
Jean-Baptiste Koffi, président de la Confédération des organisations de consommateurs de Côte d’Ivoire. (Ph: Dr)
Jean-Baptiste Koffi, président de la Confédération des organisations de consommateurs de Côte d’Ivoire. (Ph: Dr)
Jean-Baptiste Koffi, président de la Coc-Ci: ‘’Il faut des mesures durables pour mieux contenir la hausse des prix’’
La hausse généralisée des prix constatée ces derniers mois sur les marchés ne laisse personne indifférent. Produits de grande consommation, carburant, matériaux de construction, etc. ont vu leur prix prendre l’ascenseur. Les consommateurs sont de plus en plus inquiets. Que comptent faire les organisations de consommateurs ? Jean-Baptiste Koffi, président de la Confédération des organisations de consommateurs de Côte d’Ivoire (Coc-Ci) aborde cette préoccupation dans cette interview.
Monsieur le président, le carburant vient de connaître une hausse de son prix à la pompe ? Quel commentaire pour le défenseur des consommateurs ?
Cette hausse intervenue en début de mois est consécutive à l’application du principe de l’ajustement automatique du prix à la pompe adopté par notre pays depuis quelques années. Ce qui nous dérange et nous ne cessons d’interpeller nos autorités à ce sujet, c’est l’opacité qui entoure l’application de ce principe. Le déficit d’information et de communication est tel que nous sommes fondés à penser que le consommateur final est le seul à supporter les variations de prix. Sinon pourquoi une hausse de 20 FCfa et non 10 FCfa ou 5 FCfa sur le super sans plomb uniquement ? On nous doit visiblement des explications. Dans la structure du prix à la pompe, il y a certes le cours mondial, mais aussi les différents frais d’approches, les taxes et les rémunérations des intermédiaires. Il nous paraît essentiel de connaître les efforts consentis par chaque acteur de la chaîne pour que le consommateur final seul supporte une hausse de 20 FCfa. Voilà notre préoccupation qui demeure insatisfaite sur la question.
Monsieur le président au-delà même du carburant, nous notons pratiquement une hausse généralisée des prix des produits de grande consommation depuis le début de cette année. Avez-vous fait ce constat ?
Nous sommes bien informés de cette situation et elle nous préoccupe sérieusement. Sachez que les Associations de consommateurs suivent avec beaucoup d’intérêts les questions touchant le pouvoir d’achat des consommateurs c’est-à-dire l’inflation. Souvenez-vous que l’année dernière, au mois de juillet, plus précisément, nos différentes interpellations ont abouti à la prise par le gouvernement d’un certain nombre de mesures au mois de juillet dernier afin de contenir les hausses de prix sur le panier de la ménagère. Des mesures avaient été même prises pour l’encadrement des prix du riz, de l’huile de palme raffinée, de la viande de bœuf et de la farine. Ces mesures ne pouvant pas excéder six mois, nous sommes aujourd’hui en février 2022 en pleine situation inflationniste avec la persistance de la crise sanitaire et ses conséquences sur toutes les économies du monde.
Vous dites bien que les mesures prises ne pouvaient pas excéder six mois. Ce qui justifierait en partie les hausses actuelles de prix. Est-ce à dire que nous faisons face à une situation insoluble ?
Je veux dire que dans la situation de crise actuelle, les mesures de blocage semestrielles des prix de quelques produits ont atteint leurs limites. Il est tant d’envisager autre chose. Des mesures durables pour mieux contenir les variations haussières des prix de ventes de plusieurs produits de grande consommation comme le riz, l’huile, la viande de bœuf, etc. Il faut à la fois éviter d’avoir à dos les opérateurs économiques mais aussi éviter une dégradation continue du pouvoir d’achat des consommateurs.
Comment concilier ces deux positions dans une économie libérale comme la nôtre ?
