Traçage de la Covid-19 : Les choses qui fâchent la Chine

Le vice-ministre de la Santé, Zeng Yixin, a réagi vigoureusement, le 22 juillet 2021, contre la demande d'audit des laboratoires chinois. (Photo : DR)
Le vice-ministre de la Santé, Zeng Yixin, a réagi vigoureusement, le 22 juillet 2021, contre la demande d'audit des laboratoires chinois. (Photo : DR)
Le vice-ministre de la Santé, Zeng Yixin, a réagi vigoureusement, le 22 juillet 2021, contre la demande d'audit des laboratoires chinois. (Photo : DR)

Traçage de la Covid-19 : Les choses qui fâchent la Chine

Le 30/07/21 à 17:40
modifié 30/07/21 à 17:40
La dernière réaction en date des autorités chinoises contre les assertions d’une partie de la communauté internationale faisant croire que le virus du Covid-19 a pour origine un laboratoire chinois a été faite par le vice-ministre de la Santé, Zeng Yixin.

Exaspéré par la demande de l'Organisation mondiale de la santé (Oms) de poursuivre sur son sol l'enquête sur les origines du Covid-19, celui-ci a estimé que c’est « un manque de respect pour le bon sens et une arrogance envers la science ».

C’est le directeur général de l'Oms, Tedros Adhanom Ghebreyesus, qui a demandé récemment un audit des laboratoires situés dans les régions où les premiers cas de coronavirus ont été identifiés. Il n’en fallait pas plus pour provoquer le courroux des autorités chinoises qui réclament, ces derniers temps, une extension du champ des enquêtes. Notamment, le laboratoire américain de Fort Detrick.

Dans la foulée de la déclaration du vice-ministre chinois de la Santé, un responsable de l'Institut de virologie de Wuhan, Yuan Zhiming, a réitéré le même jour que son établissement n'avait fait l'objet « d'aucune fuite » ou « d'accident ».

Il convient de noter que la mission d’enquête conduite par l’OMS en Chine en janvier avait conclu que la théorie de l’accident de laboratoire était « extrêmement improbable » et avait recommandé une intensification de la recherche dans certaines directions.

Étant donné que cette conclusion de la mission d’enquête fait « autorité, officielle et scientifique », les autorités chinoises s’offusquent de l’obstination de certains dirigeants de pays à maintenir leurs soupçons sur la probabilité d’une origine accidentelle du virus en Chine.

Wang Wenbin, porte-parole au ministère chinois des Affaires étrangères, est souvent monté au créneau pour donner la position de son pays. (Photo : DR)
Wang Wenbin, porte-parole au ministère chinois des Affaires étrangères, est souvent monté au créneau pour donner la position de son pays. (Photo : DR)



La Chine est confortée dans sa position par nombre de scientifiques de renom qui ne retiennent pas la thèse de l’accident ou de la fuite d’un laboratoire chinois.

C’est le cas du directeur adjoint des travaux scientifiques de l'Institut Pasteur de Saint-Pétersbourg (Russie), Vladimir Dedkov, membre du groupe d'experts internationaux de l'OMS qui ont mené l’étude virologique mondiale du 14 janvier au 10 février 2021 à Wuhan.

Dans une récente interview accordée au média chinois Xinhua, celui-ci a expliqué que tous les travaux avaient été menés en parfaite conformité avec les normes de biosécurité existantes. Et que l'analyse de la dynamique des cas de Covid-19 en décembre 2019 n'a révélé aucun signe qu'ils étaient associés à l'Institut de virologie de Wuhan.

Aussi les hautes autorités chinoises considèrent-elles que tous ceux qui tiennent à faire porter à leur pays la responsabilité de la pandémie de la Covid-19 sont en train de politiser une affaire scientifique. Toute chose qu’elles trouvent dommageable pour la recherche des réponses au défi du traçage du nouveau coronavirus.

