Transport lagunaire : Les gares de la CITRANS ouvrent en avril

Transport lagunaire : Les gares de la CITRANS ouvrent en avril

Transport lagunaire : Les gares de la  CITRANS ouvrent en avril

Pour le patron de cette entreprise, Zoumana Bakayoko, l’entreprise atteindra sa vitesse de croisière avec l’entrée en activité de ces gares et l’arrivée de quatre nouveaux navires d’ici juin prochain.

Lady Dominique, le bateau vedette de la Compagnie ivoirienne des transports lagunaires (Citrans), porte bien son statut. C’est à bord de ce navire VIP de 240 sièges tout de cuir revêtu que l’Administrateur directeur général, l’homme d’affaires Zoumana Bakayoko a convié la presse, pour dresser un bilan des six premiers mois d’activité de la Citrans sur le plan lagunaire d’Abidjan.

« Ces premiers mois nous ont confortés dans notre stratégie de départ et dans nos études qui montraient clairement l’importance de la demande en transport à Abidjan, où entre 700 000 et 1 million de personnes doivent se déplacer chaque jour, a relevé d’entrée de jeu, M. Bakayoko. L’engouement des populations pour le transport lagunaire, avec de longues files d’attente aux heures de pointe, indique bien que la demande est supérieure à l’offre, et qu’il nous faut redoubler d’ardeur pour développer davantage le transport par voie lagunaire des passagers, qui permet de réduire les distances et les temps de parcours en évitant les embouteillages des voies terrestres, le tout dans des conditions optimales de confort et de sécurité ».

Motifs de satisfaction

M. Bakayoko a énuméré plusieurs motifs de satisfaction. Le premier : « C’est de voir que ce projet, qui n’était encore qu’un rêve il y a trois ans, est devenu réalité. Ce n’était pas facile de convaincre les banques de nous apporter leur appui. Sur le type même de bateaux à construire, ce n’était pas évident. Il fallait créer quelque chose qui s’adapte à nos fonds lagunaires qui ne sont pas très profonds. Nous avons ainsi opté pour des catamarans, des bateaux flottants qui ont un faible tirant d’eau. Pour assurer la stabilité, nous avons tablé sur des bateaux de 8 mètres de large. Avec une longueur de 27 m qui permet d’avoir une importante capacité pour pouvoir transporter les passagers. Nous avons opté pour des bateaux pouvant transporter 200 personnes et plus par voyage, ce qui permet de transporter le maximum de personnes par jour ». Le fait que les gares soient en train de devenir une réalité, avec une ouverture effective programmée pour au plus tard la fin du premier semestre 2018, constitue une autre source de satisfaction pour le patron de cette entreprise dont le plan de déploiement prévoit à terme une dizaine de gares à desservir dans la District autonome d’Abidjan.

Quid de la concurrence ? Après la libéralisation du transport lagunaire autrefois du seul ressort de l’opérateur public Sotra (avec des incursions du secteur informel à travers des embarcations de fortune), outre la Citrans, une autre société, la STL s’est vue concéder ce service public. Pour M. Bakayoko, la demande est tellement forte que les trois opérateurs actuels ne pourraient la satisfaire à court terme. « Nous réfléchissons plutôt en termes de collaboration et de partenariat. C’est ainsi que, même au niveau de nos gares, nous les avons conçues avec un souci d’interopérabilité, de sorte qu’elles puissent être utilisées par les différents opérateurs, au lieu que chacun construise ses gares », souligne le patron de la Citrans. N’y a –t-il pas là un risque d’entente déloyale sur le dos des usagers, s’est enquis un confrère, s’inquiétant du fait que la Sotra, après l’affaissement de sa gare du Plateau, utilise les infrastructures de la Citrans situées à un jet de pierre de là. Réponse de M. Bakayoko : « Non. Nous avons, dès la survenue de l’incident, appelé le patron de la Sotra, pour lui dire que nous mettions nos installations à sa disposition. Ce n’est pas de l’entente déloyale, mais plutôt un concours que nous prêtons à un opérateur, et je pense que nous devrions tous travailler dans un tel esprit pour mener à bien ce transport public que l’Etat nous a concédés ».

Des challenges à relever

Les premiers mois ont également permis à Citrans de mesurer les challenges à relever et d’affiner sa stratégie en conséquence. Face aux difficultés de navigation liées à la présence d’objets solides dans les fonds lagunaires qui entravent le bon fonctionnement des hélices, la société a acquis des navires permettant de tester toute la lagune, et travaille « étroitement avec les autorités compétentes » pour dénicher ces obstacles et tous autres détritus pouvant entraver la bonne navigation. « Si ce travail n’est pas fait, même la future baie lagunaire de Cocody en construction ne pourra pas fonctionner correctement. Il nous faut améliorer les voies de navigation et nettoyer la lagune pour éviter les écueils ». Des palliatifs ont été trouvés pour résoudre ce problème, avec des technologies disponibles sur les navires et permettant de découper les objets solides sur le parcours, assure M. Bakayoko. Cette technologie contribuera ainsi à « diminuer les arrêts de maintenance, de sorte que les navires puissent être utilisés de façon optimale ».

Pour atteindre l’équilibre financier, l’Administrateur directeur général sait désormais ce qu’il faut faire : miser sur la capacité, c’est-à-dire le nombre de sièges offerts par voyage. Ce qui permettra ainsi, par exemple, avec un bateau de 200 places, de transporter 3000 passagers en trente courses, là où il faudrait le double de ces courses pour un bateau de 100 places. Sur la base de l’expérience désormais acquise, le patron de l’entreprise pense à  des bateaux de 400 places pour les zones les plus peuplées.

Quatre nouveaux bateaux sont attendus d’ici à la fin du premier semestre, pour porter à 11 le nombre de navires dans cette première phase de déploiement, a assuré M. Bakayoko. Ce qui devrait renforcer l’offre et, avec la mise en service effective des différentes gares, contribuer à atteindre, dans une deuxième phase, l’objectif de transporter jusqu’à 60 000 passagers/ jour que l’entreprise s’est fixé. En attendant, la Citrans met les bouchées doubles pour achever la construction de sa gare du Plateau, qu’elle veut ultra moderne et « lieu de vie », avec une vingtaine de boutiques et diverses commodités prévues pour joindre l’utile (le transport) à l’agréable (faire ses courses en attendant le bateau bus). Comme témoignage des débuts prometteurs de la Citrans, M. Bakayoko assure avoir été déjà contacté par divers pays souhaitant apprendre de l’expérience de ce nouvel opérateur ivoirien. Quant au chantier naval, un autre projet phare de la compagnie, il avance et plusieurs opérateurs de taille mondiale frappent à la porte pour un partenariat.

Valentin Mbougueng