Portrait/Priya : La cuisine indienne sur le bout des doigts

Vetriselvan Janny Priya
Vetriselvan Janny Priya
Vetriselvan Janny Priya

Portrait/Priya : La cuisine indienne sur le bout des doigts

Le 22/05/23 à 18:40
modifié 23/05/23 à 12:52
La cuisine indienne est un voyage gustatif et olfactif, mais aussi un plaisir visuel. Et c'est ce à quoi Vetriselvan Janny Priya occupe son quotidien.
Née en Côte d’Ivoire, à Abidjan, en 1987, loin de la terre de ses ancêtres, elle a hérité cette passion de son père qui y est installé depuis 1974. Arrivé sur les bords de la lagune Ébrié il y a 48 ans, Anthony Raj (75 ans aujourd’hui) s’est mis dans la restauration, spécialité indienne.

Depuis 1980, il est le fournisseur des supermarchés en samoussas, nems et beignets. Sa fille a élargi cette gamme de recettes avec des plats du sud de l’Inde.

Aujourd’hui, après avoir fait ses études secondaires au collège Voltaire et un BTS en Voyage et Tourisme, elle a préféré marcher sur les traces de son paternel. La directrice de Diya Snacks s'est assigné la mission de perpétuer la tradition familiale.

Briyani au poulet
Briyani au poulet



« Mon père est venu à Abidjan pour travailler dans un restaurant indien. C’est comme ça qu’il s’y est installé », raconte-t-elle à l’occasion d’un entretien le 17 mai à Marcory.

Teint bronzé, visage ovale et de taille moyenne, comme la majorité des Indiens Tamoul (population du sud de l’Inde), avec entre les sourcils un « point rouge » qu'on appelle « pottu » ou « bindi » qui symbolise le troisième œil, l'œil de la connaissance selon les Hindous.

Adepte de la religion hindoue, cette dame, mère de deux enfants, mariée à un Tamoul, concocte des recettes indiennes qu’elle commercialise au sein de sa communauté de plus de 3 500 membres.

Du goût et des couleurs

Le poulet tandoori (le poulet mariné avec les épices indiennes), le chapati (pain indien), le poori (pain frit) qui se mange avec la sauce korma à base de lait de coco et de cajou, le samoussa, les nems, les cutlets, les pilons de poulet, le briyani au poulet, la dosa (crêpe salée), la sauce aux lentilles (sambar), la sauce de coco, la sauce de poulet (à base de lait de coco et noix de cajou), le chutney (sauce à base de la noix de coco), etc.

À l’instar de toutes les cuisines, celle de l'Inde est à la fois une géographie, une histoire, une lutte contre la faim, une volupté et une sociologie.

Comme le pays est très grand, qu’il jouit de climats contraires et que sa population est culturellement composite, sa gastronomie est extrêmement variée. « Les repas que nous cuisinons sont prisés par nos clients. Ils aiment les samoussas, les beignets, les nems et autres. Je suis le fournisseur des grandes surfaces ivoiriennes », fait savoir Priya.

Cuisine indienne : De père en fille

Responsable de cette entreprise familiale, elle fait la promotion des plats Tamoul. « Nous, Indiens du sud, consommons beaucoup la noix de coco. On l’utilise en sauce. On a la sauce de poulet au curry. C’est écrasé fraîchement. Nous faisons une sauce avec du gingembre. On a également le garam masala qui est un mélange d'épices torréfiées et réduites en poudre, originaires de l'Inde. En hindi, garam signifie «chaud» et masala « mélange ». Ce mélange comporte toutes les épices. Il est très important dans la cuisine indienne », explique-t-elle.

La sauce de poulet fait à base de cajou, de coco et de curry appelée Garam masala n’a pas de secret pour Priya. Une recette simple et rapide à faire de la cheffe, surtout si le curry indien fait maison. En effet, ce plat se prépare en 15 minutes, ce qui vous laisse le temps de faire un délicieux riz aux épices pour l'accompagner. Priya souligne que les plats indiens sont dominés par les épices. Et de mentionner qu’aucun repas indien ne peut manquer de curcuma, gingembre et ail frais écrasé ; de curry doux, de curry fort à l'ancienne, de cardamome verte, de coriandre et de cumin en grains.

« La cuisine indienne est réputée pour ses saveurs fortes et riches en piquant. On mange très épicé», affirme-t-elle. Son défi actuel: promouvoir la culture Tamoul en Côte d’Ivoire à travers sa gastronomie. « Nous faisons beaucoup de mélanges. Ce sont les épices qui font l’Inde », dit-elle fièrement. Et d'ajouter : « Aucun repas indien ne peut manquer d’ail, d’anis, de clou de girofle et autres. Le curry, c’est la base indienne». Les Indiens aiment aussi les desserts sucrés fait essentiellement de ghee (beurre clarifié), un mets qui ne manque pas dans leur cuisine.

Les samoussas.
Les samoussas.



Très appréciés par la communauté Tamoul à Abidjan, la plus importante d’ailleurs, les mets indiens sont aussi prisés par les Ivoiriens, les Européens et les Asiatiques.

Priya qui a fait de la Côte d’Ivoire sa deuxième patrie aime bien la cuisine ivoirienne. Elle ne se fait pas prier pour manger l’attiéké au poulet frit, le foutou à la sauce graine et bien d’autres succulents plats ivoiriens.

poulet au curry.
poulet au curry.



Même si chaque année, elle part en vacances en Inde pour se ressourcer, sa cuisine tamoul porte, par moments, les saveurs ivoiriennes. Comme pour relever le cousinage proche entre la cuisine indienne et celle de la Côte d'Ivoire. « J’ai grandi à Abidjan. Donc je consomme aussi les repas ivoiriens », confie-t-elle.



Le 22/05/23 à 18:40
modifié 23/05/23 à 12:52