Protection de l’enfance: Le centre ‘’Sauvetage’’, une initiative à soutenir

Protection de l’enfance: Le centre ‘’Sauvetage’’, une initiative à soutenir

Eux, ils ne sont pas malades, ils ne sont pas non plus porteurs d’un handicap, mais ils sont internés dans ce centre pour apprendre à se faire confiance, à avoir l’estime de soi et oublier tous les traumatismes qu’ils ont dû subir avant leur admission dans ce centre.

En fait, au centre ‘’Sauvetage’’, le credo est de faire en sorte que les enfants dont l’âge varie de 6 à  8 ans, en situation de rue, abandonnés, ou victimes d’abus de toutes sortes.  Leur prise en charge constitue l’un des trois volets de l’action gouvernementale en matière de protection de l’enfant, notamment dans son volet « Resocialisation de l’enfant en situation de rue ».

En effet, dans le cadre précis de la protection de l’enfant, l’action du gouvernement via le ministère de la Femme, de la Famille et de l’Enfant se situe à trois niveaux. A savoir la protection de l’enfant  dit normal, l’assistance à l’enfant vivant avec un handicap et la resocialisation de l’enfant en situation de rue. Autant, dans son programme de gouvernement « Vivre Ensemble », le Président de la République, Alassane Ouattara, a accordé une place de choix à la promotion de la femme et à celle d’une société ivoirienne plus juste et égalitaire, autant cet engagement prend en compte la protection de l’enfant. 

C’est pourquoi un point d’honneur est fait à cette vulnérable frange de la population, notamment à travers divers programmes et avec l’appui inestimable des partenaires et des organisations de  la société civile. Parmi ces acteurs de protection des enfants, il faut compter avec des structures comme le centre ‘’Sauvetage’’ sis à Yopougon Toit-Rouge. « Sauvetage parce qu’ici, nous essayons de donner une seconde chance à l’enfant pour ensuite le réinsérer dans le tissu social. On les accueille à partir de 5 ou 8 ans », précise Mme Nancy Konan, coordinatrice de ce centre d’accueil.

Au centre ‘’Sauvetage’’ sont internés des enfants égarés, abandonnés, des migrants, des marginalisés, des victimes d’abus de toutes sortes et ceux qui ont fui la cellule familiale biologique, parce que maltraités, exploités ou manquant d’affection, pour se réfugier dans la rue. Ce mardi, lors de notre passage dans ce centre, ce sont 14 enfants (5 filles et 9 garçons) qui nous ont accueillie, en pleine séance de causerie avec l’un de  leurs encadreurs, Jean-Lopez Kouao, éducateur préscolaire de formation et responsable des recherches de familles, médiation, réinsertion familiale et suivi dans ledit centre.

Il fait donc partie de l’équipe de Mme Nancy Konan composée de Isaac Coulibaly (juriste), Michelle Kodjo (agent de protection de l’enfance en difficulté), Koffi Kouassi Koko, assistant social, Kouamé Ella, Clément Yao (responsable du volet socio-éducatif), Fatoumata Koné (assistante médicale) et Ludovic Manoua (psychologue). Assistée de Ella Kouamé, Nancy Konan planifie, supervise, coordonne toutes les activités du centre.

Elle s’occupe également de l’accueil et de l’hébergement des pensionnaires. « L’enfant vient de la rue. Il a perdu tout repère. Il est apeuré. La première chose à faire quand il arrive ici, c’est de  le rassurer et le remettre en confiance. Nous lui remettons un kit d’hébergement et des vêtements de rechange. Ils sont référés au centre par l’entremise des structures étatiques, des commissariats, de la gendarmerie, des centres sociaux, du service de protection judiciaire de l’enfance et de la jeunesse –Spjej-», précise la coordinatrice.

L’équipe de Sauvetage n’attend pas seulement les enfants qui lui sont référés. Elle organise des actions de rue pendant la nuit (une sorte de patrouille) pour faire la sensibilisation auprès des enfants errant dans les rues. « C’est pourquoi, on prend le temps de l’écouter et l’amener à fournir des informations sur sa vie pour nous permettre de faire des recherches de répondant ou de famille », affirme l’assistant social.

Une fois des indices fournis par l’enfant, toute l’équipe se met en branle sur le terrain pour la recherche de répondant et pour essayer de comprendre la cause de la rupture avec la famille. Après la remise de kit d’hébergement, Mme Fatoumata Koné, l’assistance médicale, convoie le nouveau pensionnaire dans un hôpital en partenariat avec le centre pour une visite médicale systématique. « Les enfants nous viennent de tous les horizons. On leur fait faire un bilan de santé pour détecter d’éventuelles maladies. Par ailleurs, le centre dispose d’une boîte à pharmacie qui contient des médicaments de première nécessité », soutient l’assistante médicale.

Plusieurs activités meublent la journée des pensionnaires du centre Sauvetage. « Nous faisons ce qu’on appelle dans le jargon la pédagogie par situation. Nous animons des causeries à thèmes chaque jour avec eux. On ne donne pas des cours formels comme cela se fait dans l’enseignement classique. Nous faisons en sorte que ceux qui veulent retourner à l’école normale puisse le faire. En sortant du centre, l’enfant a un projet de vie : soit retourner à l’école, soit aller apprendre un métier », ajoute Jean Lopez, avant de relever que l’année dernière, 159 mineurs ont été pris en charge dans le cadre du projet ‘’alternative à la migration irrégulière pour les jeunes et enfants en Côte d’Ivoire (Amici).

Pour accomplir toutes ces tâches pour ‘’sauver’’ les enfants de la rue, Nancy Konan et son équipe n’ont que leur volonté et leur amour pour les enfants. Quelques partenaires au développement et des personnes de bonne volonté les soutiennent par moments, mais leur cri du cœur reste retentissant : « Nous avons besoin de soutiens en vivres » pour mieux prendre en charge les pensionnaires. Ils seraient plus efficaces dans les recherches et médiations, si le centre disposait d’un véhicule de liaison.

GERMAINE BONI