80 bougies pour Eugène Kacou : Le parcours inspirant d’un "journaliste téméraire" (Portrait)

Eugène Kacou, une icône, une figure éminente dans le milieu du journalisme ivoirien. (Ph: Dr)
Eugène Kacou, une icône, une figure éminente dans le milieu du journalisme ivoirien. (Ph: Dr)
Eugène Kacou, une icône, une figure éminente dans le milieu du journalisme ivoirien. (Ph: Dr)

80 bougies pour Eugène Kacou : Le parcours inspirant d’un "journaliste téméraire" (Portrait)

Le 10/05/25 à 12:12
modifié 10/05/25 à 14:13
Né le 5 mai 1945 à Bamako, l'un des doyens du monde des médias, a soufflé ses 80 bougies.
« L’un des bois verts du Cénacle fera sensation aujourd’hui. Né le 5 mai 1945 à Bamako... Un alliage inoxydable a dû servir au bon Dieu pour te fabriquer, cher Eugène, fils d’un bon gène. Puisse-t-Il te permettre de continuer d’ensemencer ce journalisme de vérité servi par ta passion inébranlable et ton éclectisme si déroutant. Santé à toutes épreuves et record de longévité puisque tu affectionnes la performance ». Ces écrits sont de Clovis Sewa, son ami, son frère, son homme sûr.

Un bel hommage, mais aussi des vœux de longévité à Eugène Kacou qui vient de boucler 80 ans sur la terre des hommes, depuis le 5 mai 2025. "C’est une grâce de Dieu", dit-il de celui dont le nom renvoie à cette voix radiophonique envoûtante que l’on entendait sur les antennes de la radio et télévision nationales. En radio comme à la télévision, Eugène Kacou est bien connu dans le milieu du journalisme et des médias pour sa diction toute particulière et ses textes percutants.

Journaliste à la retraite, ex-président de la Fédération ivoirienne de cyclisme et ex-président du Conseil national de la presse (Cnp) devenu aujourd’hui Autorité nationale de la presse (Anp), membre du cénacle des journalistes, créé par Auguste Miremont, il a su imprimer sa marque sur son parcours. Il a le verbe qui titille, qui transperce et qui berce, transportant l’auditeur ou le téléspectateur dans des émotions diverses. Il se fait tout simplement entendre et il se fait comprendre sur tous les sujets, sans langue de bois.

Les petits enfants célèbrent leur Papi. (Ph: Dr)
Les petits enfants célèbrent leur Papi. (Ph: Dr)



Avec un brin d’humour, il trouve toujours l’occasion de lancer une boutade pour régler ses comptes à qui veut l’entendre, pour crier ses frustrations et ses vérités.

Une preuve : Le 1er juin 2017, alors qu’il est honoré par l’Institut des sciences et techniques de la communication (Istc-Polytechnique) en baptisant un de ses studios au nom d’Eugène Kacou, voilà ce que "le journaliste téméraire" déclare devant les sommités de la communication, Danièle Boni, Laurent Dona-Fologo et des membres du gouvernement : « Je suis entré en 1967 à la Radiodiffusion télévision ivoirienne (Rti). Je n’ai jamais été honoré. Même le gazon ne porte pas mon nom après tant d’années passées au sein de ce média d’État. Aujourd’hui, je suis honoré par M. Dan Moussa qui a bien voulu donner mon nom à un studio de l’Institut des sciences et techniques de la communication. Ce geste est plus que les millions qu’on peut me donner ». C’était à l’occasion des 25 ans d’existence de l’Istc, le 1er juin 2017.

Là, le directeur général de l’Istc- Polytechnique, Dr Alfred Dan Moussa, trouve les mots pour le rassurer, en ce sens qu’il n’est jamais trop tard pour rendre hommage aux figures de proue du secteur de la presse et des médias et à ceux qui lui ont donné ses lettres de noblesse. Eugène Kacou venait ainsi d’entrer, s’il ne l’était pas déjà, dans le panthéon de la communication en Côte d’Ivoire.

Épisode de Séguéla...

Eugène Kacou disait un jour à ses enfants et jeunes journalistes que nous sommes : « Vous avez de la chance, à votre époque on parle de dépénalisation de la presse. Vous ne connaissez pas de prison... ». Le disant, le doyen Eugène Kacou se souvient de cet épisode de Séguéla dans les années 1980-1981.

