Valy Touré (président de l’UHR) : « Il faut un dialogue direct entre le Pdci et le Rhdp pour une paix durable »

Valy Touré, président de l'Uhr
Valy Touré, président de l'Uhr
Valy Touré, président de l'Uhr

Valy Touré (président de l’UHR) : « Il faut un dialogue direct entre le Pdci et le Rhdp pour une paix durable »

Le 26/05/25 à 06:29
modifié 26/05/25 à 09:40
À la veille de l'élection présidentielle de 2025, M. Valy Touré, président de l'Union Houphouëtistes pour la République (UHR), revient sur les raisons de la création de son parti, ses fondements idéologiques et sa vision de l'avenir politique de la Côte d'Ivoire.
Monsieur le Président, pouvez-vous nous rappeler les raisons qui vous ont conduit à créer l’Union Houphouëtistes pour la République ?

Merci. Les raisons ayant conduit à la création de l’UHR sont multiples.

Je suis issu de la dernière génération active du Mouvement des Élèves et Étudiants de Côte d’Ivoire (Meeci). J’ai fréquenté l’Institution Sacré-Cœur d’Adjamé (Isca) entre 1982 et 1986, après l’EPP Centre 2 d’Abobo, puis le Lycée Moderne d’Odienné (1987-1989). Après l’année blanche, j’ai intégré successivement le Lycée Classique 1 de Bouaké (1992-1993) et le Lycée Technique d’Abidjan (1993-1994). J’ai poursuivi des études supérieures en commerce international et obtenu un BTS, puis un diplôme d’ingénieur en commerce (import-export) entre 1995 et 2000. Tout en poursuivant mes études, j’étais très engagé politiquement. Cela exigeait beaucoup de sacrifices.

Pendant la crise sociopolitique de 1989-1990, nous avons œuvré à préserver la paix scolaire. Sous mon impulsion, et avec l’appui du gouvernement du Premier ministre Alassane Ouattara et du ministre de l’Éducation nationale, feu Vamoussa Bamba, les Conseils scolaires ont été créés, en remplacement du Meeci dissous. J’ai ainsi été élu délégué du Lycée Classique 1 de Bouaké, puis délégué régional de la Vallée du Bandama, et enfin président national des délégués scolaires lors du congrès de février 1992.

Parallèlement, nous avons milité pour maintenir la flamme du Pdci-Rda à travers plusieurs mouvements : la Coordination des élèves et étudiants du Pdci-Rda, la Jeunesse Estudiantine et Scolaire (Jes) dirigée par feu Hamed Bakayoko, Fraternité, dirigée par Dr Albert Mabri Toikeusse, ou encore l’Union Générale des Élèves et Étudiants de Côte d’Ivoire (Ugeeci).

Après la disparition du Président Félix Houphouët-Boigny et la scission du Pdci-Rda, fort de ce parcours et de ces expériences, j’ai décidé de fonder l’UHR, un parti rattaché à l’idéologie houphouëtiste, pour continuer à participer aux débats politiques de notre pays.

En quoi votre formation se distingue-t-elle des autres partis se réclamant de l’houphouëtisme ?

Notre particularité réside dans notre base militante : une jeunesse âgée de 18 à 55 ans, souvent sans passé partisan, issue de toutes les communautés de la nation. Nous formons une génération désireuse de s’impliquer dans les débats politiques et dans le développement économique et social du pays, dans un climat de paix.

Nous œuvrons aussi à accueillir tous les Ivoiriens, qu’ils adhèrent ou non à l’idéologie houphouëtiste, à condition qu’ils ne soient engagés dans aucun autre parti politique.

Quels sont les fondements idéologiques et les priorités politiques de l’UHR ?

Notre idéologie repose sur trois piliers, à savoir la protection des biens publics ; la défense des droits des citoyens ; la promotion de l’initiative privée, avec une intervention minimale de l’État dans la vie des citoyens. Nos priorités politiques sont claires ainsi. Il s’agit de l’unité nationale, de l’intégration et la cohésion sociales, de la sécurité et la paix, de l’éducation et la formation, de la santé, et du développement économique et social.

Comment analysez-vous la situation sociopolitique actuelle de la Côte d’Ivoire ?

Depuis 1989, malgré les alternances politiques, la Côte d’Ivoire reste enfermée dans un débat identitaire stérile, au détriment de projets de société. Cette situation fragilise nos institutions et alimente une instabilité chronique. À l’approche de la présidentielle d’octobre 2025, les mêmes travers ressurgissent : la polémique sur les origines des candidats prend le pas sur le débat programmatique. Cela mine l’application des lois et le respect des décisions judiciaires.

Nous formulons plusieurs recommandations, à savoir le retrait de tous les partis houphouëtistes de CAP-CI ; l’instauration d’un dialogue direct entre le PDCI et le RHDP, pour la paix durable, en mémoire du Président Houphouët-Boigny ; la construction d’un cadre formel de coopération entre les partis houphouëtistes, chacun conservant son indépendance, mais autour d’un programme et de candidats communs ; une éducation des militants à la démocratie, à l’unité nationale, à la paix, et à la culture du développement.

L’alternance politique est souhaitable, mais elle doit s’opérer dans le respect des lois, de la paix et de la cohésion sociale. Le dialogue politique, tel qu’il est mené aujourd’hui, devient coûteux et source de tensions.

Quel regard portez-vous sur la gouvernance actuelle du pays ?

Comme toute œuvre humaine, la gouvernance actuelle a ses forces et ses faiblesses. Sur le plan économique, nous saluons les nombreux investissements réalisés. Mais leur mode de financement, souvent basé sur l’endettement, suscite des inquiétudes. En outre, les disparités régionales sont préoccupantes et les retombées économiques ne touchent pas assez les populations.

Nos propositions sont les suivantes, à savoir, renforcer les collectivités territoriales pour lutter contre l’exode rural ; leur donner les moyens de créer des emplois locaux à travers des projets d’infrastructure industriels, agricoles et touristiques ; favoriser une véritable compétitivité des marchés publics, avec plus d'opportunités pour les entreprises ivoiriennes.



Le 26/05/25 à 06:29
modifié 26/05/25 à 09:40