L’expert russe Vladimir Dedkov est de leur avis. « Politiser ce sujet est totalement contre-productif », déplore-t-il, entre autres. Il souhaite que les experts à l’échelon mondial « travaillent ensemble pour trouver la cause de la pandémie au lieu d'accuser la Chine sans preuve ».

Zhao Lijian, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, s’exprimant sur le sujet dans la presse, le 26 mai dernier, renchérit que le traçage de l'origine du virus est une question scientifique, dont l'objectif est d'améliorer la connaissance de l'humanité sur le virus, et de mieux prévenir d'éventuelles maladies infectieuses à l'avenir.

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Mais alors d’où vient ce virus ?

A l’issue de la mission en Chine d’experts internationaux, l’Organisation mondiale de la santé (Oms) avait écarté la thèse de l’accident de laboratoire à Wuhan, ancien épicentre de la maladie. Mais compte tenu de ce que certains dirigeants du monde s’accrochent à l’éventualité d’une origine artificielle du nouveau coronavirus, Vladimir Dedkov, directeur adjoint des travaux scientifiques de l’Institut Pasteur à Saint-Pétersbourg, estime que si cette hypothèse doit être vérifiée, « il est nécessaire d’enquêter sur tous les laboratoires travaillant avec des virus de ce type, non seulement en Chine, mais aussi dans d’autres pays ».

L’expert russe rappelle que « les scientifiques n’ont pas encore trouvé le patient zéro ». Aussi, en vue d’élucider le problème de manière rationnelle, appelle-t-il à une étude à grande échelle sur la propagation de ce fléau dans les pays voisins et une étude des échantillons biologiques prélevés à l’extérieur de la Chine avant la pandémie.

Dans la même veine, Wang Wenbin, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, espère que « les pays concernés adopteront une attitude scientifique, participeront activement aux efforts mondiaux de traçage de l’origine du virus, partageront et échangeront leurs résultats d’études et feront conjointement des efforts actifs pour protéger la vie et la santé des populations des pays du monde ».

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Il insiste sur le fait que « le traçage de l’origine du virus est une question scientifique complexe qui implique de nombreux pays et régions et nécessite une coopération des scientifiques du monde entier ». Les autorités chinoises font remarquer d’ailleurs que certaines informations portent de grands doutes sur l’origine chinoise du coronavirus.

Sur le sujet, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères se montre plus explicite. Il fait savoir qu’« un grand nombre d’indices, de reportages et d’études ont indiqué que l’épidémie était apparue depuis de nombreux endroits du monde dans la seconde moitié de l’année 2019, y compris des reportages qui disent que le virus était déjà présent aux États-Unis avant que le premier cas confirmé de Covid-19 ne soit officiellement signalé dans le pays (Chine) ».

A propos du grand rival, Wang Wenbin espère qu’il « adoptera la même attitude ouverte et transparente que la partie chinoise et invitera les experts de l’Oms à mener des études de traçage aux États-Unis ».

Son collègue porte-parole du même ministère, Zhao Lijian, pointe du doigt le laboratoire américain de Fort Detrick qui « serait entouré de doutes ». Comme quoi, il y a une partie de ping-pong qui se joue sur la table du traçage de la Covid-19.

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Mérite

Ce que la Chine aime opposer à ses détracteurs dans le dossier de la Covid-19, c’est son importante contribution dans la lutte mondiale contre la pandémie. Le pays a déjà fourni 2 milliards de dollars américains (plus de 1 000 milliards de FCfa) d’aide aux pays en développement affectés.

Plus de 150 pays et 13 organisations internationales ont reçu des autorités chinoises du matériel de lutte contre la maladie. La Chine a déjà mis au point au moins trois vaccins. Son offre en la matière au monde est estimée à plus de 350 millions de doses. Ce qui a fortement contribué à l’accessibilité à la vaccination contre la Covid-19.

La Côte d’Ivoire fait partie des pays bénéficiaires des dons de vaccins chinois. Elle a reçu plus de 100 000 doses du vaccin Sinopharm, le 24 juin.



Le 30/07/21 à 17:40
modifié 30/07/21 à 17:40