Le directeur de l'Institut national de l'hygiène publique rassure la population. (Photo : DR)
Pr Bénié Bi Vroh Joseph (Directeur de l'Institut National d'Hygiène publique): «La Côte d’Ivoire est suffisamment outillée pour faire face à la menace Ebola»
Le directeur de l’Institut national de l’hygiène publique, le Pr Bénié Bi Vroh Joseph, était l’invité de 13 heures de la RTI1, le dimanche 22 août 2021. De larges extraits de son intervention.
Quel est l’état de santé de notre premier patient ?
Merci, il faut dire que l’état de santé de la première patiente est stable. On peut dire qu’aujourd’hui elle est hors de danger, mais il faut rester prudent. Il faut bien la suivre jusqu’à la déclarer officiellement guérie du point de vue biologique et clinique.
Professeur la Côte d’Ivoire est-elle aujourd’hui outillée pour faire face à la menace Ebola ?
Oui la Côte d'Ivoire est suffisamment outillée. Il nous suffit de faire le point de la situation depuis la déclaration de cette épidémie pour nous en convaincre. Vous l'avez constaté. Vous l’avez dit depuis le 12 août 2021, cette patiente est arrivée à Abidjan, elle a été prise en charge au niveau du Chu de Cocody. Elle a été hospitalisée. On l’a prélevée le 14 août, c’est-à-dire deux jours après le 13 et 14 août où elle a été déclarée positive. Dès qu’elle a été déclarée positive, elle a été automatiquement prise en charge par le centre de traitement des maladies épidémiques. Après le 15 août, les vaccins ont été commandés avec l'appui de l’Organisation mondiale de la santé (Oms) et le 16 août, ils ont été administrés. Donc, c'est pour vous dire que la Côte d’Ivoire a été très prompte. Il faut rendre hommage au gouvernement ivoirien qui a été très prompt et les partenaires l'ont dit. Cela a permis de réagir dans les 24 heures qui ont suivi la déclaration du cas. Je peux même vous dire qu’aujourd’hui la vaccination à l'intérieur du pays a commencé, précisément à Duékoué et San Pedro.
La rapide exécution est à saluer, mais de façon concrète en quoi consiste ce plan et quels sont ses déclinaisons ?
C’est un plan de riposte qui repose sur plusieurs piliers, notamment le contrôle de nos frontières. L’élément diffusé a montré que le contrôle a été renforcé par le ministre de la Santé, de l’Hygiène publique et de la Couverture maladie universelle, Pierre Dimba N'Gou qui s'est rendu sur le lieu à Ouaninou avec son collègue de l'Intérieur et de la Sécurité, le 18 août. Ils sont allés pour sensibiliser la population, les autorités administratives et politiques. Surtout pour donner les moyens aux autorités pour renforcer le contrôle au niveau des frontières.
Parlons justement de ce contrôle, je ne sais pas s’il faut réserver l’information, une dizaine de personnes auraient été interpellées au niveau de Man. Ils ont tenté de contourner le dispositif sécuritaire. Êtes-vous informé ?
Oui, cela montre bien que les consignes données par nos autorités ont été appliquées.
Est-ce que d’autres cas ont été identifiés depuis les premiers cas ?
Non, ce sont plutôt des cas alertes, c’est-à-dire que pour quelqu'un qui présente une fièvre, une hémorragie. On nous alerte, mais c’était des cas suspects qui ont été rapidement diagnostiqués négatifs. Il y a seulement, un seul cas. Les autres cas étant des suspects. Ils sont négatifs
Alors expliquez-nous quelle est la stratégie mise en place par le gouvernement pour identifier les personnes qui auraient été en contact avec la patiente ?
D’abord, il y a le contrôle aux frontières, c'est vraiment important. Ensuite, il y a la surveillance épidémiologique aussi bien dans les établissements sanitaires que dans la communauté. Il y a également le renforcement des laboratoires et celui de la prise en charge. Nous avons un centre de traitement qui a été rénové au niveau du Chu de Treichville. Nous avons un autre centre au niveau de Man. Il y a également le suivi des contacts. Notre objectif, c’est d’identifier tous les contacts et les suivre. Dans cette démarche de suivi, nous prenons leur température deux fois par jour. Nous voyons leur état de santé. Je peux vous rassurer que tous ceux que nous avons suivis, leur état de santé est bon.
Est-ce qu’il est facile de suivre les différents cas contacts ?
Oui c’est possible, mais difficile. C'est la difficulté à laquelle nous sommes confrontés. C'est pour cela que je veux dire à nos frères venus de Ouaninou le 12 août de se signaler aux autorités sanitaires, aux responsables de leurs communautés. Si nous arrivons à les identifier, le plus rapidement possible, nous allons les prendre en charge, les vacciner. Si ces personnes sont vaccinées, cela va nous permettre d’éviter la propagation de la maladie.
