Fidec : Bicéphalisme à la tête du jeu d’échecs

Fidec : Bicéphalisme à la tête du jeu d’échecs


Justin Brou, l’ex-deuxième vice-président du président Jean-Claude Mathieu Essis Essoh de la Fédération ivoirienne de jeux d’échec (Fidec), s’est fait élire à la tête de  cette organisation.

Il a la caution de la majorité des clubs. Conformément aux textes qui régissent la Fidec, c’est à l’initiative des 2/3 des membres qu’un comité ad hoc mis sur pied, conformément à l'article 28 des statuts, qu’ils ont décidé de se passer du président Jean Claude Mathieu Essis Essoh, le 30 mars.

Le point de discorde, sa réélection, le 27 octobre 2017, à l’Injs. Pour Brou Brou Justin, magistrat hors hiérarchie, le président sortant était inéligible. Étant donné qu’Essis Essoh n’avait plus sa résidence habituelle en Côte d’Ivoire.

Ce dernier vit en République démocratique du Congo. Or, l’article 10 alinéa 3 du règlement intérieur de la Fidec dispose que le candidat doit avoir sa résidence habituelle en Côte d'Ivoire. Depuis cinq ans, il est chef de bureau adjoint et coordonnateur des affaires civiles de Kananga, région du grand Kasaï (une mission des Nations unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (Monusco).

Justin Brou s’était plaint et le ministère des Sports avait demandé que l’assemblée générale élective de l’Injs attende. Le temps d’évacuer tous les points de désaccord. Mais contre toute attente, elle a eu lieu et a reconduit le président Essis Essoh qui soupçonnait Brou Justin de collusion avec le directeur de cabinet du ministre d’alors, Moumouni Sylla, également magistrat.

Pour Essis Essoh, la question de la résidence habituelle est assez complexe en droit. Aussi s’est-il laissé aller dans une longue explication : « Les articles pertinents des statuts et du règlement intérieur de la Fidec parlent de ‘’résidence habituelle en Côte d’Ivoire’’.

L’argumentation que j’ai présentée à la réunion de validation des candidatures tenue au ministère des Sports est que je suis un fonctionnaire international et que je travaille effectivement, depuis quatre ans, pour la Mission des Nations unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo. Dans cette position, je me donne une habitation ou une résidence dans dans chacune des villes où cette mission m’envoie servir.

Ainsi, j’ai dû me donner une habitation ou une résidence dans les villes de Beni (de décembre 2013 à février 2014), de Goma (de février 2014 à novembre 2015), de Mbandaka (de décembre 2015 à décembre 2016) et de Kananga (depuis janvier 2017).

 Ces habitations ou résidences ne peuvent en aucun cas être considérées comme ma résidence habituelle. En effet, pendant ces 4 années, j’ai toujours maintenu une résidence à Abidjan, d’abord à Cocody Aghien, puis maintenant à Yopougon Gesco.

C’est là que vit ma famille et c’est aussi là que je reviens chaque fois que je suis en congé, relativement à ma mission. C’est donc cette résidence d’Abidjan que j’affirme être ma résidence habituelle ».

Des arguments battus en brèche par Justin Brou. Selon lui, son adversaire a déposé un certificat de résidence signé par le 22e arrondissement de police, le 11 octobre 2017, alors que selon la direction de la police des airs et des frontières, il a quitté Abidjan le 29 août et est revenu le 22 octobre 2017. « Par conséquent, il n'a pas pu demander lui-même ce document », rétorque le juge Brou.

 Bref, aujourd’hui, la situation est grave.
Justin Brou vient d’être élu à la tête de la Fédération avec 18 voix sur 27, contre 0 pour Jean-Claude Mathieu Essis Essoh, absent du pays. « Je suis fier d’avoir été élu en 2019, avec une large majorité des suffrages exprimés.

 Si nous continuons dans cette unité d’action, nous allons faire de grandes choses. A l’endroit de tous ceux qui se sont inquiétés parce que nous n’avons pas fait venir quelqu’un du ministère pour authentifier ces élections, je puis vous rassurer quant aux échanges que j’ai eus avec le responsable qui est habituellement désigné pour assister aux assemblées générales électives.

Il a donné son accord par voie numérique. Nous sommes au 21e siècle, toutes les voies de communications sont bienvenues (…) », a rassuré le nouvel homme fort des échecs.

Les deux hommes se proclament donc président de l’association. Justin Brou, depuis 2017, organise des tournois et participe à tous les rendez-vous africains avec l’équipe nationale de Côte d’Ivoire.

 De son côté, Essis Essoh, représenté par des hommes clés sur le terrain, organise des championnats et autres compétitions à travers la ville d’Abidjan.
 
PAUL BAGNINI