Thaïlande: Voyage au pays où le riz est roi
- C’est où ça ?
- En Asie
- Quelle partie de l’Asie ?
- En Thaïlande
-Tu ne pouvais pas dire ça simplement
- Envoie-moi du riz alors
Assurément, l’élément qui identifie le plus le pays des Thaïs (ethnie majoritaire et langue nationale de la Thaïlande), c’est le riz. Et ce n’est pas surfait. Le riz ici n’est pas simplement l’alimentation de base. C’est une culture.

En Thaïlande, toutes les invitations portent sur un plat : le riz.
La notion de pluralité de mets est structurée en pays thaï autour du riz. D’abord quel riz, ensuite de quelle qualité et enfin de quelle année.
A Bangkok, on ne vous invite pas à manger attiéké, alloco, foutou igname, placali, kabato ou du kpléba, comme on le ferait à Abidjan. En Thaïlande, toutes les invitations portent sur un plat : le riz.
Toutes les régions ont leur riz. Cependant, il ne s’agit pas du même riz partout. Chaque région a son riz. Parce que chaque terre produit un riz différent par le goût.
L’espèce de riz la plus connue est le jasmin. Non pas le parfum de la plante. Le riz jasmin ne vient pas de la fleur éponyme, mais tire sa saveur naturellement du sol où il est cultivé. Un sol à part pour un riz à part qui a conquis une bonne partie du monde. Et donné à la Thaïlande sa réputation mondiale de premier exportateur de riz de qualité.
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Le riz jasmin, long grain parfumé, est appelé ici Khao Haom Mali. Mali signifiant en langue thaïe jasmin. Il est principalement produit dans la région de Surin, aux abords de la frontière cambodgienne, où les terres, arrosées par l’eau de la mousson et le fleuve Mékong, lui donne son parfum.
Il y a des restaurants étoiles et des hôtels huppés européens et américains qui exportent des riz spécifiques de la Thaïlande.
Le goût selon l’année de production
Vous voulez quel riz ? Celui de l’année dernière ? D’il y a deux ans ou le riz de cette année ? Je n’ai rien compris dans les explications sur la différence de goût du même riz selon son année de production. Au goûter non plus. Mais les Thaïlandais détectent, même du regard, l’année de production. Ou plus exactement, le temps mis à le conserver. Peut-être qu’un amateur de vin aurait mieux pigé. Une certitude, le Thaïlandais se retrouve. Et s’efforce de le démontrer à ses hôtes.

Riz brisé ou cassé deux fois, venez faire la fête
Il ne sort pas de terre mais d’usine. Le riz cassé une fois ou deux fois l’a été en usine. A l’origine, les Thaïlandais procédaient à diviser le grain de riz pour rendre plus rapide sa cuisson. Aujourd’hui, ce riz dont les grains ne sont plus entiers fait partie de la gamme la plus exportée. Ses sacs d’emballage sont estampillés ‘’riz brisé’’ ou riz ‘’cassé’’.
Mes interlocuteurs thaïlandais qui ne tarissent pas d’éloges sur ce riz le présentent comme très bénéfique pour la santé parce que peu calorique, mais en même temps plein d’énergie pour les muscles. En plus d’être facile à digérer, il serait très bon pour les sportifs. J’ai quand même souri un peu, la Thaïlande n’étant pas un pays mondialement connu pour la pratique du sport de haut niveau.
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Riz sauce feuille... de riz. De la tige aux racines, on mange tout
Le repas que j’ai pensé identique à un mets ivoirien est un plat de riz sauce feuille. Je ne me suis pas trompé. Sauf que les feuilles qui ont servi à faire la sauce sont des feuilles de... riz.
Le plant qui donne le riz est entièrement consommé en Thaïlande. Les racines et les feuilles vont dans les sauces. Et les traditionnels assaisonnements.
Le grain et la coque sont exploités pour le repas, les gâteaux et même les biscuits.

Fête de riz, bière et liqueur de riz, biscuit et gâteau de riz
Entrée, plat de résistance, dessert. Une constance, le riz omniprésent. L’apéritif est fait à base de riz, la sauce qui accompagne le plat de riz est aussi à base de feuilles de riz. A certains endroits, on sert même du jus de riz ou de bière faite avec du riz aux invités. On se saoule au riz !
Le riz en Thaïlande, c’est une tradition. On fête le riz comme on fête l’igname en pays akan.
Chercheurs, archéologues, sociologues et tant de scientifiques étudient le riz.
Quand un pays tire des ressources énormes d’une culture, c’est normal que ses agronomes et autres scientifiques lui consacrent leurs études. Mais en Thaïlande, le riz n’est pas seulement un sujet de recherche des ingénieurs. La passion du riz absorbe aussi des sociologues et même des archéologues. Qui ont fouillé et retrouvé des vestiges datant de plusieurs milliers d’années. Notamment des poteries et des outils à cultiver. Leur conclusion, la culture du riz en Thaïlande remonte à... cinq mille cinq cents ans.
Durant ce long parcours, les Thaïlandais ont rivalisé de génie pour trouver une kyrielle de moyens pour donner plus de saveur au riz nature. Et aussi une myriade d’utilisations à partir des grains ou de la farine.
Envoyé spécial