Lutte contre les médicaments de rue : Plus de deux tonnes de produits pharmaceutiques prohibés saisis

Lutte contre les médicaments de rue : Plus de deux tonnes de produits pharmaceutiques prohibés saisis

Il ne serait pas du tout excessif de pousser un ouf de soulagement après l’excellente saisie opérée dans la matinée d’hier, dans les environs de la mairie d’Abobo. Plus de deux tonnes de produits pharmaceutiques prohibés ont été sortis d’un entrepôt clandestin. Cette belle opération a été possible grâce aux efforts conjugués de l’équipe du docteur Rachel Duncan, directeur du médicament et de la pharmacie au ministère de la Santé et de l’hygiène publique et celle de la Direction de la police des stupéfiants et des drogues (Dpsd). Qui procédaient ainsi à un ratissage après le passage des éléments de la grande opération « épervier dans la commune ».

Tout a commencé autour de 9h 30, lorsque les collaborateurs du ministre Aka Aouélé et les journalistes invités pour l’opération arrivent dans les locaux de la mairie d’Abobo. L’attente se fait un peu longue sous cette pluie matinale. De plus, il n’y a aucune information sur le  déroulé de la mission. Toutefois, deux dames en blue jeans dont l’une porte une casquette, sont actives au téléphone et font des allées et venues. Elles soufflent des mots au docteur Rachel Duncan et à sa collègue Marie-Josèphe Bitty, directeur des établissements et professions sanitaires.

Au bout d’un moment, le top départ est donné et c’est en ce moment que nous sommes informés de l’identité des deux dames au téléphone. Elles sont commissaires de police en service à la Dpsd. L’équipe se dirige à l’intérieur du marché situé non loin de la mairie. A quelques mètres de la voie principale, un petit stock de médicaments de rue est visible. Sur place, les autorités sanitaires expliquent que ces produits ont été saisis  lors d’une opération menée dans la zone. « Une partie a déjà été ramassée », rassure docteur Duncan. Néanmoins, personne ne semble satisfait de la moisson visiblement maigre, même si le principe est de débarrasser tous les marchés de ces produits de la mort.

Entrepôts… de la mort

Nos deux flics qui ne démordent pas, sont encore au téléphone. Cette fois, le cortège est conduit en face de l’entrée principale de la mairie, de l’autre côté de la rue. La ruelle, entre une papeterie de fortune et des toilettes publiques et entre des étals de commerçants,  nous conduit, cette fois, à ce que docteur Rachel Duncan a appelé le jackpot. Dans le couloir, des magasins avec une devanture sale, remplie d’objets divers. La couleur sombre rappelle étrangement des cuisines de feu de bois. Bref, ce décor crasseux cache pourtant des fortunes…hélas de la mort. Sur place, un impressionnant dispositif policier en tenue civile est à l’œuvre. A l’aide de pieds de biche et autres burins, les flics démontent les portes des magasins. A l’intérieur, de grands casiers construits avec du matériel de fortune sont remplis de différents types de médicaments. « Vous avez ici des antibiotiques, des médicaments de paludisme, des produits pour la virilité sexuelle, d’autres pour grossir des parties du corps humain et même du petit matériel médical… », indique Dr Rachel Duncan.
Qui précise que tous ces produits sont de provenance douteuse avec des qualités qui ne répondent pas aux normes prescrites. Les entrepôts sont vidés de leur contenu. 2,5 tonnes de produits en sortent. Selon l’initiatrice de l’opération, la répression des trafiquants de faux médicaments se fait sur instruction du ministre Aka Aouélé, qui a décidé de mettre en œuvre en Côte d’Ivoire, la convention médicrime signée à Genève et qui criminalise les délits de trafics et de ventes de médicaments hors du circuit normal. Malheureusement, l’opération d’hier n’a pas permis de mettre la main sur les propriétaires de cette « pharmacie de la mort ».

Dans la même veine, la clinique « société médicale schekina » située aux quatre étages, un sous quartier de la même commune d’Abobo, a vu son matériel vidé et ses entrées mises sous scellées. En fait, il avait été fait injonction à ce centre médical de fermer et de se mettre à jour, parce que ne répondant pas aux normes réglementaires. Mais au passage inopiné des contrôleurs vendredi, l’établissement était fonctionnel, bien qu’affichant une devanture de chantier. Marie-Josèphe Bitty, directeur des établissements et professions sanitaires, a ordonné la fermeture de la clinique et la confiscation du matériel.

Marc Yevou