Méthodes contraceptives : Des prestataires de santé freinent l’adhésion des jeunes, déplore une responsable d’Ong

Mme Toualy Dorohtée, présidente de l'Ong Renaissance Santé Bouaké
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Méthodes contraceptives : Des prestataires de santé freinent l’adhésion des jeunes, déplore une responsable d’Ong

Méthodes contraceptives : Des prestataires de santé freinent  l’adhésion des jeunes, déplore  une responsable d’Ong


Alors que le gouvernement ivoirien multiplie les campagnes de sensibilisation pour éviter les grossesses en milieu scolaire « Zéro grossesse en milieu scolaire », Mme Toualy Dorothé, présidente de l’Ong Santé Renaissance de Bouaké dit ne pas comprendre l’attitude de certains prestataires de santé. Ces derniers, « à cause de leur conviction,découragent les jeunes adhérentesaux méthodes contraceptives ». Entretien


Qu’est ce qui justifie la faible mobilisation des jeunes, en particulier des jeunes filles  dans les structures spécialisées dans la Planification familiale ?

Dans le cadre de nos activités, plusieurs campagnes de sensibilisation sont menées. Mais ce que nous avons constaté est que ces  campagnes sont souvent détournées par les prestataires  de santé. Un exemple : Une jeune adolescente de 16 ans  a été chassée par un prestataire de santé  dans un centre spécialisé dans la distribution des méthodes contraceptives. Et ce, sous prétexte qu’elle est encore  jeune. En effet, certains prestataires de santé utilisent leur conviction ou valeur personnelle pour  freiner les jeunes filles motivées à éviter les grossesses précoces. Et ce, sans toutefois penser au droit des femmes…

Heureusement que le Partenariat de Ouagadougou(Ndlr. coalition de 9 pays de l’Afrique de l'ouest qui reconnaissent la nécessité d'investir dans la Planification familiale),  prévoit  la formation des prestataires. Car nous croyons que seule une bonne formation pourra réduire toutes ces frustrations.


Quelle a été la réaction de la jeune fille refoulée du centre?

« Tantie, j’ai déjà mon gars(Ndlr. petit ami) et je ne veux pas tomber enceinte. En tout cas pas maintenant. » , a-t-elle plaidé.  Cette jeune fille qui était sexuellement active était âgée de  16 ans. Avec cette mauvaise expérience, son témoignage pourrait décourager son entourage ou les filles de son âge,désireuses également de souscrire aux services de la planification familiale…Ainsi, plusieurs autres  adolescentes  vont se détourner de cette méthode.


Les difficultés  au cours de vos activités ?

Lors d’une  de nos campagnes  de sensibilisation à l’usage des méthodes contraceptives  à Dabakala,(située au nord de la Côte d’Ivoire) nous avons été confronté à la rupture de stocks de préservatifs… Après la sensibilisation sur les bienfaits des méthodes contraceptives, les femmes, mobilisées et intéressées par les bienfaits de l’espacement des naissances, accouraient pour souscrire à une méthode. Mais, bon nombre d’entre elles sont reparties insatisfaites, à cause de  la rupture du stock des  contraceptives.

Depuis combien d’années œuvrez  vous dans la planification familiale ?


Nous sommes aux activités depuis 2008. Cela fait donc 7 ans  en 2015 .


Justifiez le contexte qui a favorisé la création de votre Ong

Nous sommes l’un des leaders engagé dans la lutte contre le  Vih/Sida. Quand on sait que la combinaison Sida/grossesse est un risque, alors nous déduisons que  sida/ grossesse rapprochée, est encore un double risque. Il était donc  important d’intégrer à nos activités  le service de la planification familiale dans notre centre. L’objectif visé   est d’éviter que les femmes  qui fréquentent notre centre soient dispersées et prennent le risque  de dévoiler leur statut sérologique à plusieurs  centres. Nous avons donc voulu éviter les risques et les mettre en confiance.

Isabelle Somian

Isabelle.somian@fratmat.info

Propos recueillis à Ouagadougou