Grandes pluies annoncées: Riviera Palmeraie entre angoisse et espoir

La rue ministre à la Riviera-Palmerais à Abidjan Cocody
La rue ministre à la Riviera-Palmerais à Abidjan Cocody
La rue ministre u00e0 la Riviera-Palmerais u00e0 Abidjan Cocody

Grandes pluies annoncées: Riviera Palmeraie entre angoisse et espoir

A la Riviera Palmeraie, pour la saison des pluies 2019, les résidents du quartier sont entre angoisse et espoir. « Je suis à ma cinquième inondation, l’eau rentre chez moi quand il pleut. Je suis dans ma propre maison, si j’étais locataire, j’aurais quitté le quartier », a confié, sous le sceau de l’anonymat, une dame qui dit avoir mis beaucoup d’argent pour acquérir sa maison.

Avec la saison des pluies qui a commencé, ainsi que les prévisions météorologiques alarmantes, elle avoue être prise de peur. Mais, en même temps, elle est réconfortée par les travaux qui se font en amont par la société qui a décroché le marché des travaux ; et qui d’ici la fin avril devrait tout mettre en œuvre pour que la Rue ministre ne soit plus inondée par une descente violente des eaux de pluie. « Ils n’ont pas intérêt à ne pas respecter le contrat avec l’État », dit-elle.

Expliquant que c’est dans la période du 15 au 20 juin généralement que l’eau de pluie monte dans les maisons. Ce qui inquiète cependant cette dame, c’est que les travaux, même s’ils sont faits en amont, avancent lentement. « Nous sommes dans la crainte. Jusqu’à fin mars, nous n’avons rien vu du côté de la Rue ministre. Alors que ce sont les résidents de cette rue qui subissent les conséquences de la pluie.

Nous sommes entre crainte et espoir », dit-elle pour décrire en quelque sorte son état d’esprit. Elle avoue tout de même qu’en pareille période, tous ceux qui sont exposés aux inondations ne dorment que d’un seul œil. Craignant à tout moment d’être surpris par les eaux.

Le corps d’une dame dans sa cours

Celui qui suit de près l’évolution des travaux d’assainissement est Abba Touré, président de la commission de suivi et d’évaluation (Cse) du Syndicat de propriétaires et copropriétaires de la Riviera Palmeraie. Il est sur la brèche, parce qu’il est lui-même une victime des pluies, et particulièrement de celles de 2018, où l’eau est montée jusqu’à plus de deux mètres dans la rue qui côtoie sa résidence en duplex. Sa famille a été sauvée parce qu’elle s’était réfugiée au deuxième niveau.

La clôture de sa résidence a été emportée, et le corps d’une dame transportée par les eaux s’est retrouvé dans sa cours.Abba, un retraité, n’est pas près d’oublier ces évènements tragiques qu’il a vécus. Son salon avait été envahi par les eaux, et sa maison s’est retrouvée dans un piteux état, au point qu’il a dû aller vivre deux mois chez son fils, le temps de la restaurer. Il a, par ailleurs, fait savoir que les victimes des pluies ont commis un huissier de justice pour faire le point sur les dégâts dans leur maison ; afin de faire valoir leurs droits.

Les avantages du bassin écrêteur

Pour la saison des pluies de cette année, M. Abba veut croire qu’elle ne fera pas autant de dégâts que l’année dernière. Parce qu’un bassin écrêteur est en train d’être réalisé au quartier Génie 2000, qui a pour avantage de retenir l’eau en amont et réduire ainsi son débit pour empêcher l’inondation de la Palmeraie et sa célèbre Rue ministre. Il dit s’être rendu récemment sur le site du chantier pour apprécier l’évolution des travaux. Un ouvrier, à l’en croire, a indiqué que l’ouvrage ne serait pas livré d’ici fin avril. 

Ce qui perturbe quelque peu sa quiétude. Dans la mesure où, lors d’une réunion convoquée par l’entreprise qui a obtenu le marché des travaux de la Rue ministre, l’entrepreneur a fait savoir que sa part de travail était fonction de ce qui se faisait en amont, au quartier Génie 2000.

Serikpa André, président du Syndicat de propriétaires et copropriétaires de la Riviera Palmeraie, est, lui, amer. « Ils avaient prévu le début des travaux pour décembre. Jusqu’à ce jour, aucun début n’est constaté », soutien-t-il. Et d’ajouter : « La Rue ministre devait être élargie de deux mètres. Il était aussi question de revoir la profondeur des caniveaux. Mais de ce côté non plus, rien n’est encore fait », dit-il, en insistant que cette année encore, la pluie risque de faire des dégâts.

Le président du Syndic Solidarité Palmeraie, président du comité de salubrité zone 5, Sene Kouamé Arsène, a exprimé lui aussi des inquiétudes. Quand il pleut, la devanture de ses voisins se transforme en une rivière, et les véhicules sont emportés par les eaux.

A ce propos, il nous a présenté un courrier adressé le 23 avril 2018 à la mairie de Cocody qui est resté sans suite. « La saison des pluies approche, elle constitue pour les habitants de la Palmeraie zone 5, un vrai cauchemar, parce qu’elle rime avec inondations, et leur cortège de destructions de biens et de désastres en tous genres », écrit-il.

Sene Arsène a rappelé qu’après les inondations du 18 juin 2018, son organisation a salué les actions menées par l’État et la mairie de Cocody, dans la zone 5 fortement sinistrée. Il a cependant signifié que beaucoup reste encore à faire. Notamment le curage systématique de tous les canaux d’évacuation, mais également la destruction des constructions anarchiques sur les territoires.

Malgré les différentes alarmes, l’Office national de l’assainissement et du drainage (Onad) n’a honoré aucune de ses promesses. A ce propos, nous avons tenté de joindre l’organisation, qui a promis de répondre à notre préoccupation concernant, l’achèvement des travaux d’assainissement qui ont commencé en amont. 

MARIE-ADELE DJIDJE