Dr Brahima Koné (Anader) : « Il faut une volonté politique pour promouvoir la culture hors sol »

Le directeur de la formation et de la documentation, Dr Brahima Koné visitant une culture hors sol
Le directeur de la formation et de la documentation, Dr Brahima Koné visitant une culture hors sol
Le directeur de la formation et de la documentation, Dr Brahima Koné visitant une culture hors sol

Dr Brahima Koné (Anader) : « Il faut une volonté politique pour promouvoir la culture hors sol »

Le 25/10/23 à 18:52
modifié 25/10/23 à 21:00
Face aux récurrents conflits fonciers, la culture hors sol est une technique culturale qui s'impose comme une solution. Toutefois, sur le terrain, elle est peu usutée. Dans cette interview, le directeur de la formation et de la documentation, par ailleurs directeur du centre de formation de Bingerville, explique pourquoi, il faut vulgariser cette culture.
Quels sont les avantages de la culture hors sol ?

L’anader est une agence spécialiste de la culture hors sol. Au niveau du centre de formation de Bingerville, nous faisons la promotion de la culture hors sol appelée également culture hydroponique. C’est une culture de plantes réalisée sur substrat neutre et inerte. Le substrat est régulièrement irrigué d'un courant de solution qui apporte les sels minéreaux et les nutriments essentiels à la plante. Cette culture comporte des avantages à trois niveaux.

Au plan économique, cette technique permet une économie d’eau et d’engrais, favorise une augmentation du rendement et contribue à la réduction considérable de la main d’œuvre.

Le système de goutte à goutte permet l’irrigation directement au pied de chaque plante. Ce qui fait qu’il y a moins de gaspillage.

En outre, la culture hors sol offre de nombreux avantages au plan environnemental.

Ainsi, elle élimine les problèmes liés au sol. Elle aide une gestion rationnelle et efficiente de l’eau par l’utilisation des systèmes d’irrigation goutte à goutte. Cette culture facilite le recyclage par l’utilisation de matériel de récupération (bouteille d’eau, sac, etc..), et du compost à base de résidus de récolte et de déchets d’animaux. Cette technique culturale contribue à la protection de la nappe phréatique car les résidus d’engrais chimiques n’ont pas accès au sol directement. Elle aide à la réduction de la pression exercée sur les terres arables.

Culture ors sol
Culture ors sol



Enfin au niveau technique, la culture hors sol est une simplification des techniques culturales. Elle offre une meilleure qualité des produits et protège l’environnement contre les résidus de pesticides, car cette technologie utilise très peu de produits chimiques.

Par ailleurs, la culture hors sol permet de resolver certaines problématiques auxquelles sont confrontés les producteurs sur le terrain, dans notre pays. Il s’agit notamment de l’accès à la terre. Quand on prend le cas de la gente féminine, celle-ci n’a pas accès à la terre. Et quand même elles ont y ont accès, il n’est toujours pas évident que cette terre soit fertile. Pour ce faire, il faut souvent des travaux qui accompagnent la mise en place d’une culture notamment l’arrosage. Avec la culture hors sol, on évite tout cela, ce qui réduit la pénibilité du travail.

Vous avez indiqué que cette culture a une rentabilité plus forte. Dites pourquoi ?

La culture hors sol peut permettre de produire trois fois plus que les autres types de culture. Ensuite, les produits issus de la culture hors sol entrent plus vite en production. Ce qui peut permettre à l’agriculteur de produire davantage. Enfin, les produits issus de cette culture sont plus saints.

Quels sont les inconvénients de cette culture ?

Le seul frein à la culture hors sol, ce sont les investissements qui sont un peu élevés. Il y a également que la pratique de la culture hors sol est conditionnée par une technicité avérée. Ce qui suppose une formation obligatoire.

Combien coûte un investissement de culture hors sol ?

L’investissement, c’est entre 3 et 4 millions F CFA . Mais, comme la rentabilité est forte, alors on peut amortir facilement les investissements en deux ou trois cycles. En outre, on peut regrouper des jeunes afin de rendre l’investissement moins lourd.

Enfin, on peut aussi adapter la technique pour réduire les coûts. D’autres jeunes l’ont fait dans certaines localités.

Outre l’investissement, que faut-il pour pratiquer cette culture ?

Pour bien pratiquer la culture hors sol il faut être bien formé, avoir un espace bien aéré et clôturé avec un point d'eau potable. En outre, il faut disposer de moyens financiers pour l'installation et le fonctionnement du module et avoir une main d'œuvre.

Pourquoi la culture hors sol ne décolle pas ?

La culture hors sol ne décolle pas parce qu’il n’y a pas de volonté politique .

Comment parvenir à démocratiser cette technique culturale en Côte d’Ivoire ?

L’Anader a installé son dispositif. Il y a des unités-pilote installées à Bingerville et à Kotobi. Il revient aux conseils régionaux et aux mairies de financer la formation des jeunes afin de rendre cette culture accessible à tous. Dans ce sens, le district autonome du Bélier a installé des jeunes à l’Anader. Il revient à d’autres structures de suivre cet exemple.

Pour promouvoir davantage cette culture, il faut sensibiliser les collectivités locales à insérer cette méthode de culture dans leur politique d'intégration des jeunes dans le tissu économique et aussi dans l'autonomisation des femmes. Au plan national, à travers le ministère de la Promotion de la jeunesse, de l’insertion professionnelle et du service servique, il faut former et installer les jeunes issus des écoles d’agriculture.

Réalisée par Ahua Kouakou



Le 25/10/23 à 18:52
modifié 25/10/23 à 21:00