Jeux de la Francophonie : Les enjeux d’une organisation

L’escrime ivoirienne pourrait avoir l’occasion de s’exprimer à la faveur de ces 8es Jeux francophones .
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Jeux de la Francophonie : Les enjeux d’une organisation

Créés en 1987, à l’initiative du Sommet des Chefs d’État et de gouvernement de la Francophonie, les Jeux qui constituent le plus grand événement sportif et culturel dédié à la jeunesse, ont été organisés, à ce jour, par six Etats.

Synonymes de rencontres, d’ouverture à d’autres cultures et passions, les Jeux de la Francophonie ont fait le pari de mêler des épreuves sportives (7) et artistiques (7). Régies par les Fédérations internationales, les épreuves sportives mettent l’accent sur deux dimensions essentielles: jeunesse et performance. Les disciplines sportives présentes sont: l’athlétisme, le basket-ball, le football, le handisport, Judo, lutte et tennis de table.  Une tribune par excellence pour un pays comme la Côte d’Ivoire qui sort d’une longue période de crise et qui entend s’affirmer dans le concert des nations. C’est pourquoi les Ivoiriens ont bataillé face au Tchad, l’autre prétendant pour obtenir l’organisation.

Les Jeux de 2017 constituent une aubaine pour la Côte d’Ivoire qui pourra, après l’Afrobasket 2013, démontrer son savoir-faire en accueillant ce grand évènement. «Le Président Alassane Ouattara veut que la Côte d’Ivoire compte parmi les pays émergents à l’orée 2020 et cela passe aussi par ces Jeux de 2017 qui verront 75 pays du monde envoyer leurs jeunes s’affronter en compagnie des nôtres, au bord de la lagune Ebrié», indiquait Touré Mamadou, le conseiller spécial du Président de la République pour la jeunesse et le sport. Par son caractère très diplomatique, les Jeux mondiaux de la francophonie créent non seulement la cohésion sociale, mais aussi, consolident les relations entre le pays hôte et les autres.

Une victoire diplomatique

Pour arracher l’organisation de ces Jeux, il fallait satisfaire un certain nombre de questions portant sur les conditions générales, la motivation, la vision, l’expérience et l’héritage des jeux, la mobilisation publique privée, des mouvements sportif, culturel et de jeunesse, les infrastructures et sites, l’hébergement et la restauration, les moyens de transport, les télécommunications et les médias; le budget et les finances, la présentation générale du dossier de candidature. Un exercice réussi certes, avec maestria, par Charlemagne Coffie, l’expert qui a monté en dix jours, ce document de 150 pages. Mais, il a fallu surtout une forte implication de la diplomatie ivoirienne.

Car la capitale ivoirienne, seule concurrente avec celle du Tchad, a remporté la mise sur le dossier de candidature qui tenait compte du cahier des charges assez exigeant de l’Organisation internationale de la Francophonie (Oif). Le verdict qui a sanctionné le rapport des experts chargés d’évaluer les postulants à l’organisation de la 8e  édition des Jeux de la Francophonie en 2017 indique que la Côte d’Ivoire a obtenu 817, 5/1 000 contre 714,7/1 000 pour le Tchad. Au niveau de la notation des installations la Côte d’Ivoire a recueilli le plus grand nombre de points (852,1/1000 points) contre 754,8/1000 points pour son adversaire. La somme des notes et les missions diplomatiques n’ont pas permis au Tchad de rivaliser et de convaincre les Chefs d’État, ayant le français en commun, de lui confier l’organisation des Jeux de la Francophonie 2017. Pourtant, le gouvernement tchadien a mis tout en œuvre pour que Ndjamena puisse être la prochaine capitale de ce grand rendez-vous.

Il faut l’avouer, les Jeux de la Francophonie viennent à point nommé pour une Côte d’Ivoire qui sort d’une période difficile. Cela va lui permettra de signer son retour dans le concert des nations, mais surtout de combler son retard au niveau des infrastructures sportives.

