Urbanisation : Pourquoi n’a-t-on pas réalisé des aires de jeux, quand on construisait les quartiers ?

Urbanisation : Pourquoi n’a-t-on pas réalisé des aires de jeux, quand on construisait les quartiers ?

Un jour, l’un d’entre eux, un môme de 14 ans à peine, m’a dit ceci : Tonton - signe de respect -, si on ne joue pas là, où irons-nous ? Pourquoi n’a- t-on pas réalisé des aires de jeux, des espaces de récréation, quand on construisait le quartier ? »

Ce jeune homme, les yeux déjà ouverts sur une des tares de nos politiques en matière d’habitat, soulevait, en effet, la question de l’urbanisation de nos cités et posait celle d’un manque criant que l’on constate. Pourquoi n’a-t-on pas réalisé des aires de jeux, quand on construisait le quartier ? Soit, on y a pensé, mais par souci d’économie et pour parer aux urgences (faire face, hic et nunc, au déficit en matière de logement), on n’en a pas fait. Soit, on n’y a pas pensé, et sans doute qu’on y pensera jamais. Le constat est là, il suffit de voir le paysage qu’offrent aux regards, nos vastes opérations immobilières. Sans espace de jeux !

Regardez la route de Bingerville et ses constructions ! Nulle part, mes yeux n’ont vu un endroit dédié au sport. Nulle part, non plus, ils n’ont vu des espaces verts. Ils ont cependant vu l’asphalte qui ceinture et délimite les habitations aux couleurs multiples, dont la plupart a été transformée pour obéir à la logique illogique de l’habit chez nous : pour m’habiter vraiment, il faut me transformer. Y habiteront des hommes et des femmes, des familles donc, qui n’auront pas le choix. Ils y vivront sans se connaître, chacun barricadé chez lui. C’est comme cela que l’on crée des villes inhumaines. On y vit, sans se connaître, en l’absence d’espaces de jeux et de récréation pour socialiser les habitants du quartier, et bâtir des cités fraternelles.

C’est le règne du tout béton, avec des environnements sans poésie, quand on regarde cette ville, Abidjan, qui s’étend et s’étend. Á l’image de presque toutes les grandes villes du continent, avec leurs constructions où la règle le dispute à l’anarchie, où chacun semble faire ce qu’il veut et ce qu’il peut. Sinon, comment expliquer que, de nos jours, où l’on parle de développement durable, l’on puisse autoriser à construire ce type d’habitat, qui ne prend pas en compte cette notion de Développement durable, dans laquelle « le social doit être un objectif, l’économie un moyen et l’environnement une condition » ?

Il y a même plus regrettable. Partout, même dans les ravins, côté Danga, s’élèvent, à l’assaut du ciel, des immeubles pour des regroupements communautaires. Pas une place ne sera laissée à la végétation. La route de Bassam en est un exemple, avec ses étendues d’opérations immobilières. Pas un soupçon d’espace vert à elles dédiées, pas une once d’espace de jeux, pas une salle de récréation. Pas une place ne sera laissée, non plus, à la végétation. Demain, à l’allure où vont les constructions, des Bassamois historiens écriront, sans aucun doute, nostalgiques d’une époque où Dieu leur avait donné en cadeau la nature verdoyante : « Naguère sur cette voie, nous avions des étendues de palmiers, de cocoteraies… Et l’air était si bon ! »

J’ai rigolé, quand j’ai vu des pancartes, dans une commune-phare de la capitale, et entendu la profession de foi de l’autorité municipale en échos au slogan inscrit sur ces pancartes : « Rendre vert sa commune ». Rendre vert sa commune ? Dans cette commune, l’on vient de détruire un marché « wouya-wouya » - désordonné – qui fait face à une voie principale. Fasse Dieu que j’aie tort, car je parie que l’on viendra y ériger des colonnes de béton, en hauteur, pour magasins et ou logements. Dans cette cité, en effet, le seul réflexe de ceux qui se sont succédé à la tête de la commune, a été, le plus souvent, de détruire les quelques rares espaces verts. Fasse Dieu… Vous imaginez à cet espace, un jardin, si beau, si bien entretenu… N’en rêvons pas. Nos maires et bâtisseurs, en plus de ne pas être des sportifs, ne sont pas écolo. C’est comme si l’on demandait à un qui en a le label, des communes impossibles, insalubres, de réaliser un jardin, ou un espace vert à la place des boutiques.

Alors, mon petit, mets ton « pourquoi » en prière, afin que surgissent de nos communes, des espaces de jeux, des espaces verts, des jardins, etc., bien entretenus par tous, pour tous, qui donneront à nos cités des allures de villes modernes, un cachet de poéticité. Pour l’heure, elles se ressemblent presque toutes, dans leurs étranges laideurs et désordres.

 

Par Michel KOFFI