Port autonome d’Abidjan : Infernale, la traversée de la voie principale

carrefour  gestoci (2)
carrefour gestoci (2)
carrefour gestoci (2)

Port autonome d’Abidjan : Infernale, la traversée de la voie principale

Le 29/05/23 à 16:11
modifié 29/05/23 à 16:11
De Vridi Sir au feu du Chu de Treichville, par la voie principale du Port autonome d’Abidjan, pendant les jours ouvrables, l’on peut facilement y passer entre 2 et 3h de temps.

C'est ce calvaire que Koné Bakary, conducteur de gros camion d’une société de gaz, vit presque tous les jours.

Ce que nous pouvons appeler une « mauvaise aventure », notre équipe de reportage l’a vécue dans la journée du vendredi 27 mai 2023, de 10 h 01 min à 12h 45 min pour une distance de 500 mètres. C’est-à-dire du terminus du bus 19 à Vridi canal, à quelques mètres de l’entrée de la Gestoci.

Ne pouvant plus continuer ce périple, nous étions obligés de rebrousser chemin à l'instar de plusieurs personnes. Mais avant, à pied, nous avons vécu la souffrance des usagers.

Un véritable calvaire pour les usagers (Dadié Véronique)
Un véritable calvaire pour les usagers (Dadié Véronique)



Le cas de Mme Raphaëlla Champroux qui allait pour une course dans une société au sein du Port était patent.

« Cela fait 1h de temps que je suis dans cet embouteillage sans vraiment bouger. Je ne peux plus continuer, car je dois aller au service à l’aéroport. Donc je retourne. Je vais dégager une journée entière pour cette course. Parce qu'avec ce que je vois, je risque de ne pas travailler aujourd’hui. Pourtant, je n’ai pas demandé de permission pour cette course », a-t-elle raconté en prenant la direction du retour. Là encore, dans un autre ralentissement.

Sans attendre, M. Alain Koffi, fatigué de somnoler sur la direction de son véhicule, décide de rebrousser chemin comme dame Raphaëlla. Il prend l’autre sens et se retrouve dans le ralentissement du retour.

Un embouteillage sans aucune issue (Dadié Véronique)
Un embouteillage sans aucune issue (Dadié Véronique)



Les bus et les wôrô-wôrô sont très rares sur la voie, et c’est la galère pour les élèves et travailleurs de la zone

Zobaigo Miriatou est élève en classe de 5e1 dans un établissement privé non loin du pont de Tripostal. Ses camarades de classe et elle font la distance de 8 Km à pied jusqu’à leur quartier Vridi cité. « Nous marchons parce que nous n’avons plus de bus. Avec les embouteillages, les bus ne viennent plus ici. Les taxis communaux aussi n’empruntent plus cette voie. Nous souffrons. Tous les jours et ce, depuis trois mois, nous sommes obligés sous la pluie et le soleil de marcher pour nous rendre à l’école et retourner à la maison », raconte l’élève.

Cette élève fatiguée demande la réhabilitation de la voie (Photo Dadié Véronique)
Cette élève fatiguée demande la réhabilitation de la voie (Photo Dadié Véronique)



C’est le même cas pour dame Solange Silué. « Habituellement, j’emprunte soit le bus ou le wôrô-wôrô. Mais depuis des mois, nous sommes obligés de marcher pour aller au travail. J’habite Port-Bouët phare. Le wôrô-wôrô nous laisse au terminus du bus 19 et nous faisons le reste du chemin à pied. C’est au moins 7 Km jusqu’au lieu du travail », explique Solange Silué qui implore le Seigneur de venir en aide aux usagers de cette voie.

Ces enfants obligés de faire la distance à pied (Photo Dadié Véronque)
Ces enfants obligés de faire la distance à pied (Photo Dadié Véronque)



L’état de cette voie aussi importante suscite des interrogations

A certains endroits de la voie, les eaux de ruissèlement « règnent » en maître. A une vingtaine de mètres de l’entrée de Gestoci, il a été déversé des gravats pour peut-être essayer de limiter les dégâts de la pluie qui a endommagé le bitume. A cet endroit, en lieu et place du bitume, ce sont des nids-de-poule ouverts comme des caniveaux.

Tout le long de la voie de la Sir à Tripostal, rien que des nids-de-poule. Certains diront que ce sont des trous béants qui attendent qu’on les bouche. Il suffit d’une petite pluie que l’on se croirait en pleine forêt amazonienne.

Cet usager, fatigué somnole sur la direction (Photo Dadié Véronique)
Cet usager, fatigué somnole sur la direction (Photo Dadié Véronique)



L'on consomme du carburant en perdant le temps

Dans cette ambiance où des poids lourds sont stationnés de part et d’autre de la voie avec des vrombissements de moteur et des coups de klaxons, des gens qui continuent le chemin sont patients dans leurs véhicules. Certains écoutent de la musique pour passer le temps.

Dans cette galère avec une chaleur suffocante pleine de poussière, ceux qui ont la chance d’avoir leur véhicule climatisé, essaient d’être à l’aise même si le cœur bat. Parce que le carburant diminue.

C’est pourquoi, Djirabou Zéphirin dira que non seulement son temps est pris, en plus, son carburant qui était destiné à faire cette course du port et après le Plateau, est en train de finir.

« Je suis dans une galère. Je suis bloqué, mon temps est compté, en plus mon carburant est en train de finir. Pourtant après le port, j’ai une autre course à faire au Plateau. Et là, je suis obligé d’arrêter le moteur quand je ne bouge pas pour essayer d’économiser le carburant », explique M. Djirabou.

Comme lui, plusieurs usagers exacerbés grognent. « Je ne sais même pas ce que l’Etat attend pour réhabiliter cette voie. Pourtant c’est quand même notre zone portuaire. Et nous sommes fières puisque toute la sous-région se ravitaille ici », s’exprime Mme Hien épouse Gnaléko. Qui prie les autorités ivoiriennes de penser à la réhabilitation de cette voie.

Un usagers fatigué demande la réhabilitation de la voie (Dadié Véronique )
Un usagers fatigué demande la réhabilitation de la voie (Dadié Véronique )



Vivement que l’Etat réhabilite les voies du « poumon » de l’économie ivoirienne

Tous les usagers interrogés ont abondé dans le sens. Que l’Etat construise cette voie qui est importante au même titre que toutes les autres voies d’Abidjan.

« Je suis fatigué à cause de l’embouteillage et de l’état de la route. Cela fait presque 2h de temps que je suis dans cet embouteillage. Je suis venu de Yopougon descendre une cliente à la Sicta. Et me voici depuis 2h bloqué. Vivement que les autorités compétentes réhabilitent cette voie qui est au cœur de notre économie », appelle Sanogo Aboubacar, chauffeur de Vtc.

« Nous demandons au Président de la République de réhabiliter cette route pour nous aider », plaide l’élève Zobaigo Miriatou.



Le 29/05/23 à 16:11
modifié 29/05/23 à 16:11