Koumassi : Quand la monnaie est source de discorde entre passagers, chauffeurs et caissières

Les populations se retrouvent en ce lieu pour emprunter des véhicules de transport en commun, communément appelés ″Warren″, afin de se rendre aux lieux de leurs occupations respectives.
Un homme, la quarantaine révolue, le visage tout en sueur et vêtu d’un pantalon marron assorti d’une chemise blanche, se presse vers les guichets.

Bien qu’ayant un ticket lui donnant droit au voyage, il s’est vu refuser l’accès au véhicule car au verso de son ticket, il est inscrit en stylo "200 FCfa". Une somme qui doit lui être remise en guise de monnaie.
Déjà en retard pour son activité de commerce, M. Traoré K., vendeur au "marché Forum" d’Adjamé, vient implorer la caissière pour qu’une solution soit trouvée. « Madame, puis-je avoir ma monnaie s’il vous plait ? Le chauffeur refuse de me prendre parce qu’il y a plusieurs autres passagers à qui il doit la petite monnaie », supplie-t-il.

La caissière, d’un ton insolent, lui lance « débrouille-toi ! Je n’ai pas de la monnaie ». Le vendeur piaffant d’impatience réplique : « Reprenez votre ticket et redonnez-moi mon argent ». « Revends toi-même le ticket. Moi, je ne suis pas là pour ça », répond la caissière, sous un effet de colère.
Pourtant, plusieurs clients venaient à peine de lui remettre la monnaie exacte sous le regard impuissant du client.

Discussions et disputes
Cette discussion houleuse entre M. Traoré K. et la caissière n’est pas anodine. C’est le constat qui est fait chaque jour dans cette gare entre les caissières et les passagers qui la fréquentent.
Du guichet aux véhicules, le constat est le même, le manque de monnaie. Nombre d’usagers reviennent vers les véhicules avec des tickets estampillés 100f, 200f, 300f au verso. Ce qui représente la monnaie à rendre aux différents passagers selon la destination.

L’écriteau des caissières fâche aussi les chauffeurs. « Comment vais-je trouver la monnaie ? », se demande l’un des chauffeurs de la ligne Koumassi-Adjamé (Liberté-Renauld).
Agacé, il se tourne vers le guichet. Celui-ci revient à son véhicule avec l’argent représentant son chargement et le reliquat des clients en billet.
« Il n’y a pas de monnaie (200 FCfa pour chacun). Je suis obligé de vous ‘‘associer’’ pour la monnaie. Sinon, si quelqu’un à 300 FCfa qu’il me les donne pour faciliter la tâche », fait savoir le chauffeur.

La situation de manque de monnaie provoque quelquefois de fortes violences qui dégénèrent en dispute entre clients, chauffeurs et caissières.
Quand la monnaie se vend
Akouba Géneviève, restauratrice à Koumassi, a sa méthode pour contourner le souci de monnaie. « Moi, je ne donne jamais la monnaie aux caissières car elle la garde par devers elles pour ensuite la revendre en fin de journée », indique-t-elle.
Avant de souligner qu’elle « préfère garder sa monnaie pour la remettre au chauffeur, afin de lui faciliter la tâche pour un départ plus rapide ».
La version d’Akouba Géneviève, selon laquelle la monnaie est vendue en fin de journée, est confirmée par Grâce Yao, coiffeuse au quartier campement de Koumassi.
« Elles gardent la monnaie pour la revendre », soutient-elle. Avant de souligner que clients, caissières et chauffeur n’ont pas à se battre pour de la monnaie. Pour elle, tout est une question de compréhension.

Des agents de caisse interrogés le lundi 21 août 2023, ont refusé de se prononcer sur cette situation qui plombe la fluidité du transport. Ils préfèrent se réfugier dans leur box de bureau. Le hic, c’est que cette situation semble ternir la mission de ladite gare qui vise à fluidifier le transport dans cette commune.

Notons que la gare routière intercommunale "Gare Yaya Fofana" a été offerte par la municipalité de Koumassi, dirigée par Cissé Ibrahim Bacongo, pour réorganiser le transport au sein de la commune. Elle a été inaugurée le mercredi 15 janvier 2020.
Melaine KONDON (Stagiaire)