En effet, pour avoir conduit une grève qui a paralysé les organes du secteur public de la Communication, radio TV, Aip et Documentation, Eugène Kacou et des membres du conseil exécutif de leur syndicat, le Syninfo, ont été déférés au camp militaire de Séguéla, pour un séjour de redressement de 10 mois. Ils étaient au nombre de 18 hommes et 2 dames : Marie-Louise Kouassi et Coffie Ama Claude. « Les deux femmes ont été libérées après un séjour au commissariat central », se souvient Clovis Sewa.

Une image prise lors de son incarcération à Séguéla. (Ph: Dr)
Une image prise lors de son incarcération à Séguéla. (Ph: Dr)



C’est tout ce parcours inspirant et inspiré que le doyen a voulu relater dans ses différents ouvrages, en signe d’héritage précieux qu’il lègue aux jeunes générations.

Journaliste-écrivain

Selon son entourage, la passion cachée d’Eugène Kacou est la lecture. Pour un journaliste passionné de lecture, écrire un livre ne présente aucune difficulté. Eugène Kacou s’est engagé dans l’écriture et a, à son actif, trois ouvrages. « Le livre est à la connaissance et à la culture ce que le sel est à une sauce », disait un autre dinosaure de la famille des médias, Georges Taï Benson, mais aussi son confrère, ami et compagnon.

C’était le 28 février 2017, lors de la dédicace de l’œuvre autobiographique signée par Eugène Kacou, intitulée : « Tu t’appelleras : Eugène Kacou, témoignages d’un journaliste téméraire’’. Un livre témoignage qui raconte sa vie, de sa naissance, son enfance à Bamako (Mali) à la vie professionnelle, au rythme des bâtons, des reportages, des défis qu’il a, avec le temps, su relever.

Un livre évènement, selon Georges Benson. Car « C’est la première fois qu’un des nôtres va ouvrir une fenêtre sur nos vies », déclare-t-il sur un ton lyrique que l’on lui connaît.

A la retraite et retranché dans sa région, dans l’Indénié, précisément à Abengourou, celui qui souffle ses 80 bougies cette année 2025 est un personnage polyvalent qui a laissé son empreinte dans multiples secteurs, notamment en culture, dans la presse, au sport (gardien de but de football et journaliste sportif) ainsi que dans le domaine de la politique.

Il en donne la preuve avec ses deux derniers ouvrages, dont l’un est paru en 2018, intitulé : « Indépendance, 8e sillon - Il y a 50 ans, l’Indénié à l’honneur ». Un projet qu’il conduit pour diffuser et partager des informations historiques et anthropologiques aux générations nouvelles. Là, il décide de raconter, surtout aux lecteurs, les péripéties jamais sues sur le déroulement de la fête tournante de la célébration de l’indépendance de la Côte d’Ivoire, à Abengourou.

Quelques ouvrages écrits par Eugène Dié Kacou. (Ph: Dr)
Quelques ouvrages écrits par Eugène Dié Kacou. (Ph: Dr)



Le troisième livre, “Mes meilleures CAN”, paru en 2024, à la faveur de la Can de football 2023, organisée et remportée par la Côte d’Ivoire.

Cet ouvrage, un véritable récital, en souvenir de son parcours de journaliste reporter sportif et producteur d’émissions télévisées à la Radiodiffusion télévision ivoirienne (Rti), principalement son vécu lors des Coupes d’Afrique des Nations de 1970 à Côte d’Ivoire 84, en passant par Sénégal 92... à Côte d’Ivoire 2023/2024...

Outre son aspect historique, « Mes meilleures Can » traduit la passion et la persévérance, des valeurs fondamentales pour une carrière dans les médias. Nombreux sont ses proches qui attendent un autre ouvrage retraçant ses témoignages sur sa passion du vélo.

Avec son « jumeau » Georges Adou, ils ont écrit également de belles lettres de la ‘’Petite reine’’ sur les Routes de l’Est, de l’Ouest, du Nord et du Sud et hors des frontières ivoiriennes.

Nul doute que l’on s’accorde à qualifier Eugène Kacou d’icône d’une figure éminente dans le milieu du journalisme ivoirien, totalisant plus de trente années de professionnalisme au sein de la Rti.

C’est à juste titre que son dévouement et son expertise sont reconnus par plusieurs distinctions telles que Officier de réserve (lieutenant), Commandeur dans l’Ordre national, Commandeur du Mérite sportif et Commandeur du Mérite de la Communication.



Le 10/05/25 à 12:12
modifié 10/05/25 à 14:13