Essor du reggae en Côte d’Ivoire/Kush : «Sans union, il n’y a pas de force !»

Kush

Essor du reggae en Côte d’Ivoire/Kush : «Sans union, il n’y a pas de force !»

Le 30/12/21 à 21:09
modifié 30/12/21 à 21:09
«Tour de force», ainsi s’intitule le dernier album en date du reggae man ivoirien Kush. Disponible depuis 2 ans sur le sol américain où évolue désormais l’artiste, l’album est sur le marché depuis le mois de juin dernier en Côte d’Ivoire. De passage dans nos locaux le 27 décembre, l’artiste a levé un coin de voile sur cette production discographique et partagé sa vision pour l’essor du reggae africain.

Kush (JULIEN MONSAN)
Kush (JULIEN MONSAN)


La solidarité comme fer de lance du reggae africain
Pour Kush, seule la solidarité pourra permettre à la Côte d’Ivoire et au reste de l’Afrique de valoriser son riche potentiel musical. Selon l’artiste, deux facteurs constituent un frein à l’essor du reggae et de la musique en général sur le sol africain. A l’en croire, le premier facteur est d’ordre structurel et se traduit par un manque d’organisation du milieu musical. «La musique africaine est confrontée au problème de distribution et d’organisation. Il existe de nombreux talents en Côte d’Ivoire, mais les artistes ne sont pas soutenus par des structures sérieuses», explique-t-il. Poursuivant, il a fait savoir que le manque de solidarité dans le milieu artistique est le deuxième boulet qui tire la musique ivoirienne vers le bas. Notamment le reggae. Il pointe du doigt l’individualisme et le manque de cohésion entre les différents acteurs. «Il faut que les artistes se mettent ensemble. Dans les années 70, par exemple, c’est grâce à Bob Marley que Burning Spear a été révélé au monde. Et cette solidarité continue de nos jours en Jamaïque où les têtes d’affiche tendent la main aux débutants. Lors de tous les concerts que donne Damian Marley dans le monde, c’est l’artiste Kabaka Piramyd qui fait l’ouverture du spectacle. Cette solidarité manque cruellement en Afrique. Chacun évolue de son côté. Il n’y a pas d’union, et donc pas de force», se désole-t-il. Invitant les artistes reggae, et au-delà toute la corporation à se souder pour avancer ensemble.

Kush (JULIEN MONSAN)
Kush (JULIEN MONSAN)

Tour de force : La nouvelle touche de Kush
Mis en orbite sur la scène musicale en 1998 grâce à son titre à succès «Les temps ont changé», Kush est resté fidèle à son combat. Celui d’éveilleur des consciences africaines et de dénonciateur des maux de la société. Son nouvel album est le reflet de cet engagement, à travers des titres tels que «Cheick Anta Diop» qui met en lumière le rôle joué par cette icône dans le combat pour le respect de la race noire. Le titre «Les enfants d’Afrique» évoque la responsabilité des aînés envers les plus jeunes pour l’essor du continent Africain.
La femme n’est pas en reste dans les sujets qui inspirent l’artiste, à travers notamment le titre «She is roots». Une chanson dans laquelle l’auteur évoque son genre de femme idéale, et fait la promotion de la beauté africaine à l’état naturel. Si l’album est essentiellement aux couleurs du reggae roots, l’on y retrouve également des rythmiques jazz, blues, funk et musique africaine. Une diversité de rythmes qui caractérise bien l’ouverture d’esprit et les influences culturelles de cet artiste qui a grandi entre la Côte d’Ivoire et les États-Unis. «J’aime les instruments à vent. J’aime changer les accords. Mon reggae n’est pas linéaire», explique-t-il. L’album a été bien accueilli par les mélomanes ivoiriens. D’ailleurs, l’artiste annonce une rupture de stock à laquelle il tente de pallier dans les meilleurs délais. Depuis San Diégo (Californie) où il s’est établi, Kush fait office de véritable ambassadeur du reggae ivoirien. En participant notamment à de nombreux évènements internationaux. Mais aussi en côtoyant les plus grands noms de la scène reggae d’ici et d’ailleurs.

maxresdefault
maxresdefault

Parcours d’une valeur sûre du reggae africain
Né à Abidjan, Kush est une figure majeure du paysage musical ivoirien. Chanteur, compositeur et arrangeur, il s’est intéressé très jeune à la musique et aux messages de sagesse et d’élévation transmis par le reggae. Après avoir fait ses études aux États-Unis, où il s’est notamment professionnalisé dans le domaine musical, Kush est revenu en Côte d’Ivoire au milieu des années 90 avec un premier enregistrement intitulé "Crushed". Il rejoint peu après le groupe Farafinh en tant que lead vocal.
Le groupe aux influences afro-jazz-reggae remporte alors un concours national et enregistre en 1995 l’album Doney Doney. Kush ouvre par la suite le studio d’enregistrement Tafari, où il produit de nombreux artistes comme Kajeem, Negromuffin et travaille en collaboration avec Naftaly. C’est en 1998 que sa carrière s’envole, lors de la sortie de son album "Les Misérables". Cet opus le consacrera comme une figure majeure du reggae africain, grâce au succès des titres comme "Les temps changent" ou "L’envol". Après de nombreux concerts, notamment aux côtés de Tiken Jah Fakoly ou Alpha Blondy, Kush, il repart aux États-Unis où il rejoint en 2003 le groupe Bloodfiyah Angels en Californie. C’est en 2004 que sort le mémorable "Countdown To The Holy Judgement", album réalisé en collaboration avec le légendaire producteur et ingénieur du son jamaïcain Scientist. Cet album demeure à ce jour l’une des meilleures ventes reggae en Californie. Kush a poursuivi sa carrière en jouant dans de nombreux festivals sur le territoire américain, aux côtés d’artistes de renommée tels que Gregory Isaacs, Alpha Blondy, Steel Pulse, Barrington Levy ou encore Don Carlos. Après avoir sillonné les routes pendant de nombreuses années, Kush a sorti en 2019 son dernier album intitulé "Tour de Force".


Le 30/12/21 à 21:09
modifié 30/12/21 à 21:09