Ancienne gloire du Football / Kouyo Zohouri Faustin: "Je vis bien ma reconversion"

Ancienne gloire du Football / Kouyo Zohouri Faustin : "Je vis bien ma reconversion"
Ancienne gloire du Football / Kouyo Zohouri Faustin : "Je vis bien ma reconversion"

Ancienne gloire du Football / Kouyo Zohouri Faustin: "Je vis bien ma reconversion"

C’est un homme dégageant de la bonne humeur que nous avons retrouvé dimanche dernier, à Yopougon, (terminus 40), la plus grande commune de Côte d’Ivoire. Où il réside depuis plusieurs années avec sa petite famille. Pour entretenir la forme, le footballeur-policier à la retraite, se soumet, dit-il, souvent à des exercices physiques. « Cela me fait du bien. Le sport entretient la santé… », fait-il savoir, le sourire aux lèvres.

La soixantaine passée, l’ancien attaquant redoutable des jaune et noir, n’a pratiquement rien perdu de ses qualités physiques. « Je vis de ma pension d’agent de police à la retraite sans oublier que je suis un homme d’affaires. Je ne regrette pas d’avoir joué au football. Ce sport m’a permis d’être recruté à la police en 1983. Parallèlement au sport, je travaillais à l’Anam en qualité de dessinateur en bâtiment. C’est de là que j’ai été contacté par le général Gaoussou et le commandant Valet. Pendant une saison, j’ai évolué en deuxième division au sein de l’Association sportive de police (As police), avec Cissé Vakantié, ancien sociétaire de l’Asec. Pendant 26 ans, j’ai servi la police avant de prendre ma retraite en 2009. Aujourd’hui, je vis bien ma reconversion. Je remercie le Tout-Puissant, source de mon inspiration. Je le remercie de m’avoir donné une femme sans problème et six enfants dont deux filles. Nous ne roulons certes pas sur de l’or mais arrivons à joindre les deux bouts », confie-t-il.

Carrière

C’est dans la région du Bas-Sassandra, précisément à San-Pedro que Kouyo Zohouri Faustin a été enrôlé, en 1973, pour évoluer à l’Asec Mimosas ; ce, par le truchement d’Aubin Lazare et Andouan Gilbert, président des Actionnaires à l’époque.

Milieu de terrain ou attaquant, Zohouri fait son baptême du feu en équipe seniors de l’Asec, en 1974, contre l’Asi d’Abengourou. C’était dans la “ bonbonnière ” du Plateau. Il marque l’unique but de la partie.

« Je réussis un travail individuel avant de bombarder le gardien adverse, Sah Traoré », se souvient-il. En compagnie de Paul Bahoua, Fofana Abdoulaye, Timité Vassouleymane, Cissé Vakantié, Marc Gohi, houhon Edouard, Zekra Zady et autres, le jeune Zohouri fait feu de tout bois, à la grande satisfaction de son président central d’alors, Me Dervain. A l’époque, la rivalité Asec-Africa battait son plein tant au niveau des supporters que des joueurs. Acteur privilégié de cette rivalité sans mesure, Zohouri indique qu‘elle se passait en dehors et sur le terrain. « Ce n’était pas gagné d’avance. Il fallait se battre jusqu’au bout, devant un public record, pour espérer remporter la victoire, contrairement à maintenant », soutient-il. Et de se souvenir d’un derby en particulier…

« C’était lors d’une journée des handicapés (en 1982). Nous avions corrigé l’Africa (3- 0). Le trio infernal Bahoua- Kassy-Zohouri fut le bourreau des Aiglons. Leur infortuné gardien Marcel Bodoua avait souffert devant les coups de boutoir de l’attaque jaune et noir. Ce jour-là, j’ai cédé mon brassard de capitaine à Casimir Séry, transfuge de l’Africa.

C’était une façon de l’intégrer et le motiver. Cela s’est bien passé. Il faut préciser que Kuyo Téa Narcisse (ancien président de l’Africa et attaché de cabinet de l’ex-Président de la République, Laurent Gbagbo), était le libero de son équipe. ». Zohouri redoutait justement ce Kuyo Téa Narcisse dit Cercueil qu’il considère comme l’un des meilleurs défenseurs que le football ivoirien ait connus. « Il était dur sur l’homme et ses tacles appuyés faisaient très mal. N’oublions pas qu’il a fait les arts martiaux », poursuit Zebia (pour les intimes). Qui, par ailleurs, fait savoir que d’autres joueurs tels que Kundé Emmanuel, Daniel Eboué, Ibrahim Ahoudou, Arantès Grégoire Mbida, Théophile Abega sans oublier le Seigneur Roger Milla (Cameroun) et Ibrahim Youssef (Egypte) l’ont impressionné par leurs qualités techniques, physiques et morales à l’époque.

