Mondial 2014 : Didier Deschamps, condamné à l’exploit

Mondial 2014 : Didier Deschamps, condamné à l’exploit

Mondial 2014 : Didier Deschamps, condamné à l’exploit


Didier Deschamps, ici le 16 novembre à Clairefontaine, soit trois jours avant la rencontre décisive contre l'Ukraine pour espérer une qualification au Mondial 2014.

Dans cette phase anxiogène que traversent les Bleus, ses mots sont censés avoir des vertus thérapeutiques et galvanisantes. Particulièrement abattu à Kiev, vendredi 15 novembre, après la défaite (2-0) de ses joueurs contre l’Ukraine lors de la rencontre aller des barrages qualificatifs au Mondial 2014, Didier Deschamps s’ingénie depuis à remobiliser sa formation, l’exhortant à se révolter. A quelques heures du match retour, prévu mardi 19 novembre au Stade de France, le sélectionneur s’est montré combatif, devant des médias dubitatifs, lors d’une conférence de presse organisée à Clairefontaine.

"On a pris une gifle, a reconnu le technicien. On a une possibilité de renverser la tendance. Elle est là, elle est réelle. Peu importe qu’elle soit petite, moyenne, grande. Il faut faire un match total dans l’engagement, l’effort." Celui qui a soulevé la Coupe du monde en 1998 a tenté de chasser le pessimisme ambiant. "Le premier qui doit y croire, c’est moi, a-t-il lancé. Pour réussir quelque chose qui sort de l’ordinaire, il faut se mettre dans l’idée que c’est possible."



Si aucune équipe n’est jamais parvenue à rattraper un retard de deux buts lors d’un barrage retour, les journalistes ont rappelé à Didier Deschamps qu’il avait réalisé, en 2004, pareil exploit en Ligue des Champions alors qu’il exerçait sur le banc de l’AS Monaco. En quarts de finale, le club de la principauté avait éliminé (3-1) le Real Madrid après une défaite (4-2) au match aller. "Ça ne fait qu’argumenter le fait que c’est possible", a réagi le sélectionneur.

Depuis la débâcle de Kiev, Didier Deschamps fait l’objet de nombreuses critiques. Il est, en outre, accusé de n’avoir pas su faire prendre conscience à ses troupes de l’importance de l’événement. Ses choix sont également remis en question. Attaché à un système de jeu (4-2-3-1) qui a montré ses failles en Ukraine, il a relégué sur le banc des remplaçants le Marseillais Mathieu Valbuena, en méforme mais rarement décevant avec les Bleus.

A sa place, Didier Deschamps a installé Samir Nasri comme meneur de jeu. Spectral, le joueur de Manchester City a raté sa sortie, manquant l’unique occasion d’égaliser. Selon L’Equipe, sa titularisation découlerait du lobbying exercé auprès du sélectionneur par Franck Ribéry, leader technique des Tricolores et l’un des favoris pour l’obtention du Ballon d’or. Pour la seconde manche, Didier Deschamps devrait apporter quelques retouches à son onze type. Blessé et forfait à l’aller, Raphaël Varane pourrait profiter de l’expulsion de Laurent Koscielny à Kiev et être associé en défense centrale à un Eric Abidal à bout de souffle.

RÉPUTATION DE "GAGNEUR"

Ironie du calendrier, le sélectionneur s’exprimait vingt ans jour pour jour après le fiasco contre la Bulgarie qui avait privé les Bleus d’une participation au Mondial 1994. Ce 17 novembre 1993, Didier Deschamps était en larmes sur la pelouse du Parc des Princes. Grand connaisseur des fluctuations du football français, le Bayonnais sait que sa formation vit une séquence historique. De la rencontre couperet de Saint-Denis dépend le devenir d’une équipe qui se trouve à la jonction entre deux destins : l’opprobre ou le sursaut. Condamnés à l’exploit, les Bleus seraient promis, en cas d’échec, à deux ans et demi de matchs amicaux jusqu’à l’Euro 2016, organisé en France. Autant dire une traversée du désert.

Du dénouement des barrages pourrait aussi dépendre l’avenir de Didier Deschamps. Lié à la Fédération française de football (FFF) jusqu’en juin 2014, poursuivra-t-il sa mission si les Bleus échouent à valider leur ticket pour le Brésil ? A la différence de son prédécesseur Laurent Blanc, le quadragénaire entretient d’excellents rapports avec le président de la Fédération française de football (FFF), Noël Le Graët. "Si on se qualifie, son contrat est prolongé jusqu’à l’Euro 2016, assurait au "Monde", avant le déplacement à Kiev, le patron de la FFF. Mais comme on va se qualifier ! J’exclus totalement tout scénario défavorable."

Doté d’une réputation de "gagneur", l’ex-joueur au palmarès éloquent affiche avec les Bleus un bilan moins flatteur que Laurent Blanc (2010-2012), quart de finaliste de l’Euro 2012 et invaincu durant 23 matchs. Depuis sa prise de fonction, en août 2012, Didier Deschamps compte 7 victoires, 4 matches nuls et 6 défaites en 17 rencontres. Soit l’un des plus mauvais ratios de l’histoire de la sélection. Si les Bleus n’allaient pas au Brésil, le Bayonnais connaîtrait la même déconvenue que ses prédécesseurs Michel Platini (1988-1992) et Gérard Houllier (1992-1993). Depuis 1985, seul Raymond Domenech a réussi à qualifier, sur le terrain, les Bleus à une phase finale de Coupe de monde.



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