Le dispositif rassure ?
Oui les dispositifs rassurent. Il faut être à tout moment vigilant. On ne peut pas dormir. Si on doit dormir, il faut qu’on dorme avec un œil ouvert.
Quelles sont les différences entre celui qui souffre de Covid-19 et de la maladie Ebola ?
La différence au point de vue clinique, la contamination d'Ebola est essentiellement par le contact donc une maladie contagieuse. Au niveau de la Covid-19, la transmission est aérienne. Au niveau d'Ebola, on n’a les signes digestifs, la diarrhée et la fièvre qui se trouvent dans les deux cas. Mais surtout à la phase état, on a les hémorragies, la personne peut saigner de la bouche, du nez, de l'anus. Ce qui peut conduire au décès. Ebola, le risque de mourir est de 50 à 80 % donc c'est une maladie grave. C’est une maladie qu'on peut prévenir et d’ailleurs plus facile à prévenir que la Covid-19. La Covid-19, on peut prévenir à travers les mesures barrières. Au niveau des deux maladies, le diagnostic, c'est le laboratoire qui les fait.
Concernant la maladie Ebola, qui a droit à la vaccination ?
Vous faites bien de le demander. C'est vraiment important. On voit tout le monde veut se faire vacciner depuis l'arrivée du vaccin. C'est un vaccin qui s'adresse aux personnes exposées aux sujets contacts. Si vous êtes exposés, vous êtes concernés. Il faut appliquer les mesures barrières. On doit continuer de se laver régulièrement les mains et observer la distanciation physique. C’est important pour lutter efficacement contre cette maladie.
Existe-t-il des risques d’incompatibilité entre les deux vaccins ?
Pas véritablement d’incompatibilité. Il faut dire que ce sont deux vaccins viraux. Cela nécessite qu’on observe trois semaines entre les deux vaccins. Si une personne a été vaccinée à la Covid-19, c’est mieux d’observer trois semaines. Nous sommes dans une situation d'urgence, cela se règle au cas par cas. Il faut apprécier le bénéfice risque et lui donner la priorité.
Un numéro vert est-il disponible ?
Les numéros verts 143 et le 101 sont disponibles. Les populations peuvent appeler. Je tiens à rassurer la population. C’est vrai que la situation est préoccupante mais, nous ne devons pas perdre le calme. Il ne faut pas céder à la panique. La situation est sous contrôle. Nous sommes prudents. Je m’adresse à tous ceux qui ont voyagé avec le cas du 12 août. Je leur demande de se rendre discrètement au centre de santé pour une prise en charge et pour une vaccination. C’est à ce prix qu’on pourra lutter contre la Covid-19 et le virus d’Ebola.
Propos retranscrits par
Professeur la Côte d’Ivoire est-elle aujourd’hui outillée pour faire face à la menace Ebola ?
Oui la Côte d'Ivoire est suffisamment outillée. Il nous suffit de faire le point de la situation depuis la déclaration de cette épidémie pour nous en convaincre. Vous l'avez constaté. Vous l’avez dit depuis le 12 août 2021, cette patiente est arrivée à Abidjan, elle a été prise en charge au niveau du Chu de Cocody. Elle a été hospitalisée. On l’a prélevée le 14 août, c’est-à-dire deux jours après le 13 et 14 août où elle a été déclarée positive. Dès qu’elle a été déclarée positive, elle a été automatiquement prise en charge par le centre de traitement des maladies épidémiques. Après le 15 août, les vaccins ont été commandés avec l'appui de l’Organisation mondiale de la santé (Oms) et le 16 août, ils ont été administrés. Donc, c'est pour vous dire que la Côte d’Ivoire a été très prompte. Il faut rendre hommage au gouvernement ivoirien qui a été très prompt et les partenaires l'ont dit. Cela a permis de réagir dans les 24 heures qui ont suivi la déclaration du cas. Je peux même vous dire qu’aujourd’hui la vaccination à l'intérieur du pays a commencé, précisément à Duékoué et San Pedro.
La rapide exécution est à saluer, mais de façon concrète en quoi consiste ce plan et quels sont ses déclinaisons ?
C’est un plan de riposte qui repose sur plusieurs piliers, notamment le contrôle de nos frontières. L’élément diffusé a montré que le contrôle a été renforcé par le ministre de la Santé, de l’Hygiène publique et de la Couverture maladie universelle, Pierre Dimba N'Gou qui s'est rendu sur le lieu à Ouaninou avec son collègue de l'Intérieur et de la Sécurité, le 18 août. Ils sont allés pour sensibiliser la population, les autorités administratives et politiques. Surtout pour donner les moyens aux autorités pour renforcer le contrôle au niveau des frontières.