Sur le plan local, Zohouri admirait beaucoup feu Aka Pascal Miézan (pour sa lucidité, sa technique et son endurance), Yaya Tutu (Stade d’Abidjan), Timité Vassouleymane de l’Asec(très technique), les Bassamois Lacina Traoré Maxime et Any Gomet Alexis (très rapides et techniques), Boty Simplice (buteur et bon techniquement ), Paul Bahoua et Lucien Kassy Kouadio (pour leur sens de la précision).

Meilleurs et mauvais souvenirs dans la carrière d’un joueur, il y a toujours des hauts et des bas. L’ex-international de de ses meilleurs souvenirs, ce fut l’opposition Asec-hafia (3- 0), en 1976, à Bouaké, dans le cadre de la Coupe d’Afrique.

Zohouri a provoqué le penalty qui a permis à Ouattara Lazane d’ouvrir la marque. Sur le plan national, Zohouri a encore en mémoire la finale de la Coupe Houphouët-Boigny remportée par l’Asec (3- 0) devant le Réveil club de Daloa d’un certain Dégri Dago Jean-Claude, en 1980.

Notre interlocuteur avait inscrit deux buts splendides et feu bailly César venance, un but. « J’ai été sacré meilleur canonnier de la saison 1980, avec 21 réalisations. Un record que seul Gohi-Bi Cyriaque (Asec) a battu. Ce fut un grand moment pour moi », fait-il remarquer.

Dans la galerie des mauvais souvenirs, il retient sa blessure et l’élimination de l’Asec face au Kaloum star de Conakry (1-2) à Abidjan. C’était en Coupe d’Afrique des vainqueurs de coupe (devenue Coupe de la Confédération).

« Il y a également ce match de championnat que nous avons perdu face au Stade d’Abidjan (3-4). L’Asec menait à la pause (3-1) dont un but de Zohouri et en seconde période, le Stade, sous la férule d’un éblouissant Zahui Madou Laurent (l’homme au bandeau), a renversé la vapeur », raconte-t-il, nostalgique.

En sélection nationale, Zohouri n’a pas trop brillé. Toutefois, il avoue avoir été heureux d’appartenir à l’équipe des éléphants qui s’est qualifiée pour la Can 1980 (0-2 ; 4-0) aux dépens des soudanais conduits, à l’époque, par un certain Gargarine (diplomate-joueur). Sans oublier qu’avec les éléphanteaux, il a pris une part prépondérante dans la qualification pour le premier Mondial des Juniors, en 1977, qui s’est déroulé en Tunisie. Où la Côte d’Ivoire a tenu en échec l’Italie et le brésil (1 1) avant de succomber, à la surprise générale, devant l’Iran (0-3).

Suggestions

Par ailleurs, l’ex-sociétaire de l’Asec et de l’As Police est du même avis que ceux qui soutiennent que le football ivoirien, après le sacre de 2015, a perdu de son efficacité, sa splendeur. « Les retraités internationaux tels que Yaya Gnégnéry (un play-maker), Kolo Touré, Drogba, Zokora, Copa, Chico et Tioté (paix à son âme) n’ont pas encore été valablement remplacés. Et puis, en football, il n’y a pas de génération spontanée. Je demande aux dirigeants du football ivoirien de ne pas baisser les bras mais plutôt de continuer à détecter des talents dans les quartiers et les différentes régions du pays. Cela garantira l’avenir du football en Côte d’Ivoire. « La reconstruction est difficile et il faut de la patience. Cependant, je souhaite le retour des championnats cadets, juniors et même de réserve. Ils nous feront du bien », pense l’ancien bombardier des Mimos. Sans oublier de souhaiter bonne chance aux éléphants dans les éliminatoires du Mondial 2018 et de la Can 2019. « Bonne chance également à mon club, l’Asec en Coupe d’Afrique », conclut-il .

JEAN-BAPTISTE BÉHI