Le débrief: ‘’On est fan mais on n’est pas fou‘’

Mardi 26 juin 2014. Cette date restera gravée pendant longtemps dans la mémoire des Ivoiriens. Jamais l’équipe nationale de Côte d’Ivoire n’avait été si près d’une qualification pour le 2^e tour d’une Coupe du monde. Face à la Grèce, même un match nul faisait l’affaire des Éléphants. Malgré les défaites retentissantes de ces dernières années, les supporters se sont mis à croire à un grand soir.

Hélas ! Deux erreurs et un Ko encore plus retentissant que la défaite à la finale de la Can 2012. Selon les observateurs, la première erreur fut cette « offrande » faite par Tioté Cheick. Un véritable « cadeau de Noël » en avance de six mois, qu’Andreas Samaris, le buteur grec, a su apprécier avec joie et bonheur.

La seconde erreur, c’est ce qu’a fait l’entraîneur après que toute l’équipe ait pu obtenir l’égalisation: faire sortir Gervinho et Drogba. Le pénalty grec que beaucoup qualifient d’imaginaire n’est donc qu’un épiphénomène, puisse qu’il intervient, selon les analystes, comme une conséquence de l’accentuation de la pression grecque, elle-même rendue possible par la sortie des deux ténors de l’attaque ivoirienne.

Mercredi, le monde entier a appris la démission du sélectionneur national, Sabri Lamouchi. « Je considère que mon histoire avec la Côte d’Ivoire s’arrête là », a-t-il déclaré. Tirant les leçons de ce mondial mais aussi de l’ensemble du temps passé avec les Éléphants. Ce dernier choix…tactique, M. Lamouchi ne l’a pas raté. En effet, c’était le seul probable. Tant cet entraîneur n’a jamais vraiment eu les faveurs des supporters qui l’ont traité de tous les noms: « apprenti » ou « stagiaire ».

Jeudi, c’était au tour de la Fédération ivoirienne de football (Fif) de prendre la parole. Dans un communiqué officiel, le président Sidy Diallo a présenté les excuses de l’instance qui gère le foot ivoirien. « Le président de la Fédération ivoirienne de football (Fif) et le Comité exécutif, suite à la non-qualification des Éléphants au deuxième tour de la Coupe du Monde de la Fifa « Brésil 2014 », tiennent à présenter leurs sincères regrets aux Ivoiriens et aux sympathisants de la sélection nationale pour cette contre-performance », indique notamment le communiqué.

Les commentaires des supporters ne se sont pas faits attendre. Pour Sako, habitant de Korhogo, « la Fif joue les médecins après la mort ». « Pourquoi n’a-t-elle pas écouté les critiques de ce même peuple à qui elle vient présenter ses excuses ? », interroge-t-il.

A Gagnoa, Youssouf Touré pense que le président de la Fif « est le seul responsable et coupable du drame qui frappe le monde sportif ivoirien ». Sentiment presqu'identique chez Noël de Méagui. « Demander pardon au peuple après une autre honte, cela suffit. Le peuple n’a pas été considéré. Lamouchi et Diallo savent ce qu’ils ont fait à la Côte d’Ivoire. Lamouchi a démissionné, que Sidy Diallo fasse de même pour que tout soit bien ».

C’est de bonne guerre. Ces supporters, tous ces Ivoiriens qui soutiennent leur équipe en toutes saisons, sont passionnés, fanatiques, prêts à oublier leurs querelles personnelles pour pousser l’équipe. Mais, pour rien au monde, ils sont prêts à abandonner leur esprit critique. « On est fan mais on n’est pas fou », a d’ailleurs résumé l’un d’entre eux, au soir de la défaite.

Bonne semaine à toutes et à tous !

Barthélemy KOUAME
barthelemy.kouame@fratmat.info