François Akondé (Pdt de la Fédération ivoirienne de pentathlon moderne, porte-parole du collectif Réinventer l’Olympisme ivoirien): "Le Cno va vers un vide juridique et institutionnel"

François Akondé, président de la Fédération ivoirienne de pentathlon moderne, porte-parole du collectif Réinventer l’Olympisme ivoirien. (Ph: Dr)
François Akondé, président de la Fédération ivoirienne de pentathlon moderne, porte-parole du collectif Réinventer l’Olympisme ivoirien. (Ph: Dr)
François Akondé, président de la Fédération ivoirienne de pentathlon moderne, porte-parole du collectif Réinventer l’Olympisme ivoirien. (Ph: Dr)

François Akondé (Pdt de la Fédération ivoirienne de pentathlon moderne, porte-parole du collectif Réinventer l’Olympisme ivoirien): "Le Cno va vers un vide juridique et institutionnel"

Le 07/03/22 à 20:11
modifié 07/03/22 à 20:11
Le Comité national olympique de Côte d’Ivoire devrait tenir son assemblée générale élective le 17 mars 2022.
Que pensez-vous de la situation du Comité national olympique de Côte d’Ivoire qui va vers un vide institutionnel ?
Le mandat de l'actuel bureau exécutif prend fin le 17 mars 2022, car le président Lassana Palenfo avait été réélu le 17 mars 2018. Il n’a pas convoqué l’Ag électorale alors que comme le prescrit l’article XVIII, « l'assemblée générale doit être convoquée au moins un mois avant la date prévue ». Donc à partir du 17 mars 2022, un vide juridique et institutionnel s’installera et notre Cno entrera, comme ce fut le cas en 2018, dans une zone d’incertitude, voire de turbulences.

Est-ce pour cette raison que vous avez créé le mouvement« Réinventer l’Olympisme ivoirien » ?

Il est clair que nous avons l’ambition de briguer la présidence du Comité national olympique de notre pays. C’est une ambition légitime. Mais on ne se lève pas un petit matin pour annoncer sa candidature. C’est pourquoi nous avons réfléchi et mis en place « Réinventer l'olympisme ivoirien ». Certains ont pris ce beau slogan au premier degré. Mais pour nous, il s’agit d’une profession de foi comme peuvent être les slogans pour tracter des groupes humains vers le haut tels que " vivre ensemble," le bonheur pour tous....". Un simple credo, l’intitulé de notre programme. Il s'agit de bâtir sur les fondamentaux légués par les pères fondateurs pour les améliorer et leur ajouter une plus-value. Une vision qui va s’inspirer des projections audacieuses de grands dirigeants sportifs ivoiriens, qui ont gravé leurs noms dans le marbre de l’histoire sportive de notre pays par des idées novatrices, tels qu’Augustin Sidy Diallo, imités aujourd’hui par leurs cadets dont Bamba Cheick Daniel au taekwondo et Mahama Coulibaly au basket-ball. "Qui n'avance pas, n’innove pas, ne réinvente pas, recule".

Combien de membres revendique ce collectif de présidents ?

Le collectif « Réinventer l’olympisme ivoirien » est composé pour le moment de 19 fédérations. Des hommes indépendants qui veulent juste que le Cno soit géré autrement.

Certains y voient un combat contre le général Lassana Palenfo...

Ils se sont gravement trompés. Car le général Palenfo est un aîné que nous respectons tous. Nous ne laisserons personne attenter à sa personne ou dégrader son image. La seule chose que nous lui demandons respectueusement, c’est d’écouter la voix de la sagesse qui l’a amené à ne plus être candidat à sa succession en convoquant rapidement les 26 fédérations olympiques à une réunion pour définir un processus électoral inclusif et transparent et organiser dans un mois des élections inclusives et transparentes, dignes de l’Olympisme et de son charisme. Nous souhaitons également qu’une liste électorale fondée uniquement sur les 26 Fédérations de Sports Olympiques soit élaborée, comme le stipule le règlement intérieur de l’institution en son article XV : « Le collège électoral du Cno est défini par les articles 14 et 16 des statuts. Il est constitué par le président et les présidents des fédérations membres ». Il faut surtout laisser le soin au nouveau président et son Comité exécutif d’organiser le toilettage des textes actuels du Cno Côte d’Ivoire. C’est ce que, après avoir tout donné, le président Palenfo que nous vénérons tous peut offrir de beau, de grand à l’Olympisme ivoirien : son départ de la présidence sans tumulte, dans la grandeur et l’honneur.

