution financière multilatérale majeure du monde musulman – en tant que cadre chargé de la promotion des investissements, puis assistant technique auprès du président de la BID de 1999 à 2006 . Là, il affine ses compétences en financement structuré, apprend à naviguer dans les jeux d’influence interétatiques, et commence à tisser un réseau d’envergure dans les pays du Golfe et d’Afrique.

« Artisan du renouveau économique mauritanien »

En 2006, après plus de quinze ans passés hors du pays, Ould Tah est rappelé en Mauritanie pour servir le gouvernement. Il devient conseiller économique à la Présidence de la République, puis auprès du Premier ministre entre 2006 et 2008 . C’est une période charnière : la Mauritanie sort d’une transition politique et s’apprête à tenir des élections démocratiques (2007) suivies malheureusement d’un coup d’État (2008). En juillet 2008, quelques jours après la prise de pouvoir par le général Mohamed Ould Abdel Aziz, Sidi Ould Tah est nommé ministre de l’Économie et des Finances dans le nouveau gouvernement. Il conservera, sous différentes appellations, le portefeuille économique durant toute la décennie suivante, devenant en 2009 ministre des Affaires économiques et du Développement – un super-ministère qui englobe la planification et la coopération internationale – poste qu’il occupera jusqu’en 2015. En juin de cette année, il est nommé Directeur général de la Banque arabe pour le développement en Afrique (BADEA). Président de la Badea, il le restera jusqu’au mois d’avril 2025, où il démissionne de ses fonctions pour se présenter à l’élection pour la présidence de la BAD.

Symbole de la Mauritanie nouvelle et renaissante

Sidi Ould Tah est considéré comme l ’un des principaux artisans de la politique économique mauritanienne durant les années Abdel Aziz. Il pilote des réformes financières et budgétaires destinées à stabiliser le cadre macroéconomique (maîtrise de l’inflation, réformes fiscales) alors que le pays bénéficie du boom du minerai de fer. Il impulse également des projets d’infrastructures (énergie, routes, hydraulique) soutenus par les bailleurs de fonds. Ould Tah siège dans de nombreux conseils d’administration d’entreprises publiques et d’organismes stratégiques : il préside par exemple le Conseil national de la statistique et est secrétaire permanent du Conseil présidentiel pour l’investissement.

Parallèlement, en tant que ministre, il représente la Mauritanie auprès des grandes institutions financières internationales. Il rassure les bailleurs, signe avec le FMI, siège au conseil des gouverneurs de la Banque mondiale, de la BAD, de la BID. .Il

Lorsqu’il s’agit de soutenir la candidature d’un de ses fils pour la BAD, la Mauritanie du Président El Ghazouani n’hésite pas à apporter son soutien au Dr Ould Tah, leader économique distingué avec une carrière solide couvrant des rôles clés dans le gouvernement et les institutions financières internationales.. Titulaire d'un doctorat en économie de l'université de Nice-Sophia-Antipolis et d'un DEA en économie de l'université de Paris VII, sa formation exécutive comprend des programmes d'investissement, de leadership, de gestion d'actifs et d'ingénierie financière du Harvard Institute for International Development, de la London Business School et du Swiss Finance Institute.

Parlant couramment l'arabe, le français et l'anglais, avec une connaissance pratique de l'espagnol et du portugais, le Dr. TAH a reçu de nombreuses distinctions, dont la médaille de Chevalier de l'Ordre du Mérite National de Mauritanie, l'Ordre National du Lion du Sénégal, et l'Officier de l'Ordre National du Tchad. Sa carrière témoigne de son leadership et de son expertise dans l'élaboration de politiques économiques et la promotion de la coopération internationale. Une chance pour l’Afrique qui compte sur cet homme compétent et d’un humanisme profond, pour redonner de la fierté à un continent encore clssé parmi les derniers de la planète, en contradiction avec ses immenses richesses. Sidi Ould Tah l’a redit tout au long de sa campagne victorieuse : l’Afrique a les moyens de s’en sortir et la BAD qu’il entend réformer, sera l’outil central pour répondre aux défis présents et futurs.

Et ce n’est pas une surprise si l’Afrique a finalement fait bloc autour de sa candidature, lui permettant une élection en forme de triomphe, avec plus de 76% des voix. Rendez-vous le 1er septembre, pour l’entrée en fonction effective de ce président qui suscite tant d’espoirs.

Valentin Mbougueng



Le 29/05/25 à 15:03
modifié 29/05/25 à 17:44