Michel Soro (Champion international Wba): ‘’Je veux le titre mondial’’

Le boxeur franco-ivoirien Michel Soro de passage en Côte d'Ivoire a rendu une visite de courtoisie au groupe Fraternité Matin.
Le boxeur franco-ivoirien Michel Soro de passage en Côte d'Ivoire a rendu une visite de courtoisie au groupe Fraternité Matin.
Le boxeur franco-ivoirien Michel Soro de passage en Cu00f4te d'Ivoire a rendu une visite de courtoisie au groupe Fraternitu00e9 Matin.

Michel Soro (Champion international Wba): ‘’Je veux le titre mondial’’

Vous avez gagné le 17 décembre 2016, à Saint-Denis-de-la-Réunion, un combat historique dans la catégorie des super-welters. Comment êtes-vous arrivé à conserver ce titre de champion international Wba face au redoutable boxeur allemand Nuhu Lawal ?
Ce n’était pas facile. C’était un combat où il fallait aller jusqu’au bout. C’est ce que j’ai fait parce qu’il me fallait gagner pour pouvoir conserver mon titre de champion international Wba des super-welters. C’est en fait un titre intercontinental que j’avais déjà gagné et qu’il ne fallait pas abandonner. Je garde donc encore jalousement ma ceinture.

Pourtant sur le ring, ce n’était pas facile pour vous en prenant des coups et en encaissant au maximum jusqu’au 10e Round…
Effectivement, le combat a été long. On a boxé jusqu’à une heure du matin. J’étais même déshydraté. Ce sont des aspects qui ont fait que je n’étais pas à 100% sur le ring. Malgré le fait que j’avais en main ce combat contre Nuhu Lawal. C’est un très bon adversaire qui n’avait qu’une seule défaite dans sa carrière. Il est classé mondialement et il gagne généralement ses combats par KO. J’ai dû donc gérer ce combat sur la durée et l’endurance...

Lors des premiers Rounds, vous ne vous êtes pas jeté dans la bataille. Etait-ce par peur ou une stratégie d’attente pour mieux l’assommer vers la fin ?
C’est vrai que dès les premiers Rounds, j’ai tout de suite compris que techniquement, j’étais meilleur que lui. Au fur et à mesure que les Rounds passaient, j’ai vu que j’avais une petite carence physique due à ma déshydratation. J’ai dû gérer en tournant souvent autour de lui. Le piquer comme il faut. Être précis et le contrer. C’est ce qui s’est passé. Après un enchaînement, je l’ai expédié. Le coup était parfait pour le mettre KO. J’ai abrégé sa souffrance (Rire). Le plus important était d’arriver à la victoire. C’est une expérience en plus que j’ai acquise pour mes prochains combats.

Cette victoire est plus qu’importante pour vous puisque vous permet d’aller combattre pour le titre mondial au mois d’avril 2017 à Paris.
C’est un combat qui avait un double enjeu. Le premier était de défendre mon titre et de conserver ma ceinture du titre international Wba et de rester parmi les trois premiers mondiaux. Il faisait aussi office de demi-finale mondiale. C’est un autre combat super important. Ce sera au début du mois d’avril. Quand je renterai en France, je me remettrai très vite au travail dans ma salle de sport à Villeurbanne où je réside et je partirai pour quelques semaines aux Etats-Unis pour finir ma préparation. Il faut que je sois prêt à 100% pour ce titre mondial des super-welters.

Dans ce mois de janvier, vous inaugurez un complexe de boxe dans votre ville d’adoption, Villeurbanne (en France). Qu’est-ce qui vous a motivé à la mise en place de ce projet ?
Villeurbanne est effectivement ma ville. Depuis mon adolescence, j’y ai commencé la boxe. J’ai ouvert ce centre de sport, je dirai de boxe qui s’appelle le Cross Counter Boxing. L’inauguration se fera le 19 janvier prochain. Tout le monde est invité. Tous les boxeurs et les curieux seront les bienvenus. Je veux que ce centre de boxe soit une référence en Europe. Il sera surtout dédié aux boxeurs débutants tout comme aux grands champions.

Pourquoi avoir pensé à construire cette salle de boxe dans votre ville d’adoption en France et pas en Côte d’Ivoire. Au risque de rendre jaloux les boxeurs ivoiriens ?
(Rire). Il n’y a pas de raisons à être jaloux. A l’époque, j’en avais parlé avec le président de la Fédération ivoirienne de boxe. Je lui ai dit que j’ouvrais ma salle en France et que j’inviterai tous les boxeurs ivoiriens, les plus méritants, à venir surplace à Villeurbanne. S’ils le veulent bien sûr ! C’est ma salle de boxe. Mais, elle appartient aussi à la Côte d’Ivoire…

Les boxeurs ivoiriens pourront donc y faire des stages ?
Je n’attends que cela, surtout les plus méritants. C’est aussi dans le but de développer la boxe ivoirienne en faisant la promotion des meilleurs. Je suis déjà surplace là-bas dans un environnement professionnel. Il m’appartient d’aider aussi la boxe ivoirienne.

