Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan: Ces bébés qui purgent la peine de leur mère

à l’intérieur de cette cellule, se trouvent les mères et leurs enfants.
à l’intérieur de cette cellule, se trouvent les mères et leurs enfants.
u00e0 lu2019intu00e9rieur de cette cellule, se trouvent les mu00e8res et leurs enfants.

Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan: Ces bébés qui purgent la peine de leur mère

Marie est née le jeudi 26 septembre, à 13 heures, à la maternité de Wassakara, dans la commune de Yopougon. Seulement, trois heures après sa naissance, elle doit regagner la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca) où elle va séjourner en compagnie de sa génitrice, Guéi Laeticia, incarcérée suite à l’assassinat de son mari, alors qu’elle était enceinte. Sans le vouloir, sans savoir et sans avoir la capacité de commettre un acte susceptible de la conduire en prison, Marie va passer ses premiers jours, semaines et même mois à la Maca. Où personne ne résiste aux odeurs nauséabondes qui se dégagent des cellules mal entretenues et exiguës.

Nous sommes au «Quartier femmes, mères et mineures» du bâtiment des femmes. L’entrée brusque des visiteurs de ce vendredi 27 septembre n’a aucune incidence sur la sérénité du bébé, encore moins sur celle de sa mère. «Ma fille restera avec moi jusqu’à ma libération », répond Guéi Laeticia, à la question de savoir si elle va confier le bébé à ses parents.

Comme Marie, dix autres enfants dont l’âge varie de 0 à 3 ans séjournent à la Maca. «  Lorsqu’on me condamnait, mes filles avaient quatre mois», soutient Aminata, mère de jumelles. Au départ, les enfants vivaient hors de la prison, mais l’absence de leur mère à leurs côtés les rendait toujours malades, explique une surveillante.

Quand le lien affectif prend le dessus

Devant le bâtiment principal des femmes, Dabiré Irène, deux ans, marche aux côtés de sa mère, détenue depuis 16 mois. Irène vit depuis l’âge de huit mois à la Maca.

Selon Mme Ouattara Bintou, inspecteur d’éducation spécialisée au service social de la Maca, « le lien affectif est tellement fort entre les détenues et leurs enfants qu’elles refusent parfois qu’on les sorte de la prison pour les envoyer à l’hôpital, en cas de maladie ou pour les scolariser ». Elle soutient qu’il est plus facile pour les mères de rester en prison avec leurs enfants plutôt que de les laisser dehors. L’administration pénitentiaire, elle, insiste sur le fait qu’elle recommande toujours aux détenues de laisser leurs enfants dehors. Un vœu qui ne trouve pas toujours une oreille attentive.

A en croire Mme Ouattara Bintou, ces femmes insistent pour rester avec leurs enfants parce que très souvent, leurs peines ne sont pas longues et en plus, elles reçoivent une bonne part des dons qui sont faits aux détenus, à cause de leurs enfants.

Jules Claver AKA