Filière hévéa : Les exportateurs attendent leurs agréments 2024

Les exportateurs disent non à l’arrêt brutal de l’exportation du fond de tasse de l'hévéa. (Ph:Dr)
Les exportateurs disent non à l’arrêt brutal de l’exportation du fond de tasse de l'hévéa. (Ph:Dr)
Les exportateurs disent non à l’arrêt brutal de l’exportation du fond de tasse de l'hévéa. (Ph:Dr)

Filière hévéa : Les exportateurs attendent leurs agréments 2024

Le 26/05/24 à 18:53
modifié 26/05/24 à 18:53
L’heure n’est pas du tout à la sérénité du côté de l’Union des exportateurs d’hévéa de Côte d’Ivoire (UEHCI).

Ils ont le sentiment que l’autorité en charge de la régulation du secteur veut accélérer la disparition de leur segment d’activité.

Et pour cause, le Conseil de l’hévéa et du palmier à huile a pris la décision qu’il n’y aura pas d’exportation de fonds de tasse cette année.

En cette fin de mois de mai, les exportateurs constatent que jusqu’à cette date, ils n’ont pas encore été appelés à déposer leurs demandes d’agrément d’exportation.

Les exportateurs ont exprimé cette crainte dans une déclaration produite par leur président, Méledje Edward JK, le 24 mai.

Ils demandent par la même occasion que les agréments d’exportation leur soient rétablis. « Si ce n’est pas le cas, alors ce serait de l’injustice ». Parce que dans le même temps, observe le président de l’Union, les usiniers censés faire de la transformation exportent chaque année des fonds de tasse, c’est-à-dire la matière première.

Faut-il le noter, la production nationale annuelle de caoutchouc brut est de l’ordre de 1,3 millions de tonnes.

La capacité installée des usiniers, qui rappelons-le appartiennent à des multinationales asiatiques, se situe à 70% de la production annuelle. C’est-à-dire, environ 910 000 tonnes. C’est le surplus de cette production nationale – celle que les usiniers n’arrivent pas à traiter – qui est mise à l’exportation. A savoir 390 000 tonnes.

Au vu de ces données, le président de l’UEHCI soutient qu’il n’est pas juste de faire croire que l’exportation de fonds de tasses prive les usiniers locaux de matière première.

D’ailleurs, rappelle-t-il, les usines des multinationales asiatiques sont les principales exportatrices de fonds de tasse. A elles seules elles exportent les 50% des excédents. Soit 150 000 tonnes.

Les exportateurs d’hévéa regrettent que leur corporation, constituée de Pme locales, soit permanemment diabolisée dans la filière.

Surtout sur la base « d’arguments faux et biaisés, particulièrement, en ce qui concerne les difficultés des usiniers à obtenir de la matière première ».

Les exportateurs de caoutchouc estiment qu’ils ne devraient pas être dépeints négativement, mais plutôt félicités pour « le rôle essentiel qu’ils ont joué, depuis 2018, dans le développement et l’amélioration de la compétitivité de la filière ».

Le président de l’Union explique qu’ils ont contribué significativement à « l’amélioration des conditions de vie des paysans qui se plaignaient auparavant d’être sous-payés par les usines avec des délais de paiement déraisonnables ».

Il rappelle que le décret de 2013 portant réforme agricole met un point d’honneur sur le revenu du paysan qui doit se situer à au moins 60% du prix Caf. Il est donc clair que l’intervention des exportateurs de caoutchouc a contribué au respect de cette norme.

Aujourd’hui, Edward Méledje voudrait faire remarquer que les choses ont beaucoup changé grâce à l’intervention des exportateurs. Les paysans bénéficient désormais de prix plus rémunérateurs comparativement à une certaine époque.

Cette nouvelle donne paraît cruciale aux yeux du président de l’Union des exportateurs d’hévéa. Parce que « sans des prix attractifs et une commercialisation fluide, les paysans risquent de tomber dans le découragement. Ce qui aurait pour conséquence un abandon progressif de la culture de l’hévéa ».

L’UEHCI voudrait que l’on retienne qu’ils sont bel et bien engagés dans la vision du Conseil de l’hévéa et du palmier à huile qui vise à transformer localement 100% de la production nationale.

C’est pour cela qu’ils ont d’ores et déjà entamé la transition vers cet objectif. Ils en veulent pour preuve leur adhésion à la charte de l’Union. Seulement, ils souhaitent que leur segment d’activité ne soit pas freiné d’une manière brutale. Ils veulent un processus ordonné qui facilitera la transition de l’exportation de matières première à la transformation industrielle.

Les membres de l’Union proposent, à cet effet, le 31 décembre 2026 comme date butoir pour l’arrêt des exportations de fonds de tasse. Ils l’ont signifié récemment au régulateur.

Ce délai, soutiennent-ils, permettra la mise en place de nouvelles unités de transformation capables d’absorber l’excédent de la production.

Pour l’heure, les exportateurs d’hévéa voudraient être associés aux discussions sur les différentes problématiques de la filière avec le ministère en charge de l’Agriculture et le Conseil de l’hévéa et du palmier à huile.

Il convient de noter que l’Union des exportateurs d’hévéa, ce sont 400 emplois directs et 2000 emplois indirects.

Elle exporte 150000 tonnes de fonds de tasse par an. Et réalise un chiffre d’affaires annuel de plus de 120 milliards de Fcfa. Elle a été créée en 2023.



Le 26/05/24 à 18:53
modifié 26/05/24 à 18:53