Paulin Danho (ministre des Sports): ‘’Nous sommes venus pour glaner des lauriers’’

Paulin Danho (ministre des Sports): ‘’Nous sommes venus pour glaner des lauriers’’

Vous conduisez une forte délégation au Caire, dans le cadre de la 32e édition de la Can. Comment se déroule ce séjour ?

Ce séjour se déroule très bien parce que nous avons trouvé sur place, un ambassadeur, son Excellence Timothée Ezoua, qui est un homme affable, qui a su mobiliser toute la communauté ivoirienne autour de la délégation. L’accueil a été extraordinaire, une grande disponibilité et une mobilisation exceptionnelle de l’ensemble de nos concitoyens. Nous avons recréé ici, l’esprit de la Côte d’Ivoire avec les supporters qui sont d’ailleurs les meilleurs supporters d’Afrique. Ils l’ont démontré par leur prestation et par leur engagement dans les tribunes pour supporter les Eléphants. D’une manière générale, nous pouvons dire que la délégation a été très bien accueillie, elle est dans de très bonnes conditions et nous n’attendons que les résultats.

Cette forte mobilisation des Ivoiriens au Caire, autour des Eléphants, est-elle pour vous un motif de satisfaction ?

Elle montre que la Côte d’Ivoire est grande, belle et rayonnante quand elle est rassemblée. C’est cela le plus important. Quand elle est rassemblée autour des Eléphants, autour de notre ambassadeur, de nos joueurs et de nos supporters, la Côte d’Ivoire donne le beau visage d’un pays qui aspire à être le porte étendard de la paix. Maintenant nous sommes là pour une compétition sportive, nous sommes venus également pour glaner des lauriers. Nous avons bien commencé avec une belle victoire sur l’Afrique du Sud. Nous avons malheureusement chuté face aux Marocains. Cela a créé beaucoup d’amertumes, et d’interrogations, mais nous avons bon espoir que pour la suite, nous allons puiser en nous-mêmes les ressources nécessaires pour redonner espoir aux Ivoiriens, surtout après cette belle victoire contre la Namibie.

Il y a une mobilisation ici au Caire. Mais nous l’avons vu également à Abidjan et partout en Côte d’Ivoire. Le Premier ministre et le gouvernement  étaient également mobilisés pour les Eléphants. Cela est-il, selon vous, une source de motivation pour les joueurs ?

La grande source de motivation est venue du Président de la République lui-même qui a donné l’exemple, en portant l’écharpe des supporters et qui a lancé un message à l’ensemble des Ivoiriens. Comme je l’ai dit, ce que nous avons de plus cher, c’est la Côte d’Ivoire. Il s’agit de mettre ensemble nos passions pour soutenir et porter haut le flambeau de notre pays. Le Président de la République a lui-même donné l’exemple en exhortant à la victoire et à l’engagement. Nous savons qu’il s’agit du sport. Pour que les joueurs soient galvanisés, il faut que nous fassions bloc autour d’eux. Le Président s’est engagé, les supporters se sont engagés, dans les villes en Côte d’Ivoire, les élus, les autorités locales sont engagées avec nos collaborateurs, les directeurs régionaux et départementaux des sports, ainsi que le comité national des supporters. Sur toute l’étendue du territoire, nous avons créé des   Fan  zones et nous avons de belles images pour que les Ivoiriens soient rassemblés pour porter les Eléphants à la victoire. Nous avons vu la joie qui a éclaté après la victoire contre l’Afrique du Sud. Le Premier ministre lui-même était à Treichville pour lancer ces Fan zones. Nous avons également compris l’amertume des Ivoiriens quand nous avons chuté face au Maroc.

Dans de nombreuses délégations présentes ici, en Egypte, il s'est posé des problèmes de primes de qualification et de gratification. Nous constatons que la Côte d'Ivoire est loin de ces problèmes.

La Côte d'Ivoire est très loin de ces problèmes parce que nous avons anticipé et mobilisé l'ensemble des ressources nécessaires pour que la préparation de l'équipe se passe dans de très bonnes conditions. Tout cela a été planifié et financé. Au niveau des primes de qualification, de sélection et des primes de victoire pendant la préparation et même les primes d'objectif parce que nous avons voulu évoluer par objectif. Pour les 1/8es de finale, nous avons prévu une prime d'objectif. Il en est de même pour les quarts, les demi-finales etc...A chaque étape, nous avons des primes d'objectif pour motiver les joueurs. Ces ressources sont déjà disponibles.

Quel regard portez-vous sur le parcours des Eléphants dans cette compétition ?