Un gros problème d’infrastructures

Depuis 1984, année de la construction du Palais des sports de Treichville, la terre de Côte d’Ivoire n’a plus vu sortir de ses entrailles, une infrastructure sportive digne de ce nom. En dehors du temple des sports de main, des stades Houphouët-Boigny (1961), Robert Champroux (1952) et autres qui ont vu le jour à la faveur des indépendances ou lors des fêtes tournantes pour commémorer l’indépendance. Ces vieux terrains mal entretenus existent, pour la plupart, que de nom.  C’est le cas des stades de Korhogo, Man,  Séguéla, Odienné et Katiola qui ne reçoivent plus de rencontres sportives. Conséquences, l’As Denguélé d’Odienné et le Co Korhogo sont obligés de recevoir leurs adversaires lors des matches du championnat national, à Bouaké. Le hic, c’est qu’il n’y a aucune volonté manifeste de réhabiliter ces infrastructures. A Daloa, l’on a tenté, avec la coopération française, de sauver le stade. En vain !

Avec l’organisation des Jeux de la Francophonie dont le dossier de candidature a été porté par le premier citoyen ivoirien, Alassane Ouattara, il va falloir sortir le grand jeu pour faire face au défi qui avance à grands pas.

Il faut, en effet, pour les compétitions sportives de la Francophonie, des stades avec revêtement synthétique conforme aux normes de la Fédération internationale d’athlétisme (Iaaf), une piste de 400 m à couloirs, des aires de sauts et de lancers. Il faut disposer de tout le matériel nécessaire à la compétition, aux normes de l’Iaaf. Le stade doit avoir une zone d’échauffement, dont le revêtement est identique à celui du stade, avec au minimum une ligne droite de 100 mètres à 4 couloirs. Les mêmes dispositions devront être respectées pour la lutte libre et pour la lutte africaine. Idem pour le tennis, le tennis de table, le basket-ball, le football où l’on doit prévoir deux terrains en gazon naturel ou synthétique agréés par la Fédération internationale de football (Fifa), avec ou sans éclairage. Le cahier des charges des Jeux prévoit un hall de compétition avec deux tapis de compétition conformes aux normes de la Fédération internationale de judo (Fij) et une zone d’échauffement.

Il n’y a pas que des infrastructures de sport. La Côte d’Ivoire devra surtout se doter de scènes pour les représentations artistiques équipées conformément aux normes professionnelles généralement connues et exigées pour cette discipline: sonorisation, instruments de base, éclairage, équipement technique de régie.

Il y a aussi l’hébergement des participants au village des Jeux. Un site d’hébergement unique, dénommé traditionnellement village des Jeux, accueillant, sécuritaire et offrant une gamme de service, est souhaitable afin de favoriser et privilégier les échanges entre les participants et ceux qui les accompagnent. La capacité d’accueil du village doit être conséquente. C’est-à-dire, une véritable cité avec des activités récréatives et espaces de repos, des services médicaux, des boutiques de souvenirs, etc. Autant de préoccupations que la réalisation du projet de la cité olympique, à Anyama, peut résoudre en partie.

Vivement le stade olympique

En janvier dernier, un groupe d’opérateurs économiques chinois a rencontré le ministre de la Promotion de la jeunesse, des sports et loisirs, Alain Lobognon. Au centre des échanges, la cité olympique en projet dans le village d’Ebimpé, dans la commune d’Anyama. Ce projet d’envergure annoncé sous  le président Henri Konan Bédié, est prévu sur une superficie d’environ 280 ha. Il s’agit d’un stade principal de 100 000 places, avec des stades annexes, des aires de jeu, une piscine olympique et un hippodrome. La cité olympique comprendra également les hébergements et la restauration qui, selon les autorités ivoiriennes, devrait renforcer le rôle de plaque tournante de la ville d’Abidjan dans la sous-région en matière de compétions sportives de haut niveau. Le financement de cet ensemble obtenu lors du dernier passage du Chef de l’Etat en Chine, est estimé à 50 milliards de Fcfa. Il faut vite commencer les travaux. Car 2017, c’est maintenant. Et puis, bien que représentant 70% pourcent des travaux à réaliser dans le cadre de cette manifestation des francophones, la cité olympique n’est pas le seul chantier dans le cadre des 8es  Jeux de la Francophonie. La Côte d’Ivoire devra saisir cette opportunité pour remettre au goût du jour, toutes les autres infrastructures sportives et celles qui entrent en ligne, lors des grands rendez-vous qui mobilisent des milliers de personnes.

Paul Bagnini