Nous sommes certes dans une économie libérale, mais le gouvernement dispose et a toujours disposé de marge de manœuvre en matière de réglementation des prix pour réguler l’activité commerciale certes, mais préserver aussi la paix sociale en fonction du pouvoir d’achat et des habitudes de consommation des populations. C’est ainsi que les prix des produits et services comme l’eau, l’électricité, les ouvrages scolaires du primaire de production locale, etc. ont toujours été fixés par l’Etat. Un décret portant réglementation de la concurrence et des prix fixe toujours la liste des produits et services dont les prix sont réglementés par l’Etat. En dehors de cette liste, les prix des autres biens et services sont fixés par le libre jeu de la concurrence. En 1992, la liste des produits et services dont les prix étaient réglementés par l’Etat comportait 22 produits et services dont le pain baguette, le sucre ordinaire et le riz ordinaire blanchi d’importation. En 1997, cette liste a été réduite par un nouveau décret passant la liste des produits et services réglementé de 22 à 6 groupes. En 1998, un autre décret est venu réduire encore cette liste à cinq groupes à savoir :
-Les tarifs des services publics de l’eau, l’électricité, de poste et télécommunication
-Le gaz butane
-Les produits agricoles de base : coton-graine, caoutchouc
-Produits et spécialités pharmaceutiques
-Livres scolaires primaires d’Edition locale
Depuis 1998 à ce jour, soit près d’un quart de siècle, cette liste n’a plus subie de modifications. Et pourtant sur la même période notre économie a subi diverses variations. Les habitudes de consommation ont fortement évolué. A titre d’exemple, les enquêtes d’opinion réalisées en 2014 et en 2017 déjà ont montré que les trois principaux postes de dépenses des ménages ivoiriens étaient désormais l’alimentation (25 %), le logement (13 %) et le transport (12 %). En cinq années, ces ratios ont forcément évolué sans oublier cette crise sanitaire qui a fortement bouleversé toutes les prévisions. Voilà autant de mutations qui montrent et justifie une plus grande implication de l’Etat dans la réglementation des prix. C’est la meilleure façon de faire ruisseler la croissance de notre économie vers le bas c’est-à-dire vers les consommateurs. Il y va de la paix sociale.
Concrètement qu’attendez-vous du gouvernement ?
Nous attendons du gouvernement une révision de la liste des produits et services réglementés pour tenir compte des habitudes de consommation actuelles mais surtout pour une meilleure protection du pouvoir d’achat des consommateurs. Nous souhaitons voir figurer sur la liste des produits et services réglementés tout ce qui rentre dans notre consommation de tous les jours comme la farine boulangère, le pain baguette, le poisson faux-thon, la viande de bœuf et de mouton, l’huile de table raffinée, le riz local, etc. Il y a également les services de transport, les loyers des maisons pour habitation, les matériaux de construction, etc.
Comment comptez-vous procéder pour avoir gain de cause ?
C’est la loi elle-même qui nous donne le modus operandi. La Commission de la concurrence et de la lutte contre la vie chère émet un avis chaque année sur la liste des prix réglementés. Et puisque la commission peut être saisie par les organisations de consommateurs agréées pour ce qui concerne les intérêts dont ils ont la charge, nous allons utiliser cette voie pour transmettre nos argumentaires et nos attentes. Cela va se faire incessamment et nous avons espoir d’obtenir gain de cause. Nous sommes dans une communauté économique et ce que nous demandons à notre gouvernement est déjà offert par d’autres Etats de notre communauté économique à leurs populations. Il n’y a donc pas de raison que la Côte d’Ivoire fasse exception contre le bonheur de ses consommateurs.
Monsieur le président au-delà même du carburant, nous notons pratiquement une hausse généralisée des prix des produits de grande consommation depuis le début de cette année. Avez-vous fait ce constat ?
Nous sommes bien informés de cette situation et elle nous préoccupe sérieusement. Sachez que les Associations de consommateurs suivent avec beaucoup d’intérêts les questions touchant le pouvoir d’achat des consommateurs c’est-à-dire l’inflation. Souvenez-vous que l’année dernière, au mois de juillet, plus précisément, nos différentes interpellations ont abouti à la prise par le gouvernement d’un certain nombre de mesures au mois de juillet dernier afin de contenir les hausses de prix sur le panier de la ménagère. Des mesures avaient été même prises pour l’encadrement des prix du riz, de l’huile de palme raffinée, de la viande de bœuf et de la farine. Ces mesures ne pouvant pas excéder six mois, nous sommes aujourd’hui en février 2022 en pleine situation inflationniste avec la persistance de la crise sanitaire et ses conséquences sur toutes les économies du monde.
Vous dites bien que les mesures prises ne pouvaient pas excéder six mois. Ce qui justifierait en partie les hausses actuelles de prix. Est-ce à dire que nous faisons face à une situation insoluble ?
