Changement climatique, catastrophes naturelles: Alain Donwahi plaide pour un financement des économies fragiles par des dons

Alain Donwahi, président de la Cop 15. (Ph: Dr)
Alain Donwahi, président de la Cop 15. (Ph: Dr)
Alain Donwahi, président de la Cop 15. (Ph: Dr)

Changement climatique, catastrophes naturelles: Alain Donwahi plaide pour un financement des économies fragiles par des dons

Le 23/11/22 à 20:10
modifié 24/11/22 à 14:12
Le président de la Cop 15, Alain-Richard Donwahi, a pris part à la 27e session de la Conférence des parties à la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (Cop 27), qui s’est tenue du 6 au 18 novembre 2022, à Sharm-el-Cheik en Egypte.

En marge des grandes négociations, l’ex-ministre ivoirien des Eaux et Forêts a accordé à TV5, la chaîne de télévision internationale francophone, une importante interview. Au cours de cet entretien, l’officiel ivoirien a soutenu : « le financement doit être juste. Financer des économies fragiles. Pas par des prêts parce que les prêts vont fragiliser les pays déjà en situation difficile. Il faut donc financer par des dons le plus possible ».

Alain-Richard Donwahi répondait ainsi à une question du journaliste de TV5 sur les 100 milliards de FCfa promis aux pays fragiles lors de la Cop à Copenhague. Un montant qui n'a toujours pas encore été débloqué. À cela s'ajoutent aujourd'hui les 326 milliards FCfa au titre des catastrophes naturelles.

Pour le président de la Cop 15, les pays qui ont besoin de financement doivent être capables de présenter des projets finançables. « Il ne faut pas rester au stade des idées. Si nous voulons être concrets ».

À en croire M. Donwahi, il y a des raisons qui expliquent le non-décaissement des financements. « Et il faut être capable de porter la voix des communautés. Il est indispensable que les financements arrivent aux communautés. Il faut que les projets financés soient capables de transformer leurs vies. Nous avions pensé que la sécheresse était l'apanage des pays pauvres, force est de constater qu’aujourd'hui, la sécheresse touche tous les pays de la planète. Tout le monde est conscient que l'urgence est une question de sécurité à tous », note-t-il. Et d’ajouter que les financements existent. Mais, il faut plus de flexibilité pour que les projets puissent aboutir. C’est pourquoi Alain Donwahi propose des accords attrayants pour tous.

En sa qualité de président de la Cop 15 et pendant son mandat, Alain Donwahi veut s'atteler à faire en sorte que l’ambitieux projet, qui est celui de la grande muraille verte, allant du Sénégal à Djibouti avance avec une coordination des différents États.

Lors de cet entretien, Alain Donwahi est revenu sur « Abidjan Legacy Program » qui est un projet innovant pour les pays qui ont fondé leur développement sur l'agriculture. « Il y a quatre composantes. La première est celle de la lutte contre la déforestation et donc touche à la reforestation. La deuxième composante traite de la durabilité de l'agriculture, c'est-à-dire, transformer notre agriculture durable avec de nouveaux modes de production. La troisième composante s'attache aux chaînes de valeurs. Renforce les chaînes de valeur existantes. Et la quatrième va traiter des nouvelles chaînes de valeurs. C'est un modèle de développement qui devrait permettre à tous ces pays de non seulement continuer à être des producteurs agricoles, mais de faire en sorte que l'agriculture soit durable, c'est-à-dire qu’elle ne détruise plus les forêts », explique-t-il.

Passer d’un couvert de 10% à 20% en 2030

C’était aussi l’occasion pour l’ex-ministre des Eaux et Forêts de décliner la nouvelle politique forestière de la Côte d’Ivoire. Il s’agit pour le gouvernement ivoirien, non seulement de doubler son couvert forestier qui avait été détruit à 80%, en grande majorité par le développement de l'agriculture, mais de continuer à faire de l'agriculture tout en reforestant, en introduisant l'agroforesterie, des techniques agricoles qui permettent une intensification des productions. Donc un changement de culture agricole.

L’objectif est d’atteindre sur les dix prochaines années un niveau d’équilibre, passer d'un couvert forestier qui est de 10% aujourd'hui à 20% en 2030. « Donc c'est une politique qui a été volontariste, mais qui a été réaliste. Il ne s'agissait pas de dire qu’il faut bannir l'agriculture. Mais il faut faire en sorte que l'agriculture soit compatible avec la reforestation », souligne-t-il.


Le 23/11/22 à 20:10
modifié 24/11/22 à 14:12