Santé : Naturothérapeute, Adou Tanoh Albert défie la médecine moderne

M.Adou Tanoh Albert, tenant un présentant un échantillon de son produit Sarenta à un patient
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Santé : Naturothérapeute, Adou Tanoh Albert défie la médecine moderne

Santé : Naturothérapeute, Adou Tanoh Albert défie la médecine moderne

« Si les médicaments de la médecine traditionnelle, étaient vendus en pharmacie, on aurait guérit pas mal de patients », confie ouvertement Adou Tanoh Albert, tradipraticien. Ce monsieur a mis au point des remèdes très prisés par les populations et expérimentés même dans le cercle universitaire, particulièrement à l’Ufr des Sciences pharmaceutiques et biologiques.Où l’un des enseignants, Pr N’guessan Dagri, Professeur titulaire en Pharmacologie, a encadré plusieurs de ses apprenants sur  "Tano Patti", un décocté d’un mélange de plantes mis au point par ce tradipraticien.

Un remède contre le paludisme

En plus de "Tano patti" qui soigne plusieurs maux tels le paludisme, l’ulcère, ce «médecin» à plusieurs autres produits, qui, selon Nazaire Amani, étudiant chercheur, pourraient être de bonnes recettes dans le traitement de l’hypertension artérielle. C'est le cas de "Sarenta" dont la fiabilité permet de stimuler le système immunitaire et constitue une véritable riposte contre les maladies virales.

M. Adou a son laboratoire  nommé Nadieco, situé sur la route d’Alépé. C’est depuis cette base qu'il conçoit tous ses produits dans "le sérieux et la rigueur". En pleine exposition le 3 septembre dernier, à la Bibliothèque nationale sise au Plateau,  ce "médecin" nous a présenté quelques uns de ses produits (du liquide, de la poudre ou encore de l’huile) à base de plantes naturelles. «La composition ? C’est un mélange de 18 plantes différentes, comprenant des écorces, des racines, fleurs et feuilles que j’utilise pour faire la composition. Si je rentre dans les détails certaines personnes pourraient en profiter pour une contrefaçon», nous confie-t-il. Cependant, il affirme que ces médicaments traitent les cas d’hépatites virales, ils renforcent le système immunitaire pour éviter d’autres maladies infectieuses. «En trois jours, je guéris le paludisme, 45 jours à 6 mois pour  l’hépatite virale, selon la gravité du mal. Concernant le diabète, je peux stabiliser le taux de glycémie ; également pour la tension, mais le patient doit continuer le traitement pendant un mois », explique t-il. Le nombre de maladies que ce tradipraticien estime traiter est encore long à énumérer, hémorroïde, faiblesse sexuelle, prostate, ulcère, etc.


Promotion de la médecine traditionnelle

A l’entendre parler de l’efficacité de ses produits, on pourrait  penser à du bluff: « Je reçois entre 30 et 100 personnes par jour. Les clients sont en majorité satisfaits », clame notre interlocuteur.

Mais, M. Adou étonne par le travail qu’il abat pour la promotion de la médecine traditionnelle, au point d'amener  des chercheurs de l’université à faire des expériences avec ses rémèdes. Ainsi, après un test sur 17 médicaments de différents tradipraticiens, «Tanopatti», a été choisi par des chercheurs à l’université pour un test. «Les laborantins se sont rendus comptent que ce produit était le plus efficace. Le test de toxicité aigüe (test permettant de voir si le médicament est toxique) était néant (aucun mal sur les animaux). Avec encore un dosage plus aigu, c’était les mêmes résultats. Surpris par son efficacité (produit non toxique malgré les différents dosages), les chercheurs à l’Université Félix Houphouët Boigny se battent pour que ce produit  soient vendu en pharmacie. Si vous prenez ce médicament contre le paludisme, en trois jours le mal est terminé; pour la fièvre tu utilises le médicament en 6 à 10 minutes, la fièvre tombe », nous révèle-t-il.


Itinéraire de «docteur» Adou Tanoh Albert

Tout a commencé à Bouaké, lors de son baptême. Alors qu’un guide religieux disait la messe, M. Adou tombe en transe. « Je me suis mis à prier intensément pour que Dieu me donne du travail pour aider ma famille et sauver l’humanité. Car, après plusieurs échecs au Bepc, il fallait trouver quelque chose à faire, parce que mon père et ma mère avaient pris de l'âge. Donc j’ai voulu que mes géniteurs profitent de ma réussite. Et dans un songe on m’a dit d’aller à l’Office ivoirienne de la main d’œuvre (Omoci), le lendemain matin pour obtenir un boulot que je devrais faire dans la  dignité, c’est ce travail qui me permettra de gagner ma vie et sauver l’humanité, je ne comprenais pas cela » raconte-t-il.

Déterminé à réaliser ce rêve, il s’est effectivement rendu au siège de  l’Omoci. Là-bas, il fit la connaissance d’un Monsieur, nommé Essy Léon (il nous le montre du doigt, car exposant aussi ses produits). Ce dernier lui remettait  des produits chinois et américains qu’il vendait, moyennant un pourcentage. «Nous étions plus de 12 vendeurs, mais je m’efforçais pour être le meilleur et après trois ans de vente, je me suis dit qu’il fallait que je sois autonome en prenant les taureaux par les cornes. Et un jour à la Compagnie ivoirienne d’électricité, lors d’une prospection, un journaliste de Fraternité matin m’a suggéré de me mettre à mon propre compte au lieu de travailler pour les autres, parce qu’il se disait convaincu que nos villages regorgent de nombreux patrimoines thérapeutiques que nous pouvons valoriser», nous dit-il.

