Ouattara Hégaud (responsable média de la Caf): ‘’Laissez cette équipe des Eléphants grandir…’’

Ouattara Hégaud, responsable média de la Caf.
Ouattara Hégaud, responsable média de la Caf.
Ouattara Hu00e9gaud, responsable mu00e9dia de la Caf.

Ouattara Hégaud (responsable média de la Caf): ‘’Laissez cette équipe des Eléphants grandir…’’

En tant qu’Ivoirien, quel regard portez-vous sur la prestation des Eléphants ?

Avant la compétition, on avait parlé d’une équipe en reconstruction. Cela s’est ressenti ici. Les premiers matchs ont été difficiles. J’avoue que  j’ai été séduit par la prestation de l’équipe face à l’Algérie alors que beaucoup ne vendait pas cher la peau de la Côte d’Ivoire. Je pense que pour une équipe en reconstruction, avoir pu faire jeu égal avec le champion, cela peut être un motif de satisfaction. Nous ne pouvons souhaiter que l’équipe continue de grandir et se perfectionne, en vue des prochaines compétitions.

Que pensez-vous de l’Algérie, le nouveau champion d’Afrique ?

Personnellement, je pense que la victoire de l’Algérie est méritée. Elle a affiché ses ambitions dès le départ avec une équipe totalement transformée et qui a su jouer crânement  sa chance jusqu’au bout. Je pense que cette Can a produit un beau champion africain. Et je ne suis pas surpris parce que l’Algérie a toujours été une grande nation de football même si elle a connu des moments difficiles. Il faut donc saluer le retour au premier plan de cette nation.

Comment jugez-vous le niveau d’ensemble de la compétition ?

J’ai été surpris comme tant d’autres par le niveau. On avait trop vite fait de dire que la Can à 24 équipes allait produire beaucoup de déchets, en parlant de la présence de petits pays. Mais ces petits-là ont surpris, notamment avec Madagascar, la Mauritanie ou le Burundi qui se sont bien défendues et qui ont essayé de montrer un autre visage du football. A l’avenir, il faudra faire attention à ces équipes. Je pense que l’idée de porter la Can à 24, est une bonne chose pour les équipes et le football africain mais cela reste un gros souci pour le pays organisateur.

A l’heure du bilan, les attentes ont-elles été respectées pour cette première expérience ?

En matière d’organisation, les attentes ont été respectées. La Caf voulait une compétition dans d’excellentes conditions, nous l’avons eue. Vous avez vu la qualité des hôtels qui ont accueilli cette Can. Il y a eu aussi la qualité des pelouses qui a été reconnue par tout le monde. Je crois que la Can à 24 a pris son envol ici en Egypte. Tous les autres pays qui organiseront la compétition après, devront faire attention. Parce que depuis un moment, la Caf n’accepte plus les villages Can qu’on connaissait autrefois. Aujourd’hui, c’est une question d’hôtel et ce n’est pas évident pour tous les pays organisateurs. Et c’est en cela que je crois que le système de co-organisation, voulu par le président de la Caf, doit faire son effet. Permettre à deux ou trois pays de se mettre ensemble  pour organiser une compétition. Il faut l’envisager très sérieusement; sinon en Afrique, au sud du Sahara, on aura beaucoup de problèmes  pour organiser une Can aussi réussie que celle de l’Egypte.

On a déploré cependant l’engouement dans les stades; comment l’expliquez-vous ?

C’était prévisible. Organisez à Abidjan, un match Ethiopie-Burundi, je vous assure que le stade ne sera pas plein. C’est comme cela, malheureusement pour le football africain. Ici, il y a eu un système de vente de billets qui a fait que vers la fin heureusement, les supporters étaient obligés de venir au stade parce qu’ils avaient déjà les billets. C’est dans ce système qu’il faudra faire en sorte que le public réponde. Mais, il ne faut pas se leurrer, le public africain ne s’intéresse qu’à son équipe et malheureusement, cela a été encore le cas. Vous savez que la Caf a décidé que la finale des compétitions des clubs se joue en un match unique. C’est une nouvelle expérience. Il faut l’expérimenter petit à petit parce qu’en aller et retour, cela crée parfois aussi des dégâts.

Quel jugement également portez-vous sur la Var, introduite pour la première fois ?

La Var a dérouté plus d’un. Vous avez vu ce pénalty refusé à la Tunisie face au Sénégal. Les arbitres vous expliqueront que cela fait partie des nouvelles règles. Pour l’instant, je pense que la Var nous déroute un peu mais je pense que quand on va s’habituer à cette nouvelle technologie, on comprendra que c’est un outil qui est là pour aider les arbitres et les joueurs.

En tant que responsable des médias, comment avez-vous trouvé la couverture de cet évènement ?

Quand j’arrivais ici, ce n’était pas en tant que responsable de la communication mais compte tenu de certains problèmes, le président de la Caf m’a demandé de prendre en charge, toutes les opérations médias. Ce que nous avons fait. La gestion  des tribunes et des centres de média n’était pas du tout évident. Il y a eu environ 2000 journalistes accrédités. Parfois, la configuration des tribunes de presse n’était pas très grande. Il fallait faire en sorte que chacun trouve sa place. Cela n’a pas été facile. Je pense que la Can à 24 permet aux journalistes de venir plus nombreux. Au niveau de l’audience, la Can a pris une dimension qui dépasse les frontières africaines. C’est pour cela que la responsabilité du prochain pays organisateur sera très grande. J’exhorte donc ces pays qui doivent accueillir la compétition de s’inspirer de ce qui s’est passé ici et de faire mieux, si possible. C’est à ce prix que la Can continuera d’avoir cette audience.

Qu’est-ce que la presse aurait dû savoir au terme de cette 32e édition qu’elle ne sait pas encore ?

La presse a presque tout su mais en même temps, je dois vous dire également que tout ne peut pas être su. Que ce soit en politique ou en sport. Je crois que ce dont la presse avait besoin a été mis à sa disposition. Il n’y a pas eu de secret. Maintenant, il appartient à chaque journaliste de mener ses investigations. Vous savez, on entend  beaucoup de choses sur la Caf mais il faut aller à la bonne source pour savoir et vous aurez des réponses.

Interview réalisée au Caire par
Céleste Kolia