Ibrahima Bakayoko (ancien international ivoirien): « Pépé allie qualités individuelles et collectives et puissance de pénétration »

Ibrahima Bakayoko (ancien international ivoirien): « Pépé allie qualités individuelles et collectives et puissance de pénétration »

Vous êtes l’un des rares professionnels ivoiriens à avoir évolué dans quatre des cinq grands championnats d’Europe. Est-ce une fierté et qu’est-ce qui explique cela ?

C’est une fierté, bien sûr. C’était mon destin. Je voulais jouer à tout prix dans ces quatre championnats pour pouvoir apporter mon expérience à mon pays. C’était aussi une façon d’ouvrir la porte aux Ivoiriens et Africains qui allaient évoluer dans ces championnats, plus tard. J’avais déjà compris, à l’époque, que le football, c’était du business. Il fallait bien négocier tous ces contrats pour en tirer profit.

Quel est le championnat qui vous a le plus marqué ?

Celui qui m’a le plus marqué, c’est le championnat d’Espagne qui est d’un très bon niveau technique. En tant qu’attaquant, on reçoit beaucoup de ballons. On vous offre également l’occasion de vous exprimer.

Que pensez-vous de Nicolas Pépé qui, cette saison, a franchi le cap des 20 buts dans le championnat de France. Ce que n’avait réussi aucun autre Ivoirien, depuis la saison 1961-1962.

Il faut féliciter ce joueur et son entourage. Je me souviens d’une rencontre que son club et lui avaient perdu (5-1) face à Marseille, la saison dernière. J’y étais et j’ai discuté avec son entraîneur qui m’a dit qu’il fera tout pour garder plusieurs de ses joueurs. J’ai été déçu qu’un joueur comme Bissouma Yves (Ndlr : international malien) ne soit pas resté.  J’aurai préféré qu’il reste à Lille pour confirmer. Nicolas Pépé pouvait partir, mais il est resté pour confirmer. S’il part cette saison, ce sera par la grande porte. Il faut le féliciter, bien que sa performance ne m’étonne pas. Son  entraîneur voulait à tout prix qu’il reste. J’ai vraiment apprécié la stabilité des conseillers du joueur. Il ne se prend pas la tête, il est très bien encadré et c’est une bonne chose. S’il poursuit sur cette lancée, il fera une très bonne carrière.

Durant votre carrière, vous n’avez jamais franchi la barre des 20 buts, comment l’expliquez-vous ?

Quand vous avez un entraîneur qui est acquis à votre cause et qui vous fait confiance à 100%, comme c’est le cas de celui de Pépé, cela vous donne une chance  de vous affirmer. Il y a moins de pressions et vous tentez beaucoup de choses. Il a mérité, en plus, le respect de ses coéquipiers. L’année dernière déjà, il avait fait une bonne saison. Il évolue dans un club qui est différent de Marseille où j’ai évolué. Si, à l’époque, j’étais resté une ou deux années de plus à Montpellier, j’aurais pu passer la barre des 20 buts. Mais il fallait aller dans un club plus huppé et dans un championnat plus difficile pour gravir d’autres échelons.

Aviez-vous été tenté, par moments, d’être meilleur buteur ?

Pour moi, le plus important, c’était de marquer des buts. Après, être meilleur buteur, cela dépend de l’ambiance qu’on vit avec ses partenaires.

Quelles sont les qualités à avoir pour être meilleur buteur ?

Il faut avoir la qualité individuelle d’abord. Parce qu’il y a moins de joueurs africains qui ont le style d’un attaquant comme Trezeguet, à l’époque. On ne fera pas le système pour un joueur africain, s’il n’a pas la vitesse, la puissance. On fait plus d’efforts que d’autres joueurs qui sont adroits mais qui font moins de kilomètres. Le conseil que je peux donner à un attaquant africain, c’est de tout faire pour garder ses qualités individuelles et collectives et d’avoir une puissance de pénétration. Nicolas Pépé allie toutes ces qualités.

Quel est l’attaquant africain qui vous a impressionné durant votre carrière ?

C’est Georges Weah qui était mon idole. Il avait la qualité individuelle. Quand il entre dans un match, il fait la différence. Avant, le niveau était très élevé dans le championnat français. Aujourd’hui, il a un peu baissé.

Interview réalisée par
Céleste Kolia