Can 2019: Des Ivoiriens jugent la prestation des Eléphants

Can 2019: Des Ivoiriens jugent la prestation des Eléphants

Macaire Etty (Ecrivain, Critique littéraire): ''Il y a des joueurs qui ne méritaient pas d'être dans la sélection''

Le football n'est plus un simple jeu. Il a pris l'allure d'une science avec ses lois et ses exigences. Depuis notre finale contre l'Egypte et notre première participation au Mondial, les éléphants ont atteint un niveau qui les place parmi les meilleurs du continent. Cela signifie qu'il ne faut plus rien négliger. Il en va de l'image de notre pays. Lorsqu'on a compris cela, on prend toutes les dispositions pour maintenir le cap avec une approche professionnelle. Cela passe par le suivi des joueurs dans leur championnat, la "traque" des footballeurs ivoiriens dans le monde entier et par l'embauche d'un sélectionneur expérimenté.

Notre échec à cette CAN tient du fait que nos responsables du football pensent qu'avec le hasard, l'amateurisme, on peut faire des miracles. L'équipe n'était pas compétitive. Il y a des joueurs qui ne méritaient pas d'être dans la sélection. Cette fixation sur 2021 est une sorte de fétichisme stérile. Si on y va avec les mêmes approches et méthodes, avec la même configuration, on va se casser le nez, que dis-je? les pieds. Il faut dégager les moyens colossaux pour construire une équipe compétitive, soudée, besogneuse pour remporter la CAN. Le slogan "participer pour participer" est caduc. L'équipe qui était à la CAN n'était pas à la hauteur. La phrase "ils sont tombés les armes à la main" relève de la complaisance. La Côte d'Ivoire mérite mieux.

Fatym Touré (technico-commerciale): "La sélection ivoirienne devrait améliorer le jeu collectif, le repli défensif"

L’équipe est arrivée avec un statut peu habituel d’outsider, sans doute imposé par des éliminatoires poussives marquées par des performances aussi irrégulières qu’inabouties. A l’entame des phases finales, la formation des Eléphants n’a pas convaincu face aux Sud-africains, brouillant leur football par un kick and rush improvisé et une structure tactique approximative. La bande à Kamara Ibrahim n’a dû son salut qu’à l’unique but d’un Jonathan Kodja hallucinant de maladresse, fer de lance d’une attaque farçant la nostalgie des Drogba et autres Aruna Dindane, Gervinho.

En somme ce 1er tour énigmatique marqué par une défaite évidente face au Maroc d'Hervé Renard n’a fait qu’accroitre les rangs des sceptiques sur la suite de la compétition. Les Eléphants débarquent tout de même en 8e de finale, forts d’une flatteuse victoire face à la moribonde Namibie. En face se dresse une inspirée et cohérente équipe du Mali. La sélection ivoirienne devrait améliorer le jeu collectif, le repli défensif, le casting du milieu et le coup de pied arrêté.

Yahaya Karamoko (Inspecteur principal en Histoire-Geographie à Touba): ''Nous n'avons que des milieux défensifs''

L'équipe nationale de Côte d'Ivoire a pris part à la Can 2019 avec pour objectif principal, la préparation de la campagne de 2023, que notre pays abritera. Il s'agissait donc d'une phase transitoire, l'équipe étant en pleine reconstruction après la retraite de la quasi-totalité des joueurs de la génération dorée des académiciens et de leur leader emblématique, Didier Drogba. En termes clairs, la Can 2019 entre donc dans un processus de préparation de la compétition de 2023. Notre équipe nationale en allant en Égypte, selon les dirigeants de la Fif, allait en apprentissage tout en ayant une performance non ridicule c'est-à-dire sortir de la phase des poules et évoluer progressivement dans la compétition.

A ce propos, je peux affirmer que nos pachydermes ont bien accompli la mission dans la mesure très peu de nos concitoyens ne mettaient une pièce sur la capacité du groupe dirigé par Kamara Ibrahim à sortir des poules. Il a même fait mieux en tombant en quart de finale avec une belle copie bien rendue face aux Fennecs contre lesquels tous les oracles avaient prédit une cinglante défaite des Éléphants de Côte d’Ivoire. Que Nenni ! Serey Dié et ses amis ont fait plus que résister.

Nos athlètes ont prouvé aux yeux du monde entier qu'ils sont capables de produire des prestations de qualité pourvu qu'ils mettent une dose de volonté et d'engagement. Ce sont là des aspects à améliorer notamment, l'envie, l'engagement, le combat. En un mot, les joueurs ivoiriens doivent mouiller le maillot. L'entraîneur gagnerait à tirer le maximum de ses joueurs qui potentiellement sont très bons si l'on s'en tient à leurs performances dans leurs clubs respectifs. Mettre en place une tactique bien huilée avec des automatismes rodés et des joueurs complémentaires de sorte à garder l'équilibre de l'équipe lancée dans l'arène. Les Éléphants ont besoin d'un véritable tueur aux avant-postes précisément en pointe.