Est-ce dans cette dynamique que vous avez déjà offert du matériel à la Fédération ivoirienne de boxe ?
C’est mon plus grand plaisir d’aider au développement de la boxe ivoirienne. C’est le premier acte que je peux faire en envoyant du matériel basique pour la pratique de la boxe. Un footballeur par exemple, ne peut pas jouer sans son ballon. C’est aussi le cas pour un boxeur qui ne peut pas monter sur le ring sans gants. Il m’appartient de motiver les jeunes boxeurs ivoiriens afin qu’ils ne perdent pas espoir.

Vous êtes un français d’origine ivoirienne. Comment vivez-vous cette double appartenance ?
C’est comme si on me demandait de choisir entre ma mère et mon père. Je peux vous assurer que je vis très bien cette double appartenance. Je me sens autant ivoirien que français. Le plus souvent, j’essaie de revenir dans mon pays natal, la Côte d’Ivoire. Je vis en France et je n’ai aucun souci…

Depuis vos apparitions télé sur les chaînes internationales, l’Ivoirien se pose cette question banale: Qui est ce Michel Soro ?
(Il pousse un rire et prononce un mot du jargon populaire ivoirien pour montrer qu’il a toujours ses racines en Côte d’Ivoire). Je suis ‘’enjaillé’’ ! Michel Soro est un petit qui a grandi à la Cité des Arts à Cocody et Blokosso. Vous voyez que je connais très bien Abidjan. Je suis seulement parti à l’âge de 13 ans en France. A l’époque, le pays n’était pas trop stable. C’était en 2000. Ma mère a décidé, avec tous mes frères et sœurs, de m’envoyer en Europe. Mon père également. Comme on le dit ‘’je me cherchais là-bas’’. J’ai pris donc la voie de la boxe et je me suis donné à fond. Dieu merci, jusqu’à présent, tout se passe bien. De par mon nom je ne peux pas me cacher (Rire). Je suis du nord de la Côte d’Ivoire. Mon père est Senoufo. Ma mère, elle, est Apollo. Mais, elle a depuis toujours la nationalité française. Le public ivoirien est très dévoué et sportif. Les Ivoiriens savent aimer leurs fils quelle que soit la région du monde où ils se retrouvent.

Pourquoi avoir choisi la boxe ?
Je n’ai pas choisi la boxe. C’est la boxe qui m’a choisi. Avant, je pratiquais du basket-ball. Mais, j’ai un ami qui m’a encouragé à aller dans une salle de sport et de pratiquer la boxe. J’aimais déjà très bien les sports individuels. A la boxe, on n’attend pas d’avoir son ou ses coéquipiers pour aller sur le champ de bataille. On est libre. Cet état d’esprit à jouer dans mon choix. Et cela s’est opéré tout naturellement.

Vous n’aviez donc pas le choix que de boxer pour la France?
C’est vrai que je boxe pour la France. Mais, cela rejaillit sur toute la Côte d’Ivoire. Il faut déjà préciser que je suis un Français de par ma mère. Cela s’est fait naturellement. Je suis parti en France. Je me suis engagé dans un club là-bas. Au final, j’ai été bon pour la France. Qui, il faut l’avouer, me donne un cadre d’épanouissement beaucoup plus dense et professionnel. Pour l’anecdote, lorsque je finis un combat, je fais justement toujours mention de la Côte d’Ivoire. Cela permet à mes fans de comprendre que je suis certes un Français, mais, je porte aussi la Côte d’Ivoire en cœur.

Que pensez-vous du niveau de la boxe ivoirienne ?
J’ai vu qu’il y a de très bons boxeurs en devenir. La fédération est aussi en train de mettre en place un cadre solide de formation. Il faut que les choses bougent dans ce sens. A mon niveau, je ferai l’effort d’aider la boxe ivoirienne.

Michel Soro, ce sont 29 combats, 27 victoires. 17 par KO. Une seule défaite. Un nul. Vous êtes champion d’Europe 2015 des poids moyens et champion de France 2013 des super-welters… Avec cette montée en puissance, jusqu’où irez vous ?
J’essaierai d’aller le plus loin possible. Mon objectif immédiat est le très prochain champion du monde. Je dois arriver au top mondial. J’irai jusqu’au bout. Je n’en doute pas.

Quel regard portez-vous sur l’ensemble du sport ivoirien ?
Les sportifs ivoiriens sont très bons à tous les niveaux. Ils n’ont rien à envier aux athlètes français ou américains. Ce qu’il faudrait, c’est de pouvoir les encourager et les mettre dans les conditions adéquates pour qu’ils explosent totalement.

Interview réalisée par ADAM KHALIL