Je veux dire que dans la situation de crise actuelle, les mesures de blocage semestrielles des prix de quelques produits ont atteint leurs limites. Il est tant d’envisager autre chose. Des mesures durables pour mieux contenir les variations haussières des prix de ventes de plusieurs produits de grande consommation comme le riz, l’huile, la viande de bœuf, etc. Il faut à la fois éviter d’avoir à dos les opérateurs économiques mais aussi éviter une dégradation continue du pouvoir d’achat des consommateurs.
Comment concilier ces deux positions dans une économie libérale comme la nôtre ?
Nous sommes certes dans une économie libérale, mais le gouvernement dispose et a toujours disposé de marge de manœuvre en matière de réglementation des prix pour réguler l’activité commerciale certes, mais préserver aussi la paix sociale en fonction du pouvoir d’achat et des habitudes de consommation des populations. C’est ainsi que les prix des produits et services comme l’eau, l’électricité, les ouvrages scolaires du primaire de production locale, etc. ont toujours été fixés par l’Etat. Un décret portant réglementation de la concurrence et des prix fixe toujours la liste des produits et services dont les prix sont réglementés par l’Etat. En dehors de cette liste, les prix des autres biens et services sont fixés par le libre jeu de la concurrence. En 1992, la liste des produits et services dont les prix étaient réglementés par l’Etat comportait 22 produits et services dont le pain baguette, le sucre ordinaire et le riz ordinaire blanchi d’importation. En 1997, cette liste a été réduite par un nouveau décret passant la liste des produits et services réglementé de 22 à 6 groupes. En 1998, un autre décret est venu réduire encore cette liste à cinq groupes à savoir :
-Les tarifs des services publics de l’eau, l’électricité, de poste et télécommunication
-Le gaz butane
-Les produits agricoles de base : coton-graine, caoutchouc
-Produits et spécialités pharmaceutiques
-Livres scolaires primaires d’Edition locale
Depuis 1998 à ce jour, soit près d’un quart de siècle, cette liste n’a plus subie de modifications. Et pourtant sur la même période notre économie a subi diverses variations. Les habitudes de consommation ont fortement évolué. A titre d’exemple, les enquêtes d’opinion réalisées en 2014 et en 2017 déjà ont montré que les trois principaux postes de dépenses des ménages ivoiriens étaient désormais l’alimentation (25 %), le logement (13 %) et le transport (12 %). En cinq années, ces ratios ont forcément évolué sans oublier cette crise sanitaire qui a fortement bouleversé toutes les prévisions. Voilà autant de mutations qui montrent et justifie une plus grande implication de l’Etat dans la réglementation des prix. C’est la meilleure façon de faire ruisseler la croissance de notre économie vers le bas c’est-à-dire vers les consommateurs. Il y va de la paix sociale.
Concrètement qu’attendez-vous du gouvernement ?
Nous attendons du gouvernement une révision de la liste des produits et services réglementés pour tenir compte des habitudes de consommation actuelles mais surtout pour une meilleure protection du pouvoir d’achat des consommateurs. Nous souhaitons voir figurer sur la liste des produits et services réglementés tout ce qui rentre dans notre consommation de tous les jours comme la farine boulangère, le pain baguette, le poisson faux-thon, la viande de bœuf et de mouton, l’huile de table raffinée, le riz local, etc. Il y a également les services de transport, les loyers des maisons pour habitation, les matériaux de construction, etc.
Comment comptez-vous procéder pour avoir gain de cause ?
C’est la loi elle-même qui nous donne le modus operandi. La Commission de la concurrence et de la lutte contre la vie chère émet un avis chaque année sur la liste des prix réglementés. Et puisque la commission peut être saisie par les organisations de consommateurs agréées pour ce qui concerne les intérêts dont ils ont la charge, nous allons utiliser cette voie pour transmettre nos argumentaires et nos attentes. Cela va se faire incessamment et nous avons espoir d’obtenir gain de cause. Nous sommes dans une communauté économique et ce que nous demandons à notre gouvernement est déjà offert par d’autres Etats de notre communauté économique à leurs populations. Il n’y a donc pas de raison que la Côte d’Ivoire fasse exception contre le bonheur de ses consommateurs.