"Dans la région du Gontougo, le Bron est la langue sérieusement menacée de disparition. 90% des personnes qui s'en réclament parlent Koulango. Le royaume Bron est à cheval entre deux pays. Au Ghana, on parle Bron, mais en Côte d'Ivoire, très peu. Quand vous quittez le Ghana pour entrer en Côte d'Ivoire, c'est la langue Koulango qui vous accueille." Ce constat a été fait par Béné Mathias, coordonnateur général de la Fondation Brapa Yomoa (en Bron, le bon comportement est un atout).Pour renverser cette tendance, la fondation qui a vu le jour en 2011 a initié l’École Bron. Ce projet est entré dans sa phase concrète, le 5 décembre, avec l’ouverture officielle de "l’École Bron Sankofa, dans le village de Yomian, dans la sous-préfecture de Assuéfry.

Au nombre de 74, les apprenants, essentiellement des enfants de Ce2 au Cm2, occupent deux salles de classe de l'école primaire publique de Yomian sollicitée par les initiateurs pour donner les cours chaque dimanche, dans la matinée. Au programme, l’alphabet, des chants, des récitations, des dialogues, la lecture, etc. Béné Mathias n’a pas manqué de témoigner sa gratitude au président de la Mutuelle de développement de Yomian, Kobenan Tah Thomas et au chef de village, Nanan Brin Kouamé II, qui ont apporté leur appui pour la prise en charge des apprenants. " Ma maman m'a motivée à venir à ces cours car c'est le koulango que nous parlons à la maison. Maintenant je sais compter en Bron. Je connais les jours et les noms de personnes", se réjouit Akoua Stéphanie, élève en classe de Cm2, tout comme Tah Kouadio Kra Moïse, venu de lui-même rejoindre ses camarades avec la permission de ses parents.

Au dire du coordonnateur général, la première implantation de l’École Bron’’ a été faite à Tabagne, à la faveur du festival de l'Adayé Kessié en 2016. " Les 463 enfants que nous avons encadrés à Tabagne, Amondi, Siasso...parlent aujourd'hui le Bron entre eux. Ils constituent à la fois une curiosité et une fierté autour d'eux. C'est l'une de nos satisfactions car notre objectif, c'est de faire parler le Bron", explique-t-il. Avant de lancer un appel à l'aide : " Nous demandons aux élus et cadres, voire à l'ensemble des Bron, de soutenir ce projet car quand une langue meurt, elle meurt avec toute sa richesse culturelle". Dans la continuité du projet, la Fondation Brapa Yomoa a inscrit dans son agenda l’implantation de l’école dans des localités stratégiques dont Amanvi où siège le 17e roi des Bron, Nanan Adingra Kouassi Adjemane et les villages frontaliers avec le Ghana.

MARCEL BENIE (Correspondant régional)