Aujourd'hui, nous pouvons dire que l'équipe est jeune, elle a besoin de parfaire ses automatismes, renforcer sa cohésion, prendre du coffre et nous pensons qu'au niveau du coaching, il faut plus de pertinence et d'engagement pour que cette équipe retrouve ses réflexes et apporte à la Côte d'Ivoire, la joie que nous attendons. Le sport et le football en particulier doit être une rampe de lancement social pour les jeunes qui ont du talent. Ils doivent mouiller le maillot pour la Côte d'Ivoire mais également pour eux-mêmes parce qu'ils jouent leur carrière. Ils ont besoin d'avoir cet espace d'expression. Il faut leur donner leur chance. Nous comptons sur eux pour que dans les prochains jours, les Ivoiriens soient en joie et soient fiers de ses enfants qui auront porté haut le drapeau de la Côte d'Ivoire.

Etes-vous donc très optimiste pour la suite de la compétition ?

Nous sommes très optimistes. Parce que quand nous voyons des sélections comme Madagascar qui était inconnu sur l'échiquier international du football, venir battre le Nigeria, quand nous voyons toutes ces surprises au niveau du top continental, nous pouvons dire qu'il faut croire aux chances de nos jeunes d'aller le plus loin possible. Et nous irons le plus loin possible. Il nous faudra seulement de la chance, de la détermination et un coaching pertinent.

Vous êtes très actif sur les réseaux sociaux. Est-ce que cela vous permet d'échanger avec les Ivoiriens sur la prestation de leur équipe ?

Vous devez savoir que le sport et particulièrement le football draine des passions. Les réseaux sociaux donnent l'opportunité d’avoir une expression à la fois variable, incontrôlée et diversifiée. Tout ce qui est exprimée sur les réseaux nous donne la température de ce que pensent les Ivoiriens, de ce qu'ils veulent. Il nous appartient en tant que responsable d'anticiper et de tenir compte de tout ce qui est exprimé par nos concitoyens pour faire en sorte qu'ils soient heureux.

Vous pilotez avec le Cocan la Coupe d'Afrique des nations 2023, est-ce que votre présence au Caire vous permet d'avoir un regard panoramique afin d'organiser avec pleine de réussite la Can  en Côte d'Ivoire ?

Nous nous rendons compte que pour réussir la Can, il faut avoir des infrastructures. Nous avons eu raison d'anticiper et de faire en sorte que les délais contractuels prévus soient tenus pour que la Côte d'Ivoire soit prête sur le plan des infrastructures. Parce que nous nous sommes rendu compte de la qualité des infrastructures ici en Egypte. En second lieu, il faut faire en sorte qu'il y ait un plateau technique, au niveau sanitaire, de l'entretien routier, de l'accessibilité au stade et il faut avoir la sécurité. Quand on veut réussir sa Can, il est important d'avoir le plateau technique d'hébergement, de voirie, d'accessibilité, de restauration et surtout de sécurité.

L'Egypte nous a montré par le modèle d'accès au stade, comment gérer la sécurité, surtout dans un environnement qui peut être criminogène, où on peut avoir des attentats. C'est un enseignement à tirer. Les infrastructures, l'organisation, la planification des évènements, du tourisme, de l'équipement de l'hébergement, nous devons tirer profit de tout cela, pour la Can 2023. Ensuite, nous avons vu un peuple galvanisé autour de son équipe. Nous devons tirer des leçons au niveau de la faitière chargée du football. Parce qu'en 2023, il ne s'agira pas seulement d'organiser matériellement et mécaniquement la Can. Il faut l'organiser en espérant la gagner. Pour ce faire, il faut qu'il n'y ait pas de déceptions au niveau des Ivoiriens et que les stades soient pleins à toutes les rencontres et pas seulement pour les matches des Eléphants parce que les Ivoiriens aiment le football. Il faudra faire de ce moment, une grande fête qui attire les Ivoiriens.

Autour de tout cela, nous nous sommes rendu compte aussi que c'est un évènement économique pour le pays. Ils ont mis en place un système de tourisme, la visite des pyramides, de restauration, pour que tous les opérateurs économiques qui sont venus puissent profiter du cadre pour qu'il y ait de la consommation et des effets sur l'économie égyptienne. En marge de tout cela, il y a eu des colloques. Ils ont fait en sorte que convergent vers la Can, toutes les rencontres importantes africaines pour que tout le monde profite de cet évènement. C'est ce que nous devons faire en Côte d'Ivoire. Nous devons faire en sorte que la Can 2023 soit un succès sur le plan des infrastructures, de la sécurité, du tourisme.

Montrer que la Côte d'Ivoire est un pays de fraternité. Et que malgré les dissensions et la crise qu'on a connues, la Côte d'Ivoire est debout et est un peuple de paix, accueillant. Un pays d’'hospitalité. Nous devons capitaliser tout cela avec le tourisme et des Ivoiriens qui sont chaleureux. Ensuite sportivement, nous devons préparer une équipe pour gagner cette coupe et rendre les Ivoiriens heureux et fiers par rapport aux investissements importants qui auront été réalisés.

Propos recueillis au Caire par
Amédé Assi et Emmanuel Koffi