Les maladresses à répétition de Jonathan Kodja et ses lacunes techniques pourraient expliquer notre élimination face à l'Algérie. Le coeur du jeu souffre d'un manque criant de véritable patron capable d'alimenter la vision offensive en ballons propres. Nous n'avons que des milieux défensifs. La tâche du staff technique sera de poursuivre la prospection à l'effet de dénicher ce numéro 10 qui apportera de l'allant au jeu offensif des Éléphants. Pour finir, si je souscris au maintien du staff de Kamara Ibrahim, il serait bon de l'améliorer car pour ma part, c'est dans la durée qu'un technicien met son empreinte sur son groupe. L'Éternel recommencement en mon sens est contre-productif.

Koffi Sandjé Mélissa (cadre de banque): ''à ce niveau de responsabilité, on n’a pas besoin de stagiaire ni d'apprenti''

Ah que cette défaite fut BELLE, DOUCE, HÉROÏQUE ET FACILE À DIGÉRER. Il y a des défaite qui énervent, révoltent même. Pas celle-ci. Je suis fière du dernier match de nos Éléphants. Malgré la supériorité technique et tactique de nos adversaires algériens, nos pachydermes se sont battus dignement avec le cœur et avec les tripes. C'est ce qu'on attendait d'eux. Et ils l'ont fait. La prise de conscience de la cause nationale a fonctionné. La valeur du maillot national a fonctionné. Hélas ! A ce niveau de responsabilité, on n’a pas besoin de stagiaire ni d'apprenti. La Fif doit penser à Zahui. c’est l'homme qui peut nous ramener la coupe à la maison.

Kouamé Raphaël Zouzou (Enseignant): ''2023, on peut y croire''

Nos pachydermes ont retrouvé les vertus d'une équipe de football moderne. Respect des dispositions tactiques, engagement individuel et collectif des joueurs. Pour mener un combat épique digne des matchs de légende de la Can. Pour la première fois dans cette Can, le 4-3-3 de Kamso (Kamara Ibrahim) a laissé entrevoir un fond de jeu qui augure des lendemains meilleurs pour le onze ivoirien. Gradel et Zaha ont fait le boulot sur les côtés. En phase offensive et défensive, Sangaré (puis Gbamin) et serey ont élevé leur niveau de jeu.

Même si dans les 10 dernières minutes du temps réglementaire et dans les prolongations, nous avons laissé le ballon aux Algériens avec le recul de notre bloc équipe, dans nos 40 derniers mètres. Malgré tout, les Fennecs ne se sont pas montrés dangereux. Car dans toutes les zones de jeu, il y avait le surnombre. Malheureusement, l'arbitre refuse d'utiliser la Var pour une double main dans la zone de vérité de Fengouli dans les ultimes moments du temps réglementaire. Comme nous sommes en phase de reconstruction après la génération dorée des Drogba. Regardons vers la Can 2021 et positivons. L'objectif final reste à bâtir une équipe pour gagner la Can de l'édition 2023 sur les bords de la lagune Ebrié. On peut y croire. Bravo aux Eléphants.

 

N’Guessan Jean Maxime (Etudiant à l’Université de Montréal, Canada) : « C’est une élimination logique »

L’élimination de l’équipe nationale de football de la Côte d’Ivoire, au stade 1/4 de finale de cette coupe d’Afrique des nations 2019 est diversement appréciée et interprétée par les ivoiriens. Pour certains, les inconditionnels cette élimination est comme une pilule amère, difficile à avaler.

Pour d’autres, les observateurs réalistes et non passionnés comme moi, cela était logique. La côte d’Ivoire avait un groupe de joueurs pétris de talents, mais pas une équipe. Malgré cette richesse qui fait jalouser tout entraîneur.

Le nôtre n’était pas à la hauteur de cette équipe. Il n y a pas de fond de jeux, absence de cohésion entre les différentes lignes, pas de tactique ni stratégie. Le talent et l’expérience des grandes compétitions des joueurs ont caché la carence criarde de l’entraîneur.

La prochaine compétition commence maintenant Les dirigeants ont plusieurs choix. Soit ils vont prendre un entraîneur de haut niveau. Soit, s’ils veulent faire la promotion des entraîneurs locaux, ils envoient Kamara et bien d’autres en formation pour acquérir l’expertise nécessaire pour diriger les équipes nationales.



Propos recueillis par
CASIMIR DJEZOU