Nangui Gnaba Magès, chef du village de Songon Dagbé: "Les arrêtés préfectoraux ont mis fin au bicéphalisme dans les villages atchan"

Nangui Gnaba Magès, chef du village de Songon Dagbé. (Ph: Dr)
Nangui Gnaba Magès, chef du village de Songon Dagbé. (Ph: Dr)
Nangui Gnaba Magès, chef du village de Songon Dagbé. (Ph: Dr)

Nangui Gnaba Magès, chef du village de Songon Dagbé: "Les arrêtés préfectoraux ont mis fin au bicéphalisme dans les villages atchan"

Le 04/09/22 à 23:48
modifié 04/09/22 à 23:48
Les villages atchan ont été confrontés à des problèmes de chefferie ces dernières années. Désormais des arrêtés préfectoraux sont délivrés pour mettre fin aux litiges. Le chef du village de Songon Dagbé en parle.
Quelle est la situation actuelle de la chefferie en pays atchan ?

De façon générale, tous les chefs ont aujourd’hui leur arrêté préfectoral. Je n’ai pas la situation exacte au niveau des chefferies d’Abidjan et de Bingerville. Mais en ce qui concerne Songon, sur 20 villages, 18 ont obtenu leur arrêté préfectoral. Une chose qui n’existait pas.

Justement, quelle était la situation avant ?

Avant la délivrance des arrêtés préfectoraux, la situation était confuse au niveau de la gestion des villages atchan. Il y avait en général deux chefs parce que deux groupes de personnes s’opposaient. Chacun aspirant au pouvoir et estimant être le plus à même de diriger le village. C’est donc cette situation qui a prévalu jusqu’à ce que les arrêtés préfectoraux viennent mettre fin au bicéphalisme dans les villages atchan.

Qu’en était-il à Songon-Dagbé ?

Concernant notre village, ce qui s'est passé pouvait être évité. En pays atchan, le pouvoir s’exerce par génération. Et il y a quatre catégories de génération qui comptent chacune quatre classes d’âge, à savoir les Djehou (plus âgés), les Dongba (moins âgés), les Agban et les Assoukrou (benjamin). Lorsqu’une génération finit sa gestion, une autre prend le pouvoir. Ainsi donc, la génération sortante était la génération Dougbô. Elle a fini de gérer et a passé la gestion aux Tchagba qui sont actuellement aux affaires. Avant que le choix ne soit porté sur ma personne, des propositions de candidats ont été faites par chacune des quatre classes d’âge de la génération Tchagba. Une réunion a, par la suite été organisée par le doyen d’âge du village pour choisir ceux à même de diriger le village, afin de les soumettre au patriarche du village qui a la dernière décision. Ce dernier a porté son choix sur ma personne, et a fait la libation et la prière qui marque la fin du processus. Avant de me présenter à l’administration pour entériner le choix du village. C’est ce qui a été fait. Malheureusement après tout ce processus, un autre groupe qui aspirait aussi au pouvoir sans forcément respecter la démarche, mais qui avait ses soutiens s’est proclamé chef. Cela a créé un bicéphalisme qui n’avait vraiment pas lieu d’être. C’est ainsi que l’administration a tranché par un arrêté préfectoral.

Alors comment vous sentez-vous dans votre rôle après ce document ?

Aujourd’hui, je me sens très bien parce que justice a été rendue. La population a fait son choix à plus de 90% selon les us et coutumes. Et l’administration est venu entériner ce choix. Je ne peux que me sentir bien. Car tout ceci s’est passé sans heurts. C’est d’ailleurs l’occasion pour moi de féliciter l’administration mais aussi mes frères qui s’étaient mis dans l’adversité.

Parlant de vos adversaires, quels sont vos rapports aujourd’hui ?

Le ministre-gouverneur Robert Beugré Mambé a, au cours de la cérémonie d’investiture du bureau des commerçants dont il était le parrain, donné un conseil très sage. Celui de gouverner en tendant la main à tous ceux qui sont susceptibles d’apporter un plus pour le bonheur du village. C’est dans cette démarche que je m'inscris. C’est notre village à tous et s’il y a eu cette lutte pour le trône, c’est parce que chacun estime qu’il a quelque chose à apporter. En tant que chef, j’ai donc besoin de tous ceux-là pour faire avancer le village. Je n’ai pas d’ennemies, nous sommes tous des frères et je suis prêt à travailler avec tout le monde pourvu que chacun vienne avec un bon esprit et dans l’intérêt du village.


Le 04/09/22 à 23:48
modifié 04/09/22 à 23:48