Quelles sont les raisons profondes pour lesquelles vous défendez l’honneur du président Palenfo ?
Pour nous, le président Palenfo n’était pas obligé de dire qu’il souhaite passer la main. Cette hauteur de vue cadre parfaitement avec l’opinion publique favorable à cet homme d’Etat de grande stature, ce grand sportif dont toutes les bibliothèques numériques, Wikipedia, Google et lui-même retracent le parcours glorieux. Le Général Lassana Palenfo est désormais entré au Panthéon des illustres fils et filles de la Côte d’Ivoire qui ont donné plus que quiconque et marqué les heures de gloire du sport ivoirien dont Louis Guirandou N'Diaye (créateur et premier président du Cno-CI), Maurice Sery Gnoléba (Athlétisme), Roger Abinader (Cyclisme), Simplice Zinsou (Africa Sports), Alain Ekra et Alphonse Bilé (Basket), Henri Bourgouin (Boxe), Dieng Ousseinou ( 1ere Coupe d’Afrique des nations de football), Sidy Diallo (2e Coupe d’Afrique de nations de football), Roger Ouégnin (Asec Mimosas), Jacques Anouma (Fif) et récemment Bamba Cheick Daniel (3 médailles olympiques avec une d’Or), etc. C’est pourquoi le Collectif « Réinventer l’Olympisme ivoirien » s’interdit fermement ainsi qu’à toute personne et groupe de personnes d’écorcher, par des propos ou des publications, l’honneur et la dignité du Général Palenfo avant, pendant et après le renouvellement des instances dirigeantes du Cno CI.

A lire l’interview du président Palenfo, le chemin qui mène à l’assemblée générale est tortueux, avec un flou sérieux autour du collège électoral...
En effet, citant la Charte olympique, le président Palenfo Lassana précise que les membres des Comités nationaux olympiques sont les Fédérations nationales olympiques affiliées à une fédération internationale, agréées par le Cio, en règle avec la charte olympique. Ces fédérations sont représentées par leur président en exercice. Les membres des Cno, ce sont d'abord les fédérations en exercice, les athlètes en activité, les entraîneurs, les sponsors attitrés et le Comité d’organisation des Jeux olympiques (Cojo). Il dit, ensuite, que la Charte olympique « permet au Cio et aux Cno d’intégrer ou coopter pour leur qualité intrinsèque, d'autres membres (115 membre actifs). Selon ce que ces derniers peuvent faire pour l’expansion de l’esprit olympique dans nos pays respectifs et le monde entier... ». Tout cela est confus. Ça ressemble à un fourre-tout.

Concrètement, que disent les textes actuels du Cno Côte d’Ivoire sur la question ?
C’est que le règlement intérieur actuel qui en parle est sidérant de nébulosité, de flou artistique ! (Rires). En effet, l’article V de ce règlement intérieur dispose en ses termes que : "Le Comité national olympique de Côte d'Ivoire comprend des membres actifs et des membres honoraires. Les membres actifs sont, par leur fonction, membres ou anciens membres ivoiriens du Comité international olympique, à condition qu’ils n’aient pas été exclus du Cio en qualité de membre, président d’honneur à vie, membre honoraire ou membre d’honneur du Cio ; les membres ivoiriens, présidents, vice-présidents et secrétaires généraux des Confédérations africaines ou mondiales de sport. Il inclut également les présidents des Fédérations nationales de sport affiliées aux Fédérations internationales régissant des sports inclus dans le programme des Jeux Olympiques ou leurs délégués dûment mandatés. Les représentants de l’Association des athlètes actifs ou d'anciens athlètes ayant pris part à des Jeux olympiques. Bref.

Vraiment flou, tout ça là...
On ne sait plus, finalement, qui est simplement membre du Cno Côte d’Ivoire et qui est électeur. C’est tout cela qui nous gêne. Mais du point de vue pratique et opérationnel, on peut se demander comment bâtir une liste électorale avec un tel texte et se poser les questions suivantes : les 48 footballeurs qui ont participé à deux JO en 2008 et 2021 sont-ils électeurs ? Les 9 athlètes du taekwondo qui ont participé aux JO sont-ils électeurs ? Les judokas, nageurs, sprinteurs ...? Il faudra les retrouver, les inscrire et les faire voter par un mécanisme, car nombreux parmi eux résident hors de Côte d’Ivoire.

Depuis 2002, ces dispositions existent. Pourquoi a-t-on laissé faire jusqu’à ce qu’on arrive à cette situation ?
C’est là l’illustration concrète de l’esprit de haute considération et de profond respect que la communauté olympique nationale a voué au président Palenfo et qui sera entretenu par notre Collectif. Même lorsqu’il était en exil hors de la Côte d’Ivoire, de 2002 à 2009, le Professeur Alain Ekra, avec le soutien indéfectible des présidents des fédérations de sports, ont gardé bien au chaud son poste de président de Cno. On se souvient que le président de la Fédération ivoirienne de basket-ball de l’époque, Moïse Koré, avait fortement manifesté l’intention de mettre un terme à cette longue vacance de la présidence du Cno Côte d’Ivoire. Lors de l’assemblée générale de 2014, sans s’en tenir à l’application des textes statutaires, on l’a pratiquement reconduit par acclamation dans son fauteuil présidentiel.

En 2018, il y a eu quand même une opposition.
Juste un début de révolution. Mais très vite, les présidents de fédération et le candidat Angbo Issac, fort des sages conseils de Me Georges N'Goan et du Dr Alla Jean-Marie, ont voté pour l’honneur et la dignité du Général Palenfo en le maintenant à la tête du Cno. Cette fois, les fédérations qui soutenaient Angbo Issac avaient exigé l’établissement d’une liste électorale et un processus électoral consensuels. Et cela, bien que la convocation de l’Ag électorale n’ait pas respecté le délai prescrit et qu’elle ait été reportée de février à mars 2018. Sans qu’un processus électoral consensuel n’ait été établi.


Le 07/03/22 à 20:11
modifié 07/03/22 à 20:11