Parlons justement de ce contrôle, je ne sais pas s’il faut réserver l’information, une dizaine de personnes auraient été interpellées au niveau de Man. Ils ont tenté de contourner le dispositif sécuritaire. Êtes-vous informé ?
Oui, cela montre bien que les consignes données par nos autorités ont été appliquées.
Est-ce que d’autres cas ont été identifiés depuis les premiers cas ?
Non, ce sont plutôt des cas alertes, c’est-à-dire que pour quelqu'un qui présente une fièvre, une hémorragie. On nous alerte, mais c’était des cas suspects qui ont été rapidement diagnostiqués négatifs. Il y a seulement, un seul cas. Les autres cas étant des suspects. Ils sont négatifs
Alors expliquez-nous quelle est la stratégie mise en place par le gouvernement pour identifier les personnes qui auraient été en contact avec la patiente ?
D’abord, il y a le contrôle aux frontières, c'est vraiment important. Ensuite, il y a la surveillance épidémiologique aussi bien dans les établissements sanitaires que dans la communauté. Il y a également le renforcement des laboratoires et celui de la prise en charge. Nous avons un centre de traitement qui a été rénové au niveau du Chu de Treichville. Nous avons un autre centre au niveau de Man. Il y a également le suivi des contacts. Notre objectif, c’est d’identifier tous les contacts et les suivre. Dans cette démarche de suivi, nous prenons leur température deux fois par jour. Nous voyons leur état de santé. Je peux vous rassurer que tous ceux que nous avons suivis, leur état de santé est bon.
Est-ce qu’il est facile de suivre les différents cas contacts ?
Oui c’est possible, mais difficile. C'est la difficulté à laquelle nous sommes confrontés. C'est pour cela que je veux dire à nos frères venus de Ouaninou le 12 août de se signaler aux autorités sanitaires, aux responsables de leurs communautés. Si nous arrivons à les identifier, le plus rapidement possible, nous allons les prendre en charge, les vacciner. Si ces personnes sont vaccinées, cela va nous permettre d’éviter la propagation de la maladie.
Le dispositif rassure ?
Oui les dispositifs rassurent. Il faut être à tout moment vigilant. On ne peut pas dormir. Si on doit dormir, il faut qu’on dorme avec un œil ouvert.
Quelles sont les différences entre celui qui souffre de Covid-19 et de la maladie Ebola ?
La différence au point de vue clinique, la contamination d'Ebola est essentiellement par le contact donc une maladie contagieuse. Au niveau de la Covid-19, la transmission est aérienne. Au niveau d'Ebola, on n’a les signes digestifs, la diarrhée et la fièvre qui se trouvent dans les deux cas. Mais surtout à la phase état, on a les hémorragies, la personne peut saigner de la bouche, du nez, de l'anus. Ce qui peut conduire au décès. Ebola, le risque de mourir est de 50 à 80 % donc c'est une maladie grave. C’est une maladie qu'on peut prévenir et d’ailleurs plus facile à prévenir que la Covid-19. La Covid-19, on peut prévenir à travers les mesures barrières. Au niveau des deux maladies, le diagnostic, c'est le laboratoire qui les fait.
Concernant la maladie Ebola, qui a droit à la vaccination ?
Vous faites bien de le demander. C'est vraiment important. On voit tout le monde veut se faire vacciner depuis l'arrivée du vaccin. C'est un vaccin qui s'adresse aux personnes exposées aux sujets contacts. Si vous êtes exposés, vous êtes concernés. Il faut appliquer les mesures barrières. On doit continuer de se laver régulièrement les mains et observer la distanciation physique. C’est important pour lutter efficacement contre cette maladie.
Existe-t-il des risques d’incompatibilité entre les deux vaccins ?
Pas véritablement d’incompatibilité. Il faut dire que ce sont deux vaccins viraux. Cela nécessite qu’on observe trois semaines entre les deux vaccins. Si une personne a été vaccinée à la Covid-19, c’est mieux d’observer trois semaines. Nous sommes dans une situation d'urgence, cela se règle au cas par cas. Il faut apprécier le bénéfice risque et lui donner la priorité.
Un numéro vert est-il disponible ?
Les numéros verts 143 et le 101 sont disponibles. Les populations peuvent appeler. Je tiens à rassurer la population. C’est vrai que la situation est préoccupante mais, nous ne devons pas perdre le calme. Il ne faut pas céder à la panique. La situation est sous contrôle. Nous sommes prudents. Je m’adresse à tous ceux qui ont voyagé avec le cas du 12 août. Je leur demande de se rendre discrètement au centre de santé pour une prise en charge et pour une vaccination. C’est à ce prix qu’on pourra lutter contre la Covid-19 et le virus d’Ebola.
Propos retranscrits par