Se servant de ce conseil, Tanoh Albert s’est rendu dans son village pour rencontrer certains de ses parents ayant une expertise avérée dans l’univers des plantes médicinales, «Ils m’ont légué certaines plantes sur lesquelles j’ai beaucoup travaillé et que je vendais, en plus des produits chinois et américains. Quelques années après, je me suis installé à Abengourou pour pouvoir faire mes recherches personnelles en abandonnant tous les marchés que j’avais. Revenu à Abidjan, j’ai repris la vente des produits qui m’ont permis d’acheter un lot à Abobo», poursuit-t-il.


Une thèse lui est dédiée

En plus de son lot, cet Homme est en train de s’inscrire dans l’arène des "savants" de la  médecine. La preuve, Koua Bi Eba Jean, de l’Ufr des Sciences pharmaceutiques et biologiques, a travaillé sur l’un des produits de ce naturothérapeute, pour sa thèse en vue de l’obtention du diplôme de Doctorat d’Etat en pharmacie en 2014. Le thème de sa recherche s’intitulait : « Qualité et innocuité d’un remède traditionnel de santé à base de plantes indiquées comme analgésique». Une thèse qui avait pour but de faire la promotion de la médecine traditionnelle, confrontée à l’absence de dose, d’une posologie précise et d’une méconnaissance de leurs effets toxiques par les patients. Pourtant, selon l’Organisation mondiale de la santé (Oms), 80% de la population mondiale a recours à la médecine  pour résoudre leur problème de santé.

Expliquant les raisons qui l’ont amenées à faire des recherches sur les produits de Tanoh Adou Albert, Nazaire Amani, étudiant chercheur au laboratoire de Pharmaco-Biochimie de l'Ufhb, fait savoir : « Lorsque j’ai approché le guérisseur, il m’a dit que son produit Tanopatti avait une action sur les maladies cardio-vasculaires. Surtout que nous avons remarqué que parmi les maladies cardio-vasculaires, l’hypertension venait en première position et était responsable de la plupart des décès, c’est pour cela je me suis intéressé à ce médicament».

Sur  recommandation de son professeur, il a approché différents tradipraticiens en leur demandant les de lui présenter les médicaments les  plus prisés chez eux. Après présentation de 17 produits, il a procédé à une première expérimentation qui consistait à connaitre la composition chimique des produits. « C’est dans la phase des recettes chimiques qu’on s’est rendu compte que le médicament de M. Adou contenait  beaucoup de composante phénolique qui ont un pouvoir antioxydant élevé
». De ce fait, l’étudiant chercheur a utilisé 30 souris qu’il a  réparties en 5 lots de 6 animaux acclimatées pendant une semaine et mises à jeun non hydrique pendant 4h . Une dose de Tanopatti  préparée aux composantes de  5, 50, 300 et 2000 mg/kg de Poids corporel (Pc) avec de l'eau distillée a été administrée, en dose unique, par voie orale. Ainsi, il nous explique ceci : « le lot 1(lot témoin) a reçu par gavage 0,2 ml d’eau distillée. Le traitement des animaux des lots expérimentaux (lots 2, 3, 4 et 5) aux doses respectives de 5, 50, 300 et 2000 mg/kg de Pc s’est fait en 2 essais par dose. Le premier essai appelé essai initial a nécessité 3 souris et le second appelé essai confirmatoire, a également nécessité3 souris. Tous les 6 animaux d’un même lot expérimental sont traités lorsque le premier essai n’entraîne pas de morts en 2 jours d’observation. L’administration de l’extrait de plantes à une dose supérieure est effectuée lorsque la dose précédente n’entraîne aucune mort, et ainsi de suite jusqu’à la dernière dose prédéterminée ».

Selon lui, si le produit était toxique, l’animal mourait, car c’est la méthode de  toxicité aiguë qui a été employée.Donc il est arrivé à cette conclusion : « Au terme de notre travail, il ressort que l’extrait de la recette Tanopatti utilisée en médecine traditionnelle pour le traitement de l’hypertension artérielle possède une activité antiradicalaire et antioxydante remarquable. L’extrait de cette recette est également non toxique selon le système de classification globale harmonisée (Sgh). Ses propriétés non toxique, antiradicalaires et antioxydantes justifient son utilisation et pourraient militer en faveur de son emploi dans la prise en charge de l’hypertension artérielle». Une nouvelle qui pourrait combler les hypertendues.

Au dire de ce naturothérapeute, s’il  a accepté ce test en laboratoire, c’était pour montrer leur efficacité, dans la mesure où ils ne contiennent aucun germe pouvant détruire l’organisme du patient (non toxique) et qu’il peut guérir quiconque.


Prix de la qualité du ministère de la Santé

Exerçant à Abobo Belleville, au carrefour «la clinique»,  ce tradipraticien a reçu le prix de la qualité pour ses efforts dans la valorisation de la médecine traditionnelle, décerné par le ministère de la Santé. Son rêve le plus ardent, est de créer une école et une pharmacie avec le soutien des partenaires « c’est-à-dire ceux qui croient que la médecine traditionnelle peut servir pour la construction et le développement d’un pays. Au Ghana, les tradipraticiens ont facilement accès aux  crédits auprès des banques, mais en Côte d’Ivoire on nous empêche partout, même pour faire la promotion et avoir des clients, on nous empêche. Je vois qu’il  ya trop de contrainte à exercer la médecine traditionnelle en Côte d’Ivoire », déplore notre interlocuteur.

Kamagaté Issouf

issouf.kamagate@fratmat.info