Soudan du Sud: Des miliciens menacent une communauté rivale

Un paysage désolé au Soudan du Sud
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Soudan du Sud: Des miliciens menacent une communauté rivale

Soudan du Sud: Des miliciens menacent une communauté rivale

Des colonnes de miliciens lourdement armés menacent une communauté rivale dans le Jonglei, État chroniquement instable de l'est du Soudan du Sud, a affirmé vendredi un responsable local.

Selon des témoignages de civils recueillis par le commissaire du département de Pibor, plus particulièrement touché, des membres de la communauté Murle fuient massivement face à l'avancée de groupes d'une ethnie rivale, les Lou Nuer.

Selon ce responsable, Joshua Konyi, les miliciens seraient notamment armés de fusils semi-automatiques.

"Je suis inquiet parce que les jeunes Lou Nuer sont nombreux," certaines informations faisant état de milliers de miliciens, a-t-il confié. "Nous craignons que de nombreuses personnes meurent, en particulier les femmes et les enfants."

Des responsables gouvernementaux contactés en zones Lou Nuer ont démenti ces mouvements de masse. Mais les scènes décrites par le commissaire de Pibor se sont déjà produites dans le passé.

Fin 2011, quelque 8.000 Lou Nuer avaient marché sur Pibor, massacré et pillé, en représailles, avaient-ils dit, d'attaques orchestrées par des Murle. L'ONU avait alors parlé de 600 morts, mais des responsables locaux avaient avancé des bilans bien plus lourds.

En mai dernier, Pibor a encore été le théâtre de pillages, perpétrés par des hommes armés non identifiés et des soldats sud-soudanais. Des locaux de l'ONU ainsi que l'hôpital de la zone avaient notamment été visés.

Et depuis la semaine dernière, ce sont les combats entre forces gouvernementales et communautés rivales -- Murle, Lou Nuer mais aussi Dinka, autre communauté rivale des Murle -- qui ont repris.

Jeudi, la Mission des Nations unies au Soudan du Sud (Minuss) s'est dite "profondément préoccupée par les informations de mobilisation massive de jeunes armés (...) et d'affrontements".

Les Casques bleus sont basés à Pibor et "patrouillent en ville," a rappelé M. Konyi, tout en précisant qu'ils ne se trouvaient pas sur les lignes de front.

La Minuss a admis "ne pas être immédiatement en position" de donner des précisions sur les affrontements.

Ses patrouilles aériennes ont récemment été réduites, après qu'un hélicoptère de l'ONU a été abattu en décembre par des soldats sud-soudanais. Ces derniers avaient affirmé penser que l'appareil provenait du Soudan voisin, l'ancien ennemi que Juba accuse encore régulièrement d'armer des rebelles sur son sol.

Les patrouilles au sol de la Minuss ont aussi ralenti depuis que cinq Casques bleus et sept employés civils de l'Onu ont été tués dans une embuscade en avril à Pibor.

Jeudi, le département d'État américain s'est lui aussi dit "profondément inquiet des informations d'exactions contre des civils, dont des meurtres ciblés, des viols, des passages à tabac, ainsi que de pillages et destructions de maisons et installations humanitaires".

La région de Pibor est régulièrement en proie non seulement à des affrontements ethniques, mais aussi à des combats, depuis avril 2011, entre l'armée sud-soudanaise et la milice d'un ex-professeur de théologie, David Yau Yau, lui-même murle.

La région a payé l'un des plus lourds tributs des 20 ans de guerre civile soudanaise qui a opposé la rébellion sud-soudanaise - aujourd'hui au pouvoir à Juba - au régime de Khartoum de 1983 à 2005, année de la signature d'un accord de paix qui a ouvert la voie à l'indépendance du Sud en 2011. Elle en porte encore les stigmates.

La zone est ainsi encore infestée d'armes et troublée par les rancœurs accumulées entre communautés. Durant la guerre civile soudanaise, les Murle servaient de supplétifs à Khartoum, qui les armait, contre la rébellion sud-soudanaise. Ils suscitent toujours la méfiance parmi les autres communautés du Soudan du Sud.

AFP