Le débrief: Il n’a pas que la "tchatche" !

« J’ai gravi les échelons. Au football, j’ai été joueur, consultant, je suis dirigeant de club depuis belle lurette. Avant le Séwé, j’étais président d’honneur de la Jeunesse-club de Cocody. Ceci pour dire que j’ai de l’expérience. Je ne succombe pas au climat de la passion ».

En lisant cet extrait d’interview donnée en 2012, on ne peut s’empêcher de dire: « celui-là, il a la tchatche ! ». Mais, ce n’est sûrement pas un vain « tchatcheur ». On ne peut plus dire que c’est un homme qui parle beaucoup et qui agit très peu. Cet homme, c’est Eugène Marie Diomandé, président du Séwé sport de San Pedro. Samedi, le club a accédé pour la première fois de son histoire à la finale de la Coupe de la confédération (anciennement Coupe CAF et Coupe d’Afrique des vainqueurs de coupes), l’un des deux prestigieux tournois continentaux de football pour les clubs.

La performance du Séwé mérite en effet qu’on s’y arrête un moment. Pour s’interroger sur les secrets de cette équipe de « seconde zone », loin de la capitale économique (Abidjan) mais qui va certainement monter sur le toit du continent. Pour des observateurs, l’une des clés de cette réussite pourraient se trouver en son président, Eugène Diomandé.

L’homme a été effectivement découvert comme « consultant » du football. Dans les années 1990, il était régulièrement invité par la télévision ivoirienne pour commenter et analyser les rencontres de l’équipe nationale. On le voyait très critique, jamais la langue dans la poche, au point où il est venu à l’idée de certains de se demander s’il ne fallait pas qu’on lui confie les Eléphants…Sur tous les plans.

Finalement, après des tentatives non abouties pour le contrôle de la Fédération ivoirienne de football (Fif), c’est à San Pedro, ville portuaire mais très loin d’Abidjan qu’Eugène Diomandé va mettre en pratique ses « grandes théories ». Et cela ne donne pas moins de grands résultats. Puisque le Séwé domine le football ivoirien depuis maintenant trois saisons. Et si c’était vraiment lui, tous ces lauriers pour San Pedro qui n’avait pas connu pareil succès avant son arrivée en 2003 ?

En tous cas, les faits parlent d’eux-mêmes. Depuis 2012, le football ivoirien n’a connu qu’un seul champion: le Séwé sport de San Pedro. Le plus frappant, c’est que le Séwé a réussi une performance que seuls les deux « super-formations » que sont l’Asec et l’Africa, et le Stade d’Abidjan ont pu réaliser: aligner successivement plusieurs titres de champion national. Le Séwé égale par ailleurs le Stella Club d’Adjamé au palmarès de Champion de Côte d’Ivoire et devient, de ce fait, le 4^e plus grand club du pays.

En finale de la Coupe de la confédération, le Séwé aura pour adversaire Al Ahly d’Egypte. Autre signe que le club est vraiment dans la cour des grands, pensent les analystes. Du coup, beaucoup estiment qu’il faut dès maintenant organiser la grande mobilisation des grandes occasions autour de l’équipe afin qu’elle passe cette ultime étape avec brio. Pas seulement pour M. Diomandé et son équipe, mais pour toute la Côte d’Ivoire, icône du football mondial mais qui peine à trouver durablement ses marques sur le continent.

Bonne semaine à toutes à tous !

Barthélemy KOUAME
barthelemy.